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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pas vu un seul qui soit aussi repoussant que vous.
    Il fit résonner son rire de pierre tombale.
    — Toute ma vie j’ai été affreux… À l’heure qu’il est,
j’ai entendu plus de railleries, de quolibets et d’insultes que tu ne pourras
jamais m’en lancer. Alors un conseil, garde ton souffle pour quand il te faudra
crier : « Au viol ! »
    — Une princesse ne crie pas, lâchai-je, tâchant de
faire preuve d’autant de hauteur et de morgue qu’une véritable altesse. Quand
on crie, il est impossible d’exprimer tout le dégoût, le mépris et le dédain
qu’on ressent. C’est donc en mots mesurés que je m’exprimerai, Strabo. Vous
attendez de mon frère des concessions, une soumission, une rançon, bref quelque
chose. Vous devez être conscient qu’il ne paiera pas pour des biens souillés.
    —  Vái ! Il aura payé avant de savoir. Il se
pourrait bien, d’ailleurs, qu’il accorde peu d’importance à ces prétendus
dommages, quand il saura exactement comment s’est déroulée la chose.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Rappelle-toi qu’il n’est qu’un prétendant mineur à la
royauté. Plus d’un roi véritable se flatterait d’allouer une de ses sœurs ou de
ses filles à un monarque plus puissant que lui. Si ça se trouve, ton tetzte de frère songe depuis déjà longtemps, en échange d’une quelconque
reconnaissance de ses prétentions, à me faire cadeau de toi, comme concubine ou
comme épouse !
    J’en doutais sérieusement, mais par curiosité, je lui
demandai :
    — Et pourquoi donc, vieil homme, désireriez-vous une
jeune femme qui vous trouve repoussant et détestable ?
    — Tout simplement parce que je n’éprouve rien de tel à
ton égard, fit-il assez calmement. L’instant d’après, il abandonna toute
mesure. Il éleva une main énorme, agrippa sans ménagement le col de ma blouse,
la tira violemment en arrière, et me débarrassa d’un seul geste de la fine robe
blanche d’Amalamena. Dessous, je ne portais que la chaîne aux amulettes, le
strophion relevant ma poitrine, et la bande décorative enserrant mes hanches.
Il dodelina de la tête de gauche à droite, cherchant à m’évaluer du visage au
fondement, d’abord d’un œil, puis de l’autre. Au bout d’un moment, il reprit, à
nouveau plus calme :
    —  Ne, je ne te trouve pas du tout repoussante.
Pas assez plantureuse à mon goût, certes, mais je parviendrai bien à te faire
engraisser un petit peu, en y mettant le temps. Et puis, foin de ces
bavardages. Fais-moi voir le reste. Ou préfères-tu que je fasse tout
moi-même ?
    Ma colère était telle, et le sentiment d’outrage ressenti si
violent, que je fus à deux doigts d’arracher brutalement ce dernier rempart de
tissu, ne fût-ce que pour éberluer cette brute du spectacle d’un être possédant
non seulement deux seins féminins, mais aussi un membre viril, et jouir de son
embarras. Mais le bon sens m’ayant vite suggéré que sa réaction serait
probablement de m’abattre sur-le-champ, je me contins, et n’ôtai que le
strophion.
    — Pas très replette, effectivement, insista-t-il. Mais
ma foi, le charme juvénile a du bon. Et puis, ça grossira quand tu seras
enceinte.
    Il commença nonchalamment à ôter ses vêtements, et je me
contentai de le foudroyer d’un regard peu amène. Il poursuivit :
    —  Ne, je ne te trouve vraiment pas repoussante,
et vois-tu, je n’ai pas d’autres femmes ou concubines actuellement. Toutes
celles qui t’ont précédée sont mortes sans me donner de rejeton mâle, à
l’exception de ce fils à tête de poisson, Recitach, que tu as rencontré.
L’empereur Zénon croit du reste qu’en détenant cet otage, il s’assurera de ma
bonne conduite. Vái ! Bienheureux les naïfs ! Mais tu es
encore jeune. Pas plus vieille que Recitach, je suppose. Tu pourras sans doute
me donner un héritier un peu plus respectable. Et ainsi, vois-tu, nous serons
indissolublement liés.
    — Le ciel m’en défende, fis-je, tâchant de conserver un
ton aussi ferme que glacé. Imaginez que cet enfant s’avère aussi contrefait que
vous. Recitach a bien une tête de poisson, mais il ne ressemble en rien à un
crapaud avec…
    Vlam ! Sa main vola de nouveau, et je retombai
soudain sur ma couche, sonné, la moitié du visage en feu.
    — Je t’ai déjà dit, gamine, de ne pas gaspiller ta
salive en futiles insultes. Utilise plutôt ta bouche à cracher copieusement
dans ta main, et à humidifier tes

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