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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’aimer pour toujours. Et tout naturellement, elle devint la maîtresse de celui qu’elle croyait bien être un certain Johann Müller…
    L’amour qui s’était emparé de Jean-Salvator était si grand, si puissant aussi, qu’il ne put jouer longtemps le rôle qu’il s’était imposé : celui de l’ingénieur Johann Müller, petit bourgeois viennois.
    Avant même le jour de la séparation, il apprit à Milly sa véritable identité : elle ne s’était pas donnée à un quelconque garçon, mais à un prince, et à vrai dire, en lui avouant cette vérité, il n’était pas sans appréhension : comment la jeune fille, si simple et si franche, allait-elle prendre ce qui constituait, après tout, un mensonge caractérisé, le premier, et qui pouvait en annoncer d’autres ?
    Elle se montra surprise certes, mais sa réaction fut si naturelle qu’elle enchanta le jeune homme.
    — Que tu sois prince ou bourgeois qu’est-ce que cela peut faire ? De toute façon, une chanteuse n’est pas faite pour le mariage. Nous pouvons être l’un à l’autre sans scandale. Il n’est personne à Vienne qui ne trouve normal qu’un archiduc ait pour maîtresse une chanteuse, et moi, je ne te demanderai jamais rien de plus que ton amour !
    — Tu sais bien que cet amour, tu le garderas tant que je vivrai, Milly ! Mais moi, je voudrais tant que tu deviennes ma femme.
    — Ludmilla Stubel, archiduchesse d’Autriche ? Tu sais bien que c’est impensable. Même lorsque le prince Rodolphe, ton cousin, sera devenu empereur, il ne pourra pas te permettre une telle folie. Mais puisque nous sommes heureux, n’est-ce pas suffisant ? Contentons-nous de cela…
    — Peut-être, mais laisse-moi au moins te présenter à ma mère. Elle est merveilleuse, elle comprendra.
    Et, la veille de son départ pour Vienne, la future cantatrice de l’Opéra pénétrait, plus morte que vive, dans le grand château d’Orth pour y faire la révérence devant l'ex-grande duchesse de Toscane. Elle avait certainement beaucoup plus peur que s’il s’était agi de l’empereur en personne.
    Les choses, pourtant, se passèrent bien simplement.
    — Mère, dit Jean-Salvator, voici Milly. Elle chante comme un ange, elle m’aime… et je l’aime !
    — Alors, je l’aimerai aussi, fut la simple réponse, et jusqu’au soir, Milly, émue et conquise, chanta pour la mère et pour le fils.
    De retour à Vienne, la jeune fille rencontra tout de suite le succès. Quant à celui qu’elle appelait à présent Gianni, comme sa mère, il fit dans la capitale des incursions beaucoup plus fréquentes, s’octroyant des permissions que personne d’ailleurs ne songeait à refuser à un colonel. Ni lui ni Milly ne pouvaient plus vivre séparés qu’au prix de pénibles efforts.
    À Vienne, l’archiduc revit Rodolphe, toujours entre deux amours, et Maurice Szeps, toujours aussi étroitement surveillé. Ce fut un tort, car bientôt on trouva en haut lieu ses voyages trop fréquents, et un beau jour, le jeune homme apprit par son général qu’on ne souhaitait plus lui voir quitter Linz aussi souvent. C’était la catastrophe : comment revoir Milly si Vienne lui était interdit ?
    Ce fut Milly qui trouva la solution, une solution qui donnait la juste mesure de son amour.
    — C’est à moi d’aller vers toi, dit-elle simplement. Et tout aussi naturellement qu’elle s’était donnée, Milly, abandonnant une belle carrière, fit ses adieux à l’Opéra et vint s’enterrer au fond de la province pour y vivre discrètement auprès du prince qu’elle aimait.
    — Désormais, tu seras ma carrière, lui dit-elle en se jetant à son cou sur le quai de la gare de Linz. Je n’ai plus rien d’autre à faire au monde que de t’aimer.
    Ce fut pour l’exilé le bonheur, mais comme la satisfaction de son sort n’est pas le propre de l’homme, ce bonheur, si grand fut-il, n’éteignit pas chez l’archiduc la soif de pouvoir qui l’habitait. Et justement, une occasion se présenta tout à coup à lui : la Bulgarie, qui venait de déposer son roi, s’en cherchait un autre.
    Or, la Bulgarie, position clef des Balkans, avait toujours été au centre des préoccupations de Jean-Salvator et de Rodolphe dans leur projet d’États fédérés. Aussi, après un bref échange de lettres avec son cousin, l’amant de Milly se décida-t-il à un coup d’éclat : proposer sa candidature au trône vacant.
    Il le fit ouvertement, avec une sorte de

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