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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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aborder des questions politiques avec un fonctionnaire du service des prisons. Mais je lui ai répondu franchement   : « Je veux voir le ministre afin de poser la question des discussions entre le gouvernement et l’ANC. »
    Il a réfléchi un instant, puis il a dit   : « Mandela, vous le savez, je ne suis pas un homme politique. Je ne peux discuter de ces questions moi-même, car elles sont au-delà de ma compétence. » Il s’est arrêté comme s’il avait pensé à quelque chose. « Il se trouve que le ministre de la Justice est au Cap. Vous pouvez peut-être le rencontrer. Je vais voir. »
    Alors le général a téléphoné au ministre, et ils ont parlé quelque temps. Le général a reposé le téléphone, il s’est tourné vers moi   : « Le ministre m’a dit   : « Amenez-le. » » Quelques minutes plus tard, nous quittions la résidence du général Willemse dans sa voiture pour aller chez le ministre au Cap. La sécurité était réduite au minimum   ; une seule voiture nous accompagnait. La facilité et la rapidité avec lesquelles cette rencontre a eu lieu m’ont fait soupçonner que le gouvernement avait organisé le rendez-vous. Mais cela n’avait pas d’importance   ; c’était l’occasion de faire le premier pas vers les négociations.
    Coetsee m’a accueilli chaleureusement dans sa résidence officielle et nous nous sommes installés au salon. Il s’est excusé de ne pas m’avoir laissé le temps de quitter ma tenue de prisonnier. Nous avons parlé pendant trois heures tout au long desquelles j’ai été frappé par son sérieux et sa bonne volonté. Il m’a posé des questions pertinentes qui prouvaient qu’il était bien informé  – des questions qui montraient sa familiarité avec les sujets qui opposaient le gouvernement et l’ANC. Il m’a demandé nos conditions pour suspendre la lutte armée   ; si je parlais au nom de l’ANC ou non   ; si j’envisageais des garanties constitutionnelles pour les minorités dans une nouvelle Afrique du Sud. Ses questions allaient au cœur des problèmes.
    Après lui avoir répondu de la même façon qu’au groupe des personnalités éminentes, j’ai eu l’impression que Coetsee voulait une proposition concrète. « Quelle est l’étape suivante   ? » m’a-t-il demandé. Je lui ai répondu que je voulais rencontrer le président et le ministre des Affaires étrangères, Pik Botha. Coetsee a noté cela sur un petit bloc qu’il gardait près de lui, et m’a dit qu’il allait transmettre ma demande. Nous nous sommes serré la main et l’on m’a raccompagné dans ma cellule solitaire au rez-de-chaussée de la prison de Pollsmoor.
    Je me sentais très encouragé. J’avais l’impression que le gouvernement voulait sortir le pays de l’impasse où il se trouvait, et que maintenant il avait la conviction qu’il devait abandonner ses anciennes positions. De façon tout à fait imprécise, je voyais se dessiner un compromis.
    Je n’ai parlé de ma rencontre à personne. Je voulais que le processus s’engage avant d’en informer qui que ce soit. Parfois, il est nécessaire de présenter à ses camarades une politique qui est déjà un fait accompli. Je savais qu’une fois qu’ils auraient étudié attentivement la situation, mes camarades de Pollsmoor et de Lusaka me soutiendraient. Mais, de nouveau, ce début prometteur ne donna rien. Des semaines et des mois passèrent sans un mot de Coetsee. Un peu découragé, je lui ai écrit une autre lettre.
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    Je n ’ ai pas obtenu de réponse directe de Kobie Coetsee, pourtant certains signes montraient que le gouvernement me préparait à un autre genre d ’ existence. La veille de Noël, le lieutenant-colonel Gawie Marx, commandant adjoint de Pollsmoor, passa devant ma cellule après le petit déjeuner et me dit sur le ton le plus naturel   : « Mandela, vous aimeriez voir la ville   ? » Je ne savais pas bien ce qu ’ il avait en tête mais j ’ ai pensé que je pouvais dire oui sans dommage. Très bien, allons-y. Accompagné du colonel, j ’ ai franchi les quinze portes de métal qui séparaient ma cellule de l ’ entrée et, quand nous sommes sortis, j ’ ai vu que sa voiture nous attendait.
    Nous sommes allés en ville par la très belle route qui suit la côte. Il n’avait aucune destination précise en tête, il tournait simplement dans les rues sans se presser. C’était absolument fascinant d’observer les activités simples des gens dans le

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