Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
Mais ma solitude me donnait une certaine liberté et j’ai résolu de la consacrer à une chose à laquelle je réfléchissais depuis longtemps   : entamer des discussions avec le gouvernement. J’en étais arrivé à la conclusion que maintenant la lutte pourrait mieux progresser par les négociations. Si nous n’engagions pas rapidement le dialogue, les deux parties seraient bientôt plongées dans la nuit de l’oppression, de la violence et de la guerre. Ma solitude me donnerait l’occasion de faire les premiers pas dans cette direction, sans ce genre d’examen minutieux qui peut détruire de telles tentatives.
    Nous avions lutté contre la loi de la minorité blanche pendant trois quarts de siècle. Nous étions engagés dans la lutte armée depuis plus de vingt ans. Des deux côtés, beaucoup étaient morts. L’ennemi était fort et décidé. Mais malgré tous ses bombardiers et ses chars, il devait se rendre compte qu’il se trouvait du mauvais côté de l’histoire. Nous avions le droit pour nous, mais pas encore la force. Pour moi, il était évident qu’une victoire militaire représentait un rêve lointain et peut-être inaccessible. Cela n’avait aucun sens pour les deux parties de perdre des milliers, voire des millions, de vies dans un conflit inutile. Le gouvernement devait le savoir lui aussi. L’heure des pourparlers était venue.
    Ce serait extrêmement délicat. Les deux adversaires considéraient toute discussion comme un signe de faiblesse et une trahison. Aucun des deux n’accepterait de venir s’asseoir à une table tant que l’autre n’aurait pas fait d’importantes concessions. Le gouvernement ne cessait d’affirmer que nous étions une organisation de communistes et qu’il ne parlerait jamais à des terroristes et à des communistes. Tel était le dogme du Parti national. L’ANC ne cessait d’affirmer que le gouvernement était fasciste et raciste et qu’il n’était pas question de discuter tant qu’il n’aurait pas levé l’interdiction de l’ANC, libéré sans condition tous les prisonniers politiques, et retiré l’armée des townships.
    La décision de parler avec le gouvernement était d’une telle importance qu’elle ne pouvait être prise qu’à Lusaka. Mais je sentais que le processus avait besoin de démarrer et je n’avais ni le temps ni les moyens de communiquer avec Oliver. Quelqu’un de notre côté devait faire le premier pas   ; or ma solitude nouvelle m’en donnait la liberté ainsi que l’assurance, au moins pendant quelque temps, que mes tentatives resteraient confidentielles.
     
    Je me trouvais maintenant dans une sorte de splendide isolement. Mes camarades n’étaient que trois étages au-dessus de moi, mais ils auraient pu aussi bien être à Johannesburg. Pour les voir, je devais déposer une demande officielle de visite auprès de la direction des prisons à Pretoria et attendre l’accord de celle-ci. Cela prenait souvent des semaines pour obtenir une réponse. Si on me l’accordait, je devais les voir au parloir. C’était vraiment nouveau   : mes camarades codétenus devenaient maintenant des visiteurs. Pendant des années, nous avions pu parler des heures chaque jour   ; maintenant, nous devions déposer une demande officielle et fixer une date, et l’on surveillait nos conversations.
    Après avoir passé quelques jours dans ma nouvelle cellule, j’ai demandé au commandant d’organiser une telle rencontre. C’est ce qu’il a fait, et nous avons parlé tous les quatre du problème de mon transfert. Walter, Kathy et Ray étaient mécontents qu’on nous ait séparés. Ils voulaient élever une protestation ferme exigeant que nous soyons réunis. Ils ne s’attendaient pas à ma réponse. « Ecoutez, les amis, je ne pense pas que nous devrions nous opposer à cette décision. » J’ai signalé que mon nouveau logement était très supérieur à l’ancien et que cela allait peut-être créer un précédent pour tous les prisonniers politiques. Puis j’ai ajouté de façon un peu ambiguë   : « Il en sortira peut-être quelque chose de positif. Je me trouve maintenant dans une situation qui permet au gouvernement de prendre contact avec nous. » Comme je m’y attendais, ils n’ont pas fait très attention à cette remarque.
    J’ai décidé de ne parier à personne de ce que j’avais l’intention de faire. Ni à mes camarades du troisième étage ni à ceux de Lusaka. L’ANC est une organisation collective

Weitere Kostenlose Bücher