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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Pretoria en milieu de journée et de semaine avec deux petits enfants à la maison. Je recevais la visite de beaucoup d’autres personnes qui me donnaient de quoi manger, en particulier la toujours fidèle Mrs. Pillay, qui m’apportait un repas épicé chaque jour.
    A cause de la générosité de mes visiteurs, j ’ avais beaucoup trop de choses et je voulais partager avec les autres prisonniers de mon étage. C ’ était strictement interdit. Afin de contourner la difficulté, j ’ ai offert de la nourriture aux gardiens pour les adoucir. Avec cette idée derrière la tête, j ’ ai proposé une pomme brillante et rouge à un gardien africain qui l ’ a regardée et qui m ’ a répondu d ’ un ton glacial   : «  Angiyifuni   » (Je n ’ en veux pas). Les gardiens africains étaient soit plus sympathiques que les Blancs, soit plus sévères, comme pour surpasser leurs maîtres. Mais, peu après, le gardien noir a vu le gardien blanc prendre la pomme qu ’ il avait refusée et il a changé d ’ avis. Bientôt, je donnais de la nourriture à tous mes compagnons de détention.
    Par la rumeur de la prison, j’ai appris que Walter avait lui aussi été transféré à Pretoria   ; nous étions tenus à distance l’un de l’autre mais nous avons cependant réussi à communiquer. Walter avait demandé une libération sous caution  – décision que je soutenais entièrement. La caution était depuis longtemps une question sensible dans l’ANC. Certains pensaient que nous devions toujours refuser cette possibilité parce que cela pouvait laisser croire que nous étions lâches et que nous acceptions les restrictions racistes du système. Je ne croyais pas que cette conception devait être systématiquement appliquée mais qu’on devait étudier la question cas par cas. Depuis que Walter était devenu secrétaire général de l’ANC, je pensais qu’on devait tout tenter pour le faire libérer sous caution. Il était tout bonnement vital à l’organisation de ne pas le laisser languir en prison. Dans son cas, il s’agissait d’une question pratique et non théorique. Dans le mien, les choses étaient différentes. J’avais été clandestin   ; pas Walter. J’étais devenu un symbole public de révolte et de lutte   ; Walter travaillait en coulisses. Il était d’accord pour qu’on ne demande pas une libération sous caution dans mon cas. Tout d’abord, on n’était pas sûrs de l’obtenir, et je ne voulais rien faire qui puisse laisser penser que je n’étais pas préparé aux conséquences de la vie de clandestin que j’avais choisie.
    Peu de temps après avoir pris cette décision, j ’ ai de nouveau été transféré à l ’ hôpital du Fort. Une audience avait été fixée en octobre. Il y a peu de chose à dire en faveur de la prison, mais l ’ isolement est propice aux études. J ’ ai commencé un doctorat en droit par correspondance, ce qui me permettrait d ’ exercer en tant qu ’ avocat indépendant. Dès mon arrivée à la prison de Pretoria, j ’ avais envoyé une lettre aux autorités leur signifiant mon intention et leur demandant l ’ autorisation d ’ acheter un Law of Torts {17} qui faisait partie de mon programme.
    Quelques jours plus tard, le colonel Aucamp, le commandant de la prison et un des plus célèbres fonctionnaires des services pénitentiaires, entra dans ma cellule et me dit d ’ un air méchant   : « Mandela, nous vous tenons enfin   ! Pourquoi avez-vous besoin d ’ un livre sur les torches, vous voulez l ’ utiliser pour vos damnés sabotages   ? » Je ne savais absolument pas de quoi il voulait parler, jusqu ’ à ce qu ’ il me montre ma lettre demandant un livre qu ’ il appelait « Le livre des torches   ». J ’ ai souri et il s ’ est mis en colère parce que je ne le prenais pas au sérieux. Le terme afrikaans pour « torche   » est toorts, qui ressemble à torts et je lui ai expliqué qu ’ en anglais les torts étaient une partie du droit et non un morceau de bois enflammé. Il est parti vexé.
     
    Un jour, je faisais mes exercices quotidiens dans la cour du Fort, c’est-à-dire du jogging, de la course sur place et des tractions, quand un Indien grand et élégant, Moosa Dinath, que j’avais vaguement connu quand c’était un commerçant prospère et même riche, est venu me voir. Il purgeait une peine de deux ans de prison pour fraude. A l’extérieur nous serions restés de vagues relations, mais la prison

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