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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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impératrice. Lasse et découragée, elle voulut rentrer en Belgique, mais l’empereur s’y opposa. Princesse autrichienne elle était, princesse autrichienne elle demeurerait !
    Les quatre mois qui suivirent ce drame, la jeune veuve les passa à Miramar, dans le château de Charlotte, l’impératrice folle, le château qui passait pour porter malheur. Elle y demeura avec sa mère, sa fille et ses deux sœurs, Louise et Clémentine. Ensuite, elle choisit de s’installer à Abbazia et laissa le silence retomber sur elle.
    C’est là qu’un nouvel amour devait venir à elle quelques années plus tard, sous les traits d’un séduisant chambellan hongrois : le comte Elmer Lonya de Nagy-Lonya et Vasarcs-Nameny. Elle l’épousa à Miramar, le 22 mars 1900, rompant ainsi avec son père, le roi Léopold II, qui ne devait jamais lui par donner ce qu’il considérait comme une mésalliance.
    François-Joseph se montra plus compréhensif, en élevant le comte Lonyay au rang de prince, et Stéphanie, apaisée, put enfin connaître une vie calme, jusqu’au 25 août 1945, où enfin, elle quitta ce monde…

Le cousin de Rodolphe,
Jean-Salvator, archiduc d’Autriche,
prince de Toscane
    Un soir d’hiver 1884, un soir de février plus exactement, trois hommes étaient réunis dans un petit bureau étroit et sombre situé au premier étage d’une maison sans apparence particulière de la Rotenturmstrasse, à Vienne. Une atmosphère quasi étouffante y régnait, saturée par l’odeur du poêle qui ronflait jointe à celle de l’encre d’imprimerie fraîche et à la fumée des cigarettes dont les cendres emplissaient trois cendriers.
    De ces trois hommes, aucun ne parlait. Assis sur des chaises, les deux plus jeunes – l’un avait vingt-six ans, l’autre trente-deux – regardaient, sans mot dire, le troisième, un petit juif hongrois, brun et pâle, dont la figure intelligente était traversée de tics nerveux et dont les yeux myopes s’abritaient sous d’épaisses lunettes. Un physique sans éclat en vérité, assorti à son habillement négligé, l’un et l’autre contrastant violemment avec l’élégance sobre, la beauté et la distinction de ses compagnons.
    Pourtant, c’étaient eux qui le regardaient avec un respect teinté d’admiration, tandis qu’armé d’un crayon, il corrigeait une pile de feuillets placés devant lui, raturant énergiquement, ajoutant un mot ici, en retranchant un autre là, le front plissé par l’effort et l’œil brillant sous ses énormes verres.
    Ce petit bonhomme se nommait Maurice Szeps. Depuis quelques années déjà, il dirigeait un journal libéral, le « Neues Wiener Zeitung », dont les éditoriaux d’une rare violence, généralement consacrés à la politique impériale et toujours anonymes, inquiétaient assez sérieusement l’empereur François-Joseph et ses ministres. C’est que Szeps avait consacré sa vie, son réel talent et le peu de bien qu’il possédait à la libération de sa Hongrie natale et, plus accessoirement, à l’éducation politique de ses contemporains. Il régnait toujours dans ses papiers un fumet de révolte. C’était, en quelque sorte, un progressiste avant la lettre et, naturellement, l’autocratie des Habsbourg n’avait pas d’ennemi plus authentique que lui. Et pourtant…
    Et pourtant, les deux jeunes hommes qui le contemplaient en grillant cigarette sur cigarette étaient ce que l’empire d’Autriche comptait de plus élevé après l’empereur lui-même. Le plus jeune surtout, qui n’était autre que l’héritier : l’archiduc Rodolphe, qu’une amitié, on pourrait presque dire une complicité déjà ancienne, unissait à Maurice Szeps. L’autre, plus beau encore, plus mûr, plus réfléchi aussi, était son cousin Jean-Salvator, prince de Toscane, fils cadet du grand duc de Toscane Léopold II, et de la princesse Marie-Antoinette de Bourbon-Sicile, sœur de la duchesse de Berry. Il partageait l’amitié de son cousin pour Szeps, et entre lui et Rodolphe, les liens du sang se doublaient d’une étroite communauté d’idées politiques. Les deux archiducs nourrissaient les mêmes espoirs, les mêmes colères, les mêmes révoltes, le même libéralisme et le même goût ardent de la liberté.
    Aux yeux de l’un comme de l’autre, le grand empire austro-hongrois était en passe de mourir étouffé sous le fonctionnarisme outrancier et les tracasseries bureaucratiques. Aussi, rêvaient-ils ensemble de

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