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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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défaites successives qu’elle essuyait trop fréquemment.
    Quelques jours après la sortie des presses de son livre, Jean-Salvator reçut l’ordre de quitter Vienne pour Linz. Le commandement de son régiment lui était retiré. Il recevait en échange le poste, subalterne, d’adjoint au général commandant l’infanterie de la Haute Autriche.
    Ce limogeage en règle accabla le jeune homme. Elle s’était préparé à une verte mercuriale, voire à une scène pénible dans le cabinet impérial qu’il connaissait si bien. Mais on préférait se débarrasser de lui comme d’un gêneur sans grande importance.
    — L’empereur a trouvé ce qui pouvait me touche le plus, confïa-t-il à Rodolphe. Il m’enterre dans trou de province ! Cela va être l’enlisement dans routine stupide.
    — Linz n’est pas au bout du monde, plaida Rodolphe, qui avait tenté vainement de fléchir son père et gardait le cuisant souvenir de la scène que n’avait pas eue Jean-Salvator. C’est entre Vienne et, tes terres du Salzkammergut. De toute façon, cela ne changera rien à nos projets et nous resterons en liaison constante.
    Les paroles de l’héritier rendirent son cousin moins malheureux. Il pouvait prendre son mal en patience. Après tout, un jour viendrait où l’empereur s’appellerait Rodolphe…
    Il y avait du vrai d’ailleurs dans ce que celui-ci disait. Linz le rapprochait de son château d’Orth, où vivait sa mère, l’endroit au monde qu’il préférait.
    Sur les bords du Traunsee, l’automne revêt toujours d’éclatantes couleurs sur l’or desquelles tranche le noir profond des grands sapins. Ce matin-là, le lac étincelait, bleu et lumineux sous les rayons clairs d’un soleil encore estival. Jean-Salvator, sorti à cheval de bonne heure, était bien décidé à profiter au maximum de cette glorieuse journée, d’autant que son séjour à Orth, auprès de sa mère, tirait à sa fin. Dans quelques jours, il retrouverait l’ennui pesant de Linz, mais c’était une idée qu’il préférait écarter.
    Au pas, laissant la bride sur le cou de son cheval, il suivit le chemin qui longeait le lac. De cet endroit, les trois châteaux d’Orth semblaient des demeures de rêve dans la légère brume matinale, mais celui des trois qu’il préférait, le château bâti dans le lac même, avait l’air d’un navire aux voiles gonflées qui tire sur tes amarres avant de s’envoler vers la haute mer…
    Jean-Salvator aimait cette pittoresque demeure dont les tours se coiffaient de clochers à bulbe d’un gris très doux. C’était une bonne maison, solide et sûre, et l’archiduc s’y sentait chez lui plus que partout ailleurs. Peut-être à cause de ce long et mince pont, si facile à détruire, qui seul le reliait à la rive… en outre, il était sa propriété personnelle.
    — Il y faudrait une épouse, des enfants, soupirait parfois sa mère. Pourquoi ne pas te marier, Gianni ?
    — Parce que les jeunes filles m’ennuient… et parce qu’aucune de celles que je connais ne vous ressemble !
    — Tu as largement passé la trentaine. Il serait temps de fonder enfin une famille… ta famille à toi !
    — Pour lui léguer quoi ? La position bâtarde que l’on nous fait ici, où nous ne sommes que les cousins d’Italie recueillis par charité après la perte de la Toscane. Non, mère, je n’ai pas envie de me marier. Mes neuf frères et sœurs se chargeront bien de vous donner les petits-enfants que vous souhaitez. Moi, je veux être libre, au moins, à défaut d’être heureux.
    En allant son chemin, l’archiduc songeait à tout cela… et aussi à Vienne dont, depuis un an, il n’avait eu que de rares et brèves nouvelles. Des nouvelles qui ne lui plaisaient pas : privé de son soutien, Rodolphe y menait une vie insensée, usant dans le vin et les filles ses rêves de gloire sans emploi. Il délaissait Stéphanie, son épouse belge qu’il n’aimait pas, et passait d’une maîtresse à l’autre.
    Les deux seules fois où Jean-Salvator avait eu l’autorisation de se rendre à Vienne, il ne réussit pas à parler sérieusement avec le prince, ni d’ailleurs avec Szeps, que la police surveillait de près. En la seule chose qui demeurait vivante dans l’immense ennui de sa vie, c’était la haine qu’il vouait à présent à François-Joseph, ce vieillard sévère et buté refusait d’enlever ses œillères. Avec passion, Jean-Salvator souhaitait le voir mourir, pour qu’enfin

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