Testament Phonographe
gargouilles qui se courbent dans leurs nid s
Capitale du sexe à l’approche lunair e
Les conseillers municipaux de pauvre cie l
Exhumant un or pâle à l’étoile polair e
Et refroidissent pour un temps leur personne l
Ce matin j’ai porté ma raison chez ma tant e
Mon cœur en a de trop cette putain l’a v u
J’ai des bandes velpeau qui lui bâchent la fent e
Et des croûtes d’amour qu’elle n’a jamais sue s
Mon cœur cet esquimau que la pendule honor e
Et qui fond peu à peu au tic tac amica l
Me fait passer le temps de l’entr’acte et encore…
Au cinéma du ventricule je suis ma l
Je suis un vieux Chaplin désossé sous la frim e
Un vrai avec des pieds troués par tant de croi x
Un clown qui se fait rire à lui seul et sublim e
Une envie de pleurer avec n’importe quo i
Je ris au nez des deuils et pleure sous les taxe s
Entre un chien à l’étroit et deux francs de crachat s
Mes psaumes ratissés ont perdu la syntax e
Qui va moralisant des vertus qu’on n’a pa s
Je chante sur les fils où les oiseaux s’épaten t
De serrer leur poitrine à même mes chanson s
Et si je perds la boule ils me tendent leurs patte s
Afin de me garder là-haut dans leur maiso n
Rossignol de mes deux mon archet t’égalis e
Et draine sur ta voix un contrepoint fameu x
À faire éternuer les cons qui dévalisen t
La gamme exténuée en musiquant un pe u
L’orgue m’a fait du pied l’autre jour à la mess e
Un sacré ripaton… je boite depuis lor s
Et mes pas inégaux me font dire qui est-ce ?
« C’est l’amant du silence » a dit le croque-mor t
ET DEPUIS CE TEMPS-LA JE CHANTE COMME UN PIE D
Dessin de Pisanello
À MON ENTERREMENT
À mon enterrement j’aurai des chevaux bleu s
Des dingues et des Pop aux sabots de guitar e
Des chevaux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeu x
Hennissant des chansons de nuit quand y’ en a marr e
J’aurai des môme s de passe, ceux que j’ai pas fini s
Des filles de douze ans qui gonflent sous l’outrag e
Des chinoises des russes des nordiques remplie s
Des rues décapitées par des girls de passag e
À mon enterremen t
Et je ferai l’amour avec le croque-mor t
Avec sa tête d’ange et ses dix-huit automne s
Douze pour la vertu et six mourant au por t
Quand son navire mouillera comme une aumôn e
À mon enterrement j’aurai un cœur de fe r
Et me suivrai tout seul sur le dernier bitum e
Lâchant mon ombre enfin pour me mettre en enfe r
Dans le dernier taxi tapinant dans la brum e
À mon enterremen t
Comme un pendu tout sec perforé de corbeau x
À mon enterrement je gueulerai quand mêm e
J’aurai l’ordinateur facile avec les mot s
Des cartes perforées me perforant le thèm e
Je mettrai en chanson la tristesse du ven t
Quand il vient s’affaler sur la gueule des pierre s
La nausée de la mer quand revient le jusan t
Et qu’il faut de nouveau descendre et puis se tair e
À mon enterremen t
À mon enterrement je ne veux que des mort s
Des rossignols sans voix des chagrins littéraire s
Des peintres sans couleurs des acteurs sans déco r
Des silences sans bruits des soleils sans lumièr e
Je veux du noir partout à me crever les yeu x
Et n’avoir jamais plus qu’une idée de voyanc e
Sous l’œil indifférent du regard le plus creu x
Dans la dernière métaphore de l’offens e
À mon enterremen t
L’anarchie est la formulation politique du désespoir
L’anarchie est la formulation politique du désespoir. L’anarchie n’est pas un fait de solitaire ; le désespoir non plus. Ce sont les autres qui nous informent sur notre destinée. Ce sont les autres qui nous font, qui nous détruisent. Avec les autres on est un autre. Alors, nous détruisons les autres, et, ce faisant, c’est nous-même que nous détruisons. Cela a été dit ; il importe que cela soit redit. Le Christ, le péché, le malheur, le riche, le pauvre… nous vivons embrigadés par des idées-mots. Nous sommes des conceptuels, des abstraits, rien. Une morale de l’anarchie ne peut se concevoir que dans le refus. C’est en refusant que nous créons. C’est en refusant que nous nous mettons dans une situation d’attente, et le taux d’agressivité que recèle notre prise de position, notre négativité, est la mesure même de l’agressivité inverse : tout est fonction des pôles. Nous sommes de l’électricité consciente ou que nous croyons
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