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Testament Phonographe

Titel: Testament Phonographe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Léo Ferré
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Christie…
    Christi e
    Je fais tes bars américain s
    Et je mets tes squales en laiss e
    La Mort aboie dessous mon bie n
    Elle nous laissera son adress e
    Christi e
    Je suis triste comme un paque t
    Sémaphorant à la consign e
    Quand donnera-t-on le ticke t
    À cet employé de la guign e
    Pour que nous partions dans l’hive r
    Des brebis mortes au vent qui bêle
    Manger du toc sous les feux vert s
    Que la mer allume sous ell e
    Avec des yeux d’habitants louche s
    Qui nagent dur dedans l’espoi r
    Beaux yeux de nuit comme des bouche s
    Qui regardent des baisers noir s
    Christie… Christie…
    Christi e
    Christie quand tu viens de la me r
    Tu m’envoies ton odeur genièvr e
    Ça bêle dur dans ce déser t
    Les moutons broutent sous tes lèvre s
    Christi e
    Et ta houle les entretien t
    Leur laine tricote du larg e
    De quoi vêtir les yeux marin s
    Qui dans tes vieux songes déchargen t
    Ô lavandière du jusan t
    Les galets mouillés que tu laisse s
    J’y vois comme des culs d’enfant s
    Qui dessalent tant que tu baisse s
    Il frôle un peu de l’horizo n
    Ta parallèle à peu près joint e
    Il suinte un peu de ta maiso n
    Ta lumière qui s’est éteint e
    Christie… Christie…
    Christi e
    Christie ça sent le poivre dou x
    Quand ton crépuscule pommad e
    Et que j’enflamme l’amado u
    Pour mieux brûler ta chair malad e
    Christi e
    Ô ma frégate du palie r
    Sur l’océan des hachélème s
    Ta voilure est dans l’escalie r
    Reviens vite que je t’emblèm e
    Toi dont l’étoile fait de l’œi l
    À ces astronomes qu’escorten t
    Des équations dans leur fauteui l
    À regarder des flammes morte s
    La galaxie a pris le deui l
    Depuis que ton étoile chant e
    Et que dans le fond de ton œi l
    Toute l’Espagne se lament e
    Christie… Christie…

 

    Illustration de Steinlen

LES AMANTS TRISTES
    On dit dans ton quartier que tu as froid aux yeu x
    Que t’y mets des fichus de bandes dessinée s
    Et que les gens te lisent un peu comme tu veu x
    Tu leur fais avaler tes monts et tes vallée s
     
    Tu es aux carrefours avec le rouge mi s
    On y attend du vert de tes vertes prairie s
    Alors que j’ai fauché ce matin dans ton li t
    De quoi nourrir l’hiver et ma mélancoli e
     
    Mélancolie mélancolie la mer revien t
    Je t’attends sur le quai avec tes bateaux blême s
    Tes poissons d’argent bleu tes paniers ton desti n
    Et mes mouettes dans tes cris comme une traîn e
     
    Je connais une femme lubrique à Pari s
    Qui mange mes syllabes et me les rend indemne s
    Avec de la musique autour qui me souri t
    Demain je lui dirai des hiboux qui s’envolen t
    J’en connais dans ma nuit qui n’ont pas de fourrur e
    Qui crèvent doucement de froid dans l’antarctiqu e
    De cette négation d’aimer au bout de l’ombr e
    Mes oiseaux font de l’ombre en plein minuit néo n
    Sous les verts plébiscite s
     
    Tu connais une femme lubrique à Mosco u
    Qui mange tes syllabes et les met dans ton bortc h
    Il connaît une femme lubrique à Péki n
    Qui mange sa muraille et la donne au Part i
    Demain nous leur dirons des hiboux qui s’envolen t
    J’en connais dans leur nuit qui n’ont plus de jaquett e
    Qui crèvent doucement de froid sous leur casquett e
    Avec leurs beaux yeux d’or mêlés du Palomar là-ba s
    Vers les voix de la nuit des étoiles perdue s
    J’entends des sons lointains qui cherchent des caresse s
    Et dans les faits divers là-bas ça s’exaspèr e
    Et ça tue le chagrin comme on tue la flicaill e
    Au coin d’un vieux soleil exténué des glace s
     
    Mélancolie Mélancolie la mer se calm e
    Je vois monter partout des filles et des palme s
    Avec des fruits huilés dans la fente alangui e
    Les matelots me font des signes de fortun e
    Ils se noient dans le sang du soleil descendan t
    Vers l’Ouest toujours à l’Ouest Western de carton-pât e
    Le dentifrice dans la nuit se tient au ros e
    Un néon de misère emprunté à tes yeu x
     
    Viens je t’emmènerai là-bas vers les grands astre s
    Dans le désastre du matin ou chez Renaul t
    Voir comment l’on fabrique un chef et des auto s
    Voir la pitié grandir sur des croix qui s’enchristen t
     
    Je t’aimerai sur la chaussée et son collan t
    Ton goudron j’y prendrai le suc de mes cavale s
    J’aurai l’air d’un roi nègre tu mettras a la moell e
    Où je glouglouterai repu ton sentimen t
     
    Ton sentiment a le goût de gazell e
    Ton ventre n’est qu’un champ de lavande à mid i
    Et mon couteau qui crisse en y fauchant ma mi

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