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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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visage ingénu et tendre et, un court instant, le jeune homme se sentit ému. Mais la crainte de s’engager fut la plus forte. Il ne pouvait se résoudre à se lier, à tout jamais, à une autre qu’à Paula von Linden. Elle seule méritait le don de toute sa vie.
    Et dès le lendemain, Maximilien fit part au roi Léopold de son intention de poursuivre son voyage.
    — Je dois encore visiter nos cousins de Hollande et du Hanovre, dit-il, assez gêné sous le regard sévère du roi. Ils m’attendent et je ne peux les décevoir.
    Léopold I er hocha la tête et s’obligea à garder le maintien impassible qui lui était habituel. Mais intérieurement, il avait bonne envie de corriger cet étourdi qui lui avait fait faire de grosses dépenses et qui n’avait même pas paru s’apercevoir de la présence de Charlotte. Pourtant, à Vienne, l’archiduchesse Sophie lui avait laissé entendre qu’elle avait sur la jeune fille des vues assez précises. Et ce benêt s’en allait…
    Tremblant de rage contenue, le roi répondit :
    — Soit. Voyez la Hollande et le Hanovre ! Un sage Habsbourg doit tout voir…
    Cela laissait encore une porte de sortie, une perche tendue au jeune archiduc. Il pouvait encore dire que, sitôt ces visites protocolaires terminées, reviendra. Mais non… Maximilien ne dit rien. Il prit gravement congé du père et de la fille, ainsi que de toute la famille, puis monta en voiture et s’éloigna sans se retourner.
    C’en était trop pour Charlotte. Avec un gémissement de désespoir, la jeune fille s’abattit dans les bras de son père et se mit à sangloter éperdument.
    — C’est fini mon père, c’est fini… Il s’en va. Je ne lui ai pas plu… Et moi, je l’aime, oh, vous ne savez pas que je l’aime !
    Doucement, le roi caressa les doux cheveux, jetant par-dessus la tête brune un regard de rancune vers la calèche franchissait là-bas les grilles de Laeken.
    — Il faut être raisonnable, Charlotte. Moi aussi, j’avais espéré… Mais tous ces Habsbourg sont instables, changeants. On ne peut savoir ce qu’ils pensent vraiment.
    — Oh moi je le sais, fit la jeune fille en pleurant de plus belle.  Il ne m’aime pas. Et c’est cela qui est terrible.
    Le roi n’ajouta rien. Il n’avait d’ailleurs rien à dire. Quels mots pouvaient être susceptibles de calmer un tel chagrin ?
    Pendant ce temps, Maximilien poursuivait sa route vers le nord avec la sensation d’avoir échappé à un grand danger. Cette petite Charlotte avait réellement un charme profond et promettait d’être une fort jolie femme. Et que ce regard plein d’amour avait donc de grâce !… Mais épouser, quand on aime ailleurs, une femme aussi follement éprise, est-ce que ce ne servit pas se mettre au cou la pire des chaînes ? Non, il avait agi sagement. Mieux valait partir, sans laisser .
    En Hollande Maximilien fit un séjour de tout repos. Pas la moindre princesse à marier. Pas même d’enfants. Une bien agréable détente, qu’il fallut cependant interrompre pour gagner le Hanovre. Là, les princesses ne manquaient pas, et notre voyageur se promit de bien mesurer ses paroles, ses sourires, et même ses regards, afin de ne pas faire naître de fâcheux espoirs dans d’autres cœurs féminins. Décidément, il se sentait de moins en moins fait pour le mariage.
    À Berlin cependant, il allait se passer quelque chose…
     
    Au palais royal, le bal battait son plein. Sur le parquet luisant de l’immense salle, les couples tournoyaient au rythme de la valse, entraînant dans leurs tourbillons les uniformes chamarrés des hommes et les immenses crinolines, couvertes de dentelles, des femmes.
    Debout sous le dais, auprès de son hôte, Maximilien regardait d’un œil distrait et ne parvenait pas à décider avec quelle princesse il allait se lancer dans la foule.
    Auprès de lui, sous le dais, le roi Frédéric-Guillaume IV sommeillait. La dégénérescence mentale qui allait bientôt l’écarter complètement du gouvernement commençait à être fort visible. Pour le moment, le monarque dormait avec application, totalement sourd aux flonflons de l’orchestre.
    Soudain, Maximilien tressaillit. Dans la foule il venait d’entrevoir, émergeant d’une robe de dentelles noires, de blanches épaules, un ravissant visage et des cheveux dorés sous un diadème de diamants. Son cœur se mit à battre plus vite. Cette femme… mais c’était celle qu’il regrettait tant, c’était Paula,

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