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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Théodoric, quand ils ne le complimentèrent pas ouvertement.
    Certains, il ne faut pas se le cacher, se sentirent tout de
même outragés. Ces terres confisquées par Odoacre avaient été offertes en
cadeau à ses amis et courtisans. Ces derniers vouaient bien entendu un lourd
ressentiment à Théodoric de les avoir arrachées à leur emprise pour les
redistribuer à d’autres. Plusieurs occupaient d’importantes fonctions
administratives, de Rome à Ravenne et jusque dans les plus lointaines
provinces, et pour telle ou telle raison, ils se virent confirmés dans leurs
charges. Ayant gardé une certaine influence, ils ne se privèrent pas de
l’utiliser au détriment de Théodoric.
    Les membres du Sénat, autant le préciser tout de suite,
n’étaient pas au rang des mécontents. Certains d’entre eux, c’est vrai,
haïssaient par principe les étrangers, mais tous avaient à cœur de défendre les
intérêts de Rome et il s’en trouva un certain nombre, comme Festus, pour
collaborer dès le début de son règne avec le nouveau détenteur du pouvoir. De
toute façon, nul n’aurait souhaité risquer de passer pour avide ou mesquin en
allant pleurnicher pour une simple « spoliation de biens ». Le Sénat
était alors, et il l’est toujours, une assemblée de vieillards issus des plus
grandes familles romaines, or nulle famille patricienne ne se fut abaissée à
pareille indignité. Il est vrai que pour la plupart d’entre elles, la perte
d’un tiers de leurs terres ne pouvait être une bien grande souffrance. Pour un
peu, certaines ne l’auraient même pas remarqué.
    En revanche, d’autres qui avaient généreusement bénéficié
des faveurs d’Odoacre, l’avaient soutenu le cœur léger. Parmi eux l’Église
catholique et ses clercs de haut rang, soigneusement épargnés par Odoacre lors
des confiscations de terres. Dès que Théodoric eut entamé leur distribution
entre ses soldats, beaucoup se mirent à trembler dans leurs chasubles,
persuadés qu’un « méprisable arien » se saisirait avec une vindicte
jubilatoire des terres de l’Église et de leurs biens personnels. Le bruit
courait d’ailleurs, de manière insistante, que le pape de Rome Félix III
était mort d’une crise d’apoplexie à cause de cette appréhension. Mais comme
Odoacre avant lui, Théodoric se garda de toucher aux propriétés de l’Église.
Cela ne diminua en rien l’exécration des clercs à son égard, et ces mêmes
évêques et prêtres qui avaient couvert leur frère catholique Odoacre d’élogieux hosannas pour avoir « respecté la sainteté » de leurs
possessions assuraient maintenant que l’arien Théodoric n’osait lever la main
sur eux, qu’il n’était qu’une poule mouillée et un méprisable ennemi. En tout
cas, et quelle qu’en fût la cause, le pape Félix tomba raide mort. Il fut
remplacé par un vieillard hargneux nommé Gélase I er , qui
occasionna à Théodoric une nouvelle vexation.
    — Le pape Gélase, notre Saint Pontife, si vous
préférez, est loin d’être en odeur de sainteté à Constantinople, expliqua le
sénateur Festus.
    Ce dernier venait de rentrer de sa mission et à peine
introduit devant Théodoric, avait commencé par ces mots. Rassemblés dans la
pièce, nous le regardions tous, stupéfaits.
    — Que voulez-vous que ça me fasse, par Pluton ?
demanda sèchement Théodoric. Vous vous êtes rendu sur place pour obtenir de
l’empereur une reconnaissance de mon pouvoir légitime, ce me semble.
L’avez-vous eue ?
    — Non, fit simplement Festus. Je pensais faire preuve
de diplomatie en vous expliquant dès l’abord pourquoi Anastase s’y est refusé.
    — Il s’y est refusé ?
    — Tout du moins… il en a suspendu l’acceptation. Il
argue que si vous n’êtes même pas en mesure de réfréner les mauvaises manières
d’un évêque raisonneur, c’est que vous ne contrôlez pas suffisamment vos
nouveaux sujets, et que…
    — Sénateur, coupa Théodoric d’un ton glacial. Épargnez-moi
vos effets de manche et rengainez votre diplomatie. Je me sens soudain d’une
patience extrêmement limitée.
    Festus se mit à parler beaucoup plus vite.
    — Il semble que la première initiative de Gélase en
tant que pape ait été de critiquer son homologue de Constantinople, le
patriarche Akakiós. Cette nouvelle est arrivée là-bas alors que je m’y
trouvais. Le pape Gélase a l’air d’estimer que le patriarche n’a jamais réprimé
avec une

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