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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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je crois bien me souvenir, Nessus, ou Nessos en grec (Le Vau apprécia), versa du sang empoisonné sur le manteau d’Hercule.
    — Continuez…
    — Ainsi, par une étrange coïncidence, Hercule, à l’est, répond à celui qui le tua, et dont l’effigie se trouve à l’ouest.
    — Ce n’est pas une coïncidence, se rengorgea Le Vau.
    — Ah bien ?
    — Je suis l’auteur de ce médaillon.
    La légende valait d’être contée. Le puissant Hercule décida de faire traverser le fleuve Evénos à son épouse Déjanire et, pour cela, il fit appel à Nessos. Mais, au milieu du fleuve, le centaure voulut violer Déjanire qui se mit à appeler au secours. Armant alors son arc d’une flèche infectée par le fiel de l’hydre de Lerne qu’il avait tuée, Hercule atteignit le centaure qui se vengea avant de mourir en offrant à Déjanire un manteau souillé de sang mortel. L’innocente le fit porter à son mari, croyant, selon les dires du centaure, que celui-ci lui serait ainsi éternellement fidèle. Hercule s’en vêtit et ressentit tant de douleurs qu’il se jeta dans un bûcher, périssant à son tour.
    — « Je ne disparaîtrai sans me venger », glissa Delaforge.
    — Que dites-vous ?
    — Ce sont les paroles du centaure avant de s’éteindre.
    — Vous me l’apprenez, avoua un Le Vau impressionné.
    — Il faut remercier un bon jésuite de Montcler, sourit-il enfin.
    — Vous êtes le premier à rapprocher la galerie d’Hercule et le médaillon du centaure, commenta l’architecte. À mes yeux, c’est une sorte de clin d’œil pour le seul initié…
    — Soyez certain que votre… secret se trouve en de bonnes mains.
    Il levait son bras mort en riant de bon cœur. Le Vau l’imita.
    — On peut donc vous faire confiance ? demanda-t-il d’un air chafouin.
    — Je vous le prouverai si vous m’en donnez l’occasion.
    Bientôt, elle ne manqua pas.

    La grande idée de Toussaint Delaforge se résumait ainsi : plus il passait de commandes, plus les prix baissaient. Si Pontgallet avait besoin de mille livres de fonte, soit près de cinq cents kilos, il paierait cent sols. S’il en achetait le double, il n’aurait à ajouter que cinquante sols selon la loi du commerce en gros.
    — Je vois bien l’intérêt, calcula le maçon.
    — La moitié du prix pour la même quantité de matériaux. Et le raisonnement s’applique à toutes les fournitures.
    — Certes. Mais que ferai-je de deux mille livres de fonte…
    — Ou de pierre…
    —… Si je n’ai besoin que de la moitié ?
    — Vous, peut-être, mais qu’en est-il de vos alliés ?
    En regroupant les achats, on économisait à tous les échelons : sur le prix du produit, sur son transport, sur son magasinage…
    — Et si vous payez comptant, insista l’inventeur du procédé, on peut tirer encore les prix.
    — Je suis solide, mais je manque d’argent liquide, se plaignit Pontgallet.
    C’est ici que Le Vau entra dans la danse.
    — Votre ami architecte est un riche homme d’affaires, avança Delaforge. Il peut vous faire crédit et avancer la somme en échange d’une commission.
    — Tout cela est nouveau et je ne sais pas s’il l’entendra de la sorte…
    Le maçon raisonnait à l’ancienne et ne savait trop quoi penser de ces méthodes. Mais en face, on s’entêtait : — Depuis peu, je le vois assez souvent et je pourrais lui parler.
    — Peut-être, mais voilà qu’il saura ce dont j’ai besoin, combien je dépense et si mes affaires tournent ou non…
    — Je croyais que vous lui faisiez confiance.
    — En effet, mais il y a des frontières à ne pas dépasser.
    S’allier, oui, mais en restant chacun chez soi.
    — Je dirai qu’il s’agit de mon idée. Ainsi, vous pourrez toujours faire marche arrière.
    À contrecœur, Pontgallet céda. Sans doute parce qu’il avait lui-même voulu le rapprochement entre Le Vau et Toussaint, même si leur entente dépassait ses espérances. Et l’agaçait un peu…

    Non sans de nombreux allers et retours, le contrat fut conclu et Delaforge chargé de négocier les achats communs de Le Vau et Pontgallet. Le caractère affairiste de l’architecte se plia facilement à ce mode de fonctionnement. Il aimait l’argent et y gagnait, d’autant qu’il oubliait de déduire de ses factures la marge dégagée. Pontgallet, plus honnête, y vit le moyen de satisfaire ses clients et ne s’en mit pas plein les poches. Outre la complicité qui ne cessait de grandir entre lui et Le Vau, Delaforge prit

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