Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
préparé pour la nouvelle épreuve qui m’attendait. Il n’était pas question que j’apparaisse désespéré ni même triste devant mes geôliers. A 8 h 30, on m’a présenté au juge local qui m’a renvoyé à Johannesburg. Tout s’est passé simplement et le magistrat ne semblait pas plus intéressé que pour une infraction au Code de la route. La police n’avait pas pris de précautions exceptionnelles pour le voyage de retour à Johannesburg, ni pour ma sécurité, et on m’a installé à l’arrière d’une voiture, sans menottes, avec deux policiers à l’avant. Mes amis avaient appris mon arrestation   ; Fatima Meer m’avait apporté de quoi manger à la prison, et je l’ai partagé avec les deux policiers dans la voiture. Nous nous sommes même arrêtés à Volkrust, une ville sur la route, et ils m’ont permis de faire quelques pas pour me dégourdir les jambes. Je n’imaginais pas m’enfuir quand les gens étaient gentils avec moi   ; je ne voulais pas tirer avantage de leur confiance.
    Mais en approchant de Johannesburg, l’atmosphère a changé. J’ai entendu à la radio de la voiture de police l’annonce de ma capture et l’ordre de lever tous les barrages routiers sur la route du Natal. A la nuit tombante, dans la banlieue de Johannesburg, nous avons rencontré une imposante escorte de police. Brusquement, on m’a mis les menottes, on m’a fait descendre de voiture pour me mettre dans un fourgon cellulaire avec de petites vitres opaques renforcées par une grille de fer. Puis le cortège a emprunté un itinéraire compliqué et inhabituel pour Marshall Square, comme s’il craignait une embuscade.
    On m’a placé seul dans une cellule. Dans le calme, j’ai commencé à mettre au point ma stratégie pour le lendemain, quand j’ai entendu tousser dans la cellule d’à côté. Je n’avais pas compris qu’il y avait un prisonnier tout près, mais surtout quelque chose de familier m’a frappé dans cette toux. Je l’ai reconnue et j’ai crié   :
    « Walter   ?
    —  Nelson, c’est toi   ? » a-t-il répondu, et nous avons ri avec un incroyable mélange de soulagement, de surprise, de déception et de bonheur. J’ai appris qu’il avait été arrêté peu de temps après moi. Nous avons pensé que nos arrestations devaient avoir un rapport. On aurait pu choisir un autre endroit pour une réunion du Comité de travail, mais c’était commode et la nuit est vite passée tandis que je lui faisais le compte rendu complet de mon arrestation ainsi que de mes rencontres à Durban.
    Le lendemain, j’ai comparu devant un juge pour un renvoi formel. Harold Wolpe et Joe Slovo sont venus après avoir appris la nouvelle, et nous avons pu parler dans les sous-sols. J’avais souvent rencontré ce magistrat en tant qu’avocat et nous avions fini par nous respecter. Beaucoup d’autres avocats étaient aussi présents, dont certains que je connaissais très bien. Il est curieux de voir comment, dans certaines situations, des incidents normalement insignifiants peuvent être ressentis comme flatteurs. Dans des circonstances normales, je ne suis absolument pas insensible à la flatterie mais j’étais là comme un fugitif, le numéro un sur la liste des personnes recherchées, un hors-la-loi menottes aux poignets, qui venait de passer plus d’un an dans la clandestinité, et pourtant, le juge, les avocats et les autres personnes m’accueillaient avec une déférence et une politesse professionnelles. Ils me connaissaient en tant que Nelson Mandela avocat à la Cour, et non Nelson Mandela hors-la-loi. Cela m’a remonté le moral.
    Pendant la comparution, le juge s’est montré hésitant et mal à l’aise, et il évitait de me regarder directement. Les avocats semblaient eux aussi très embarrassés et, à ce moment-là, j’ai eu une sorte de révélation. Ces hommes n’étaient pas mal à l’aise simplement parce que j’étais leur collègue déchu, mais parce que j’étais un homme ordinaire puni pour ses convictions. D’une certaine façon, que je n’avais jamais bien comprise auparavant, je me suis rendu compte du rôle que je pouvais jouer devant un tribunal et des possibilités qui m’étaient offertes comme défenseur. J’étais le symbole de la justice dans le tribunal de l’oppresseur, le représentant des grandes idées de liberté, d’équité et de démocratie dans une société qui déshonorait ces vertus. En un instant, j’ai compris que je pouvais

Weitere Kostenlose Bücher