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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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quelle barbe ravissante !
    Ce jour-là, Mademoiselle de Steenhault, sa suivante, leva les yeux de sa broderie et sourit gentiment à la jeune fille :
    — Extraordinaire surtout, cette barbe. J’avoue que je n’en avais encore jamais vu de pareillement taillée. L’archiduc a une mode bien à lui.
    De fait, Maximilien avait longuement cherché avant de se décider pour la coupe de barbe qui était la sienne. Pour être sûr de ne pas tomber dans le commun, il avait imaginé de tracer une raie sur son menton et de partager la barbe en deux touffes égales qui se retroussaient coquettement vers les joues. Et comme cette barbe était d’un joli blond doré, l’ensemble formait un chef-d’œuvre auquel n’avait pas résisté le cœur sensible de la petite princesse belge, surtout quand on considérait le magnifique uniforme de la marine impériale qui servait de cadre au personnage.
    — Votre Altesse n’ignore pas le but réel du voyage du prince. L’archiduchesse sa mère souhaite vivement lui voir prendre femme au plus vite. Il fait le tour des princesses d’Europe… et jusqu’ici n’a rien trouvé.
    Charlotte devint toute rose de confusion, ce qui la rendit encore plus jolie. C’était réellement une charmante jeune fille. Elle était brune avec d’étranges yeux noir et vert, pointillés d’or, un teint de camélia, des traits fins et doux et la taille la plus fine qui se pût voir. Sans regarder sa compagne, elle se mit à tortiller les franges de sa ceinture.
    — Pensez-vous… ma bonne, que j’aie quelque chance de lui plaire ?
    Pour le coup Mademoiselle de Steenhault se mit à rire de bon cœur :
    — Qu’il vous regarde une fois, une seule, et je réponds que son cœur ne pourra demeurer insensible, mon ange, dit-elle tendrement. Je suis sûre que vous êtes l’une des plus jolies princesses d’Europe.
    Charlotte hocha la tête en soupirant :
    — On dit l’impératrice Élisabeth si belle qu’aucune autre femme ne peut lui être comparée.
    — Sans doute, mais l’impératrice est l’impératrice, et je ne crois pas qu’elle soit encore à marier. Et vous pouvez soutenir bien des comparaisons.
    Un peu rassérénée, Charlotte s’en alla choisir sa robe pour le bal du soir. Son père s’était montré extrêmement généreux et lui avait offert plusieurs toilettes en vue de la visite de l’archiduc. Charlotte avait une grave question à débattre : la préférerait-il en vert pâle ou en blanc ?
    Malheureusement pour elle, Maximilien ne la regarda pas. Il était de plus en plus pris par son nouveau métier de touriste impérial et quand il regardait une femme, c’était pour aussitôt la comparer mentalement à l’exquise comtesse von Linden… et la malheureuse s’effaçait aussitôt.
    Il n’en était pas moins enchanté de son séjour et envoyait chez lui force lettres dans lesquelles il s’étendait longuement sur les aspects du pays et de la cour.
    « La culture des fleurs dans ce pays est la plus belle que j’aie jamais vue. La cour est bien organisée. Dans toutes les villes, de superbes voitures m’attendaient. Par contre, l’ameublement des palais n’est pas beau. La banlieue de Laeken se glorifie de posséder une belle résidence, mais le palais royal de Bruxelles n’a même pas un escalier en pierre. Tout ici me semble construit en bois… »
    Autre sujet de lettre : sa cousine, l’archiduchesse Henriette, qui était maintenant duchesse de Brabant et avait renoncé, comme elle le faisait jeune fille à Vienne, à dételer les poneys des laitiers pour les enfourcher. Elle se consolait en engloutissant d’énormes quantités de nourriture qui lui faisaient une silhouette aussi large que haute.
    Si Maximilien avait pensé divertir les siens avec ces menus potins et ses descriptions, il se trompait. L’archiduchesse Sophie jugea qu’il se moquait d’elle, trempa sa plume dans son encre la plus acide et troussa pour son fils une de ces lettres dont elle avait le secret.
    « Après tout, écrivait l’archiduchesse, Henriette est casée et n’offre plus d’intérêt. Mais lui, Maximilien, s’était-il donné la peine de regarder la fille de Léopold ? Ou bien avait-il l’intention de devenir un mémorialiste de profession ? »
    Ainsi malmené, l’archiduc ouvrit les yeux et regarda Charlotte. Il vit qu’elle était, en effet, charmante et aussi qu’elle le contemplait avec des yeux extasiés. L’amour se lisait ouvertement sur ce

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