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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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d’eau.
    Il faisait frais.
    Des servantes ont déposé devant moi des plateaux chargés de fruits et de boissons.
    Il m’a fait signe de me servir.
    — Les Romains aiment boire et manger à toutes les heures du jour et de la nuit, a-t-il remarqué.
    Puis, écartant les mains, il a ajouté :
    — Je ne suis pas romain.
    Son attitude un peu hautaine, voire dédaigneuse, m’a irrité.
    — Les Romains savent faire la guerre, ai-je répliqué. Répétez-le à ceux qui imaginent les vaincre : aucun peuple n’a eu raison de Rome. Les Juifs connaîtront le sort des Gaulois, des Germains, des Bretons ou des Parthes.
    Ben Zacchari a baissé la tête et murmuré :
    — Je sais cela. Je l’ai dit. Le roi Agrippa l’a dit et je peux le répéter.
    Il s’est levé, m’a laissé quelques instants seul, puis est revenu avec un parchemin qu’il a déroulé.
    Il a commencé à lire le discours qu’Agrippa avait tenu à Jérusalem devant les prêtres et les habitants de la ville.
    — J’ai rédigé ce discours pour Agrippa. Il n’en a pas changé un mot. Aujourd’hui, je ne peux moi aussi que le redire tel que je l’ai composé.
    Debout, il en a commencé la lecture, et je me souviens parfaitement de ce texte qu’il prononça d’une voix sourde, comme si sa gorge était serrée par l’émotion :
    — « Mes frères, où sont vos armées, où sont vos forces ? Où sont les flottes capables de vous ouvrir le passage dans toutes les mers assujetties aux Romains ? Où, les trésors qui puissent suffire aux dépenses d’une entreprise aussi hardie ?… Vous me répondrez que la servitude est une chose bien rude, mais ne croyez-vous pas qu’elle doit être encore plus rude aux Grecs qui, croyant surpasser en noblesse tous les autres peuples et ayant étendu si loin leur domination, obéissent sans résistance aux magistrats que Rome leur donne… »
    Ben Zacchari s’est interrompu et m’a demandé :
    — Néron est toujours en Grèce, n’est-ce pas ? On m’assure qu’il a accordé leur liberté aux Grecs…
    Il a soupiré.
    — Mais les Grecs ont donné aux Romains leurs dieux, leur langue, leur pensée, leurs statues et leurs tragédies. Nous…
    Il a haussé les épaules et, ayant repris le manuscrit, s’est remis à lire. Il a évoqué le sort des Gaulois et des Carthaginois, annonciateur de défaite et de souffrances.
    — « Si vous ne pouvez résister à la passion de la guerre qui vous égare, déchirez donc de vos propres mains vos femmes et vos enfants, et réduisez en cendres tout ce beau pays… Et ne croyez pas pouvoir avoir recours à Dieu ! Comment pouvez-vous vous flatter de croire qu’il vous sera favorable, puisque lui seul a pu élever l’Empire romain à un tel comble de bonheur et de puissance… »
    Ben Zacchari s’est rassis.
    — J’ai écrit tout cela. Le roi Agrippa le leur a dit. Il a même ajouté : « Si vous suivez mon conseil, nous jouirons tous de la paix, mais si vous continuez à céder à la fureur qui vous agite, je ne suis pas décidé à m’engager avec vous dans les périls qu’il vous est facile d’éviter. »
    Ben Zacchari a levé les deux bras, la tête et le buste rejetés en arrière comme s’il avait voulu implorer ou même s’offrir en sacrifice. J’ai été ému par la douleur qui creusait son visage tout à coup amaigri, désespéré.
    Il a longuement prié, les yeux fermés, remuant à peine les lèvres. Lorsqu’il a baissé les bras, il m’a regardé, étonné, semblant me découvrir.
    Je me suis penché vers lui et l’ai interrogé sur l’accueil réservé à son discours.
    — La plupart des prêtres, a-t-il répondu, et toute la foule ont conspué Agrippa et sa sœur Bérénice, puis les plus enragés des sicaires et des zélotes ont commencé à les lapider, et les deux souverains ont dû fuir.
    Il a porté ses doigts entrecroisés à ses lèvres.
    — Agrippa et Bérénice ont rassemblé leurs troupes et ont gagné Ptolémaïs, où le général Flavius Vespasien vient d’arriver avec ses deux légions. Rome, comme toujours, va trouver des alliés parmi les peuples qu’elle combat.
    — Tu es l’un d’eux, Yohanna Ben Zacchari, ai-je avancé.
    Il a de nouveau fermé les yeux, puis murmuré :
    — Pour que mon peuple survive, qu’il retrouve au plus vite la paix, que notre avenir soit préservé, oui, je suis l’un d’eux.
     
    Un cri aigu a couvert le chant des oiseaux et des fontaines. Les cheveux et le

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