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Traité du Gouvernement civil

Traité du Gouvernement civil

Titel: Traité du Gouvernement civil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John LOCKE
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promp­te de ces sortes d'assemblées. Si les membres du corps législatif différaient à s'assem­bler, cela pourrait causer un extrême préjudice à l'État; et même quelquefois les affaires qui sont sur le tapis, dans les séances de ce corps, se trouvent si importantes et si difficiles, que le temps qui aurait été limité pour la durée de l'assemblée serait trop court pour y pourvoir et y travailler comme il faudrait, et priverait la société de quelque avantage considérable qu'elle aurait pu retirer d'une mûre délibération. Que saurait-on faire donc de mieux, pour empêcher que l'État ne soit exposé, tôt ou tard, à d'éminents périls, d'un côté ou d'autre, à cause des intervalles et des périodes de temps fixés et réglés pour les assemblées du pouvoir législatif? Que saurait-on, dis-je, faire de mieux, que de remettre la chose avec confiance à la prudence de quelqu'un qui, étant toujours en action, et instruit de l'état des affaires publiques, peut se servir de sa prérogative pour le bien public ? Et à qui pourrait-on se mieux confier, pour cela, qu'à celui à qui on a confié, pour la même fin, le pouvoir de faire exécuter les lois? Ainsi, si nous supposons que l'assemblée législative n'a pas, par la constitution originaire, un temps fixe et arrêté, le pouvoir de la convoquer tombe naturellement entre les mains de celui qui a le pouvoir exécutif, ou comme ayant un pouvoir arbitraire, un pouvoir qu'il ait droit d'exercer selon son plaisir, mais comme tenant son pouvoir de gens qui le lui ont remis, dans l'assurance qu'il ne l'emploierait que pour le bien public, selon que les conjonctures et les affaires de l'État le demanderaient. Du reste, il n'est pas de mon sujet, ici, d'examiner si les périodes des temps fixés et réglés pour les assemblées législatives, ou la liberté laissée à un Prince de les convoquer, ou, peut-être le mélan­ge de l'un et de l'autre, sont sujets à des inconvénients; il suffit que je montre qu'enco­re que le pouvoir exécutif ait le privilège de convoquer et de dissoudre les conven­tions du pouvoir législatif, il ne s'ensuit point que le pouvoir exécutif soit supérieur au pouvoir législatif.
     
    157. Les choses de ce monde sont exposées à tant de vicissitudes, que rien ne demeure longtemps dans un même état. Les peuples, les richesses, le commerce, le pou­voir sont sujets à de grands changements. Les plus puissantes et les plus floris­santes villes tombent en ruine, et deviennent des lieux désolés et abandonnés de tout le monde; pendant que d'autres, qui auparavant étaient déserts et affreux, deviennent des pays considérables, remplis de richesses et d'habitants. Mais les choses ne chan­gent pas toujours de la même manière, En effet, souvent les intérêts particuliers conser­vent les coutumes et les privilèges, lorsque les raisons qui les avaient établis ont cessé; il est arrivé souvent aussi que dans les gouvernements où une partie de l'autorité législative représente le peuple, et est choisie par le peuple, cette représen­ta­tion, dans la suite du temps, ne s'est trouvée guère conforme aux raisons qui l'avaient établie du commencement. Il est aisé de voir combien grandes peuvent être les absurdités, dont serait suivie l'observation exacte des coutumes, qui ne se trouvent plus avoir de proportion avec les raisons qui les ont introduites : il est aisé de voir cela, si l'on considère que le simple nom d'une fameuse ville, dont il ne reste que quel­ques masures, au milieu desquelles il n'y a qu'une étable à moutons, et ne se trou­ve pour habitants qu'un berger, fait envoyer à la grande assemblée des légis­la­teurs, autant de députés représentatifs, que tout un comté infiniment peuplé, puissant et riche y en envoie. Les étrangers demeurent tous surpris de cela; et il n'y a personne qui ne confesse que la chose a besoin de remède. Cependant, il est très difficile d'y remédier, à cause que la constitution de l'autorité législative étant l'acte originaire et suprême de la société politique, lequel a précédé toutes les lois positives qui y ont été faites, et dépend entièrement du peuple, nul pouvoir inférieur n'a droit de l'altérer. D'ailleurs, le peuple, quand le pouvoir législatif est une fois établi, n'ayant point, dans cette sorte de gouvernement dont il est question, le pouvoir d'agir pendant que le gouvernement subsiste, on ne saurait trouver de remède à

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