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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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bien-être d’Amalamena valait bien le sacrifice d’un ou même plusieurs
scélérats de ce genre. Cependant, j’aurais préféré que mon épée fut baptisée du
sang d’un ennemi au combat.
    Comme on traînait l’homme à l’écart, l’ optio observa :
    — Je doute qu’il ait eu l’intention de déserter le camp
pour ramener le document à Constantinople. Il devait se douter que nous nous
lancerions à sa poursuite, et le rattraperions pour l’abattre. Je pense qu’il
voulait plutôt faire passer le parchemin à quelqu’un d’autre. Et s’il a différé
son vol jusqu’ici, c’est qu’il comptait rencontrer ce quelqu’un dans les
environs.
    — C’est aussi mon avis, murmurai-je. Et si
effectivement des ennemis rôdent, il vaudrait mieux ne pas moisir ici. Tiens,
regardez… justement, là-bas, la cosmeta khazar d’Amalamena est en train
de cueillir quelques fleurs pour sa maîtresse. (Et je notai avec satisfaction
qu’elle prenait grand soin de dissimuler son visage derrière le bouquet.) La
princesse doit donc être réveillée, je pense. Je ne la laisserai pas sortir
avant qu’elle ait pris quelque nourriture. Faites en sorte qu’hommes et bêtes
soient bien nourris également, et préparez la compagnie à prendre congé dès que
possible.
    J’expliquai tout à Amalamena tandis que nous nous
restaurions grâce au plateau que j’avais apporté dans ses quartiers… et mon
cœur bondit de joie de la voir manger d’aussi bon appétit.
    — J’aurais aimé demeurer ici plus longtemps,
déclara-t-elle. L’eau des thermes semble m’avoir fait un bien des plus
miraculeux. J’avais vraiment faim, ce matin. Mais vous l’avez fait remarquer,
nous avons une mission à accomplir. Je suis prête, et me sens assez forte pour
y faire face.
    — Alors hâtez-vous de revêtir votre tenue de princesse
pour la journée, fis-je. Mais ce soir, dès que nous installerons le campement,
remettez-vous en tenue de Swanilda.
    Je sortis le parchemin fraîchement retrouvé de sous ma
tunique.
    — Quant à moi, ce soir, je m’endormirai en le tenant
entre les dents.
    Dès que la troupe fut formée en ordre de marche, et que les
chevaux piaffèrent d’impatience, l ’optio redescendit la colonne jusqu’à
l’endroit où je chevauchais Velox, à côté de la carruca d’Amalamena, et
s’adressa à moi :
    — Il y a deux routes possibles à partir d’ici, Saio Thorn. Le traître abattu comptait que nous poursuivions celle par laquelle nous
sommes arrivés. Elle continue en direction du nord-ouest vers Naissus, jusqu’à
Singidunum.
    — Je vois ce que vous voulez dire. Aussi son
complice – ou la bande, voire l’armée complice – s’attendra de la
même façon à ce que nous quittions la ville par cette route. Merci de votre
observation, Daila. Et l’autre voie ?
    — Elle longe à partir d’ici la rivière Strymon [151] ,
et se dirige plus au nord, vers la ville de Serdica [152] .
    — Ah… C’est loin d’être sur notre route, constatai-je.
Mais nous allons tout de même partir dans cette direction, et la suivre jusqu’à
ce que nous nous soyons suffisamment éloignés. Nous essaierons ensuite de
trouver quelque part un embranchement vers l’ouest nous permettant de reprendre
le trajet initial. Maintenant, Daila, vous pouvez lancer la colonne.
     
    *
     
    Il semblait que nous fussions les seuls voyageurs, ce
jour-là, à avoir décidé d’emprunter la route longeant la rivière ; hormis
quelques troupeaux de moutons et de porcs, nous ne croisâmes ni ne dépassâmes
aucun convoi. Cela engendra en moi, ainsi que chez Daila, une vague sensation
de malaise quant à la sécurité prévalant sur cette portion de route.
    Ce qui m’inquiétait le plus, c’est qu’en quittant le chemin
le plus court vers Singidunum, nous nous écartions du trajet qu’avait emprunté
Swanilda avant nous. J’avais jusqu’alors pris soin, à chaque halte, d’effectuer
une petite enquête discrète. Aucun de ceux que j’avais interrogés n’avait le
souvenir d’avoir vu passer par là un cavalier de petite taille, de corpulence
mince et aux cheveux blonds ; je m’en étais réjoui, car en contrepartie,
nul n’avait eu vent d’un cavalier solitaire correspondant à cette description
qui aurait été attaqué, serait tombé malade ou se serait blessé par accident.
Je pouvais donc espérer que Swanilda avait au moins atteint Pautalia sans
encombre. Mais depuis que nous marchions dans ses

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