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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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n’ai jamais vécu quelque chose comme ça   ! » et il a continué à foncer sans savoir où il allait.
    Puis il s’est calmé et je lui ai indiqué le chemin à prendre pour aller chez mon avocat et ami Dullah Omar, qui habitait dans le quartier indien près de la ville. Nous pourrions nous y reposer quelques minutes. Cela lui a plu. Par chance, Dullah et sa famille étaient là, mais ils ont été plus qu’étonnés de nous voir. J’étais libre pour la première fois depuis vingt-sept ans, mais au lieu de m’accueillir à bras ouverts, ils m’ont dit un peu inquiets   : « Tu ne devrais pas être place de la Parade   ? »
    Nous avons pu boire quelque chose de frais mais nous n’étions là que depuis quelques minutes quand l’archevêque Tutu a téléphoné. J’ignore comment il savait où nous étions. Il était effondré et m’a dit   : « Nelson, il faut que vous reveniez tout de suite place de la Parade. La foule commence à s’énerver. Si vous ne revenez pas immédiatement, je ne réponds pas de ce qui peut arriver. Je pense qu’il va y avoir une émeute   ! » Je lui ai dit que j’arrivais.
    Le problème, c’était le chauffeur   : il ne voulait absolument pas retourner place de la Parade. Mais je l’ai sermonné et bientôt nous sommes repartis. La foule entourait l’hôtel de ville de tous côtés, mais il y avait moins de monde à l’arrière et le chauffeur a réussi à se frayer un chemin. La nuit tombait presque quand on m’a conduit au dernier étage de ce bâtiment imposant dont les salles n’avaient bruit que du pas traînant des fonctionnaires blancs. Je me suis avancé sur le balcon et j’ai vu une mer infinie de gens qui criaient, qui levaient des drapeaux et des banderoles, qui applaudissaient et qui riaient.
    J ’ ai levé le poing et la foule a répondu par une immense clameur. Ces acclamations ont ranimé en moi l ’ esprit de la lutte. J ’ ai crié   : «  Amandla   ! » « Ngawethu   ! » a répondu la foule. «  iAfrika   ! » « Mayibuye   ! » Enfin, quand la foule s ’ est un peu calmée, j ’ ai sorti mon discours et cherché mes lunettes dans la poche de mon gilet. Elles n ’ y étaient pas   ; je les avais laissées à Victor Verster. Je savais que Winnie avait les mêmes, je les lui ai empruntées.
     
    Amis, camarades, compagnons sud-africains. Je vous salue tous au nom de la paix, de la démocratie et de la liberté pour tous   ! Je me présente devant vous, non comme un prophète mais comme votre humble serviteur, vous, le peuple. Vos sacrifices infatigables et héroïques m’ont permis d’être ici aujourd’hui. Et je place les années qui me restent à vivre entre vos mains.
     
    Mes paroles venaient du cœur. Je voulais avant tout dire au peuple que je n’étais pas un messie mais un homme ordinaire qui n’était devenu un leader qu’en raison de circonstances extraordinaires. Je voulais immédiatement remercier les gens qui, dans le monde entier, avaient fait campagne pour ma libération. J’ai remercié les habitants du Cap et salué Oliver Tambo, le Congrès national africain, Umkhonto we Sizwe, le Parti communiste sud-africain, l’UDF, le Congrès de la jeunesse sud-africaine, le COSATU, le Mouvement démocratique de masse, le Syndicat national des étudiants d’Afrique du Sud (NUSAS) et le Black Sash, un groupe de femmes qui était depuis longtemps une voix de la conscience. J’ai aussi exprimé publiquement ma gratitude à ma femme et à ma famille, en disant   : « Je suis convaincu que [leur] douleur et [leurs] souffrances ont été bien plus grandes que les miennes. »
    J’ai annoncé à la foule en termes clairs que l’apartheid n’avait plus d’avenir en Afrique du Sud et que le peuple ne devait pas diminuer ses campagnes d’action de masse. « La perspective de la liberté qui se dessine à l’horizon doit nous encourager à redoubler d’efforts. » Je sentais qu’il était important d’expliquer publiquement la nature de mes discussions avec le gouvernement. « Aujourd’hui, ai-je dit, je veux vous dire que mes discussions avec le gouvernement ont eu pour but de normaliser la situation politique du pays. Je veux insister sur le fait qu’à aucun moment je n’ai entamé de négociations sur l’avenir de notre pays, sauf pour réclamer une rencontre entre l’ANC et le gouvernement. »
    J’ai dit que j’espérais qu’on pourrait bientôt créer un climat menant à des

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