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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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’ hôpital était bien l ’ endroit le plus confortable  – je dormais dans un vrai lit ce que je n ’ avais pas fait avant d ’ entrer en prison  –, mais il avait montré autant de générosité parce que c ’ était l ’ endroit le plus sûr pour me garder. Pour y arriver, on devait franchir deux murs avec des gardes armés à chaque passage   ; quand on était à l ’ intérieur, il fallait ouvrir quatre portes massives pour atteindre l ’ endroit où je me trouvais. La presse se demandait si le mouvement n ’ allait pas tenter de me récupérer et les autorités faisaient le maximum pour empêcher cette éventualité.
    Dans les journaux et dans les rangs de l’ANC, on disait aussi que j’avais été trahi par quelqu’un du mouvement. Je savais que certains accusaient G.R. Naidoo, chez qui j’avais habité à Durban, une supposition que je crois infondée. La presse avançait l’idée que j’avais été trahi par des communistes blancs et indiens, troublés par ma volonté de réorienter l’ANC vers un africanisme plus marqué. Mais je pensais qu’il s’agissait d’histoires répandues par le gouvernement pour diviser l’Alliance des congrès, et je considérais cela comme une mauvaise action. Plus tard, j’en ai parlé non seulement avec Walter, Duma, Joe Slovo, et Ahmed Kathrada, mais aussi avec Winnie et j’ai eu la satisfaction de voir qu’ils partageaient mes sentiments. Winnie avait été invitée à ouvrir la conférence annuelle du Congrès indien de la jeunesse pour le Transvaal et, à ma demande, elle a rejeté ces rumeurs de façon très claire. Les journaux ne parlaient que de sa beauté et de son éloquence. « Nous ne perdrons pas notre temps à chercher des preuves pour savoir qui a trahi Mandela, dit-elle à la conférence. Ce genre de propagande a pour but de nous opposer les uns aux autres plutôt que de nous unir pour combattre l’oppression des nationalistes. »
    La rumeur la plus persistante était qu’un fonctionnaire du consulat américain ayant des liens avec la CIA avait renseigné les autorités. Cette histoire n’a jamais été confirmée et je n’ai jamais vu aucune preuve crédible qui aurait pu l’étayer. Même si la CIA porte la responsabilité de quantité d’actions méprisables dans son soutien à l’impérialisme américain, je ne peux pas l’accuser de mon arrestation. En vérité, j’avais été imprudent en ne maintenant pas un secret absolu sur mes déplacements. En y repensant, je me suis rendu compte que les autorités avaient eu des milliers de façons de me localiser lors de mon voyage à Durban. En fait, il est même étonnant que je n’aie pas été capturé plus tôt.
     
    Je n’ai passé que quelques jours à l’hôpital du Fort avant d’être transféré à Pretoria. A Johannesburg, les visites n’étaient pas limitées, et des gens venaient me voir en permanence. En prison, les visites permettent de garder le moral et leur absence peut être profondément déprimante. En me transférant à Pretoria, les autorités voulaient m’éloigner de chez moi pour me placer dans un endroit où moins de gens viendraient me voir.
    On m ’ a mis les menottes et on m ’ a conduit à Pretoria dans un vieux fourgon cellulaire en compagnie d ’ un autre détenu. L ’ intérieur était sale et nous nous sommes assis sur un vieux pneu graisseux qui glissait d ’ un côté à l ’ autre. Le choix de ce compagnon était curieux   : il s ’ appelait Nkadimeng et appartenait à l ’ un des gangs les plus violents de Soweto. Normalement, on n ’ aurait pas permis qu ’ un prisonnier politique partage le même véhicule qu ’ un criminel de droit commun, mais je soupçonnais les autorités d ’ espérer que je serais intimidé par Nkadimeng qui, je pense, était un informateur de la police. J ’ étais sale et mécontent en arrivant à la prison, et mon irritation s ’ est aggravée quand j ’ ai vu qu ’ on me mettait dans la même cellule que lui. J ’ ai exigé une cellule séparée pour pouvoir préparer ma défense, ce que j ’ ai fini par obtenir.
    Je n’avais plus droit qu’à deux jours de visites par semaine. Malgré la distance, Winnie venait régulièrement et m’apportait du linge et une nourriture délicieuse. C’était une façon de me montrer son soutien, et à chaque fois que je mettais une chemise propre, je ressentais son amour et son dévouement. Je savais à quel point c’était difficile de venir à

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