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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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confiance. Mais il avait aussi un air hautain qui ne convenait pas à une organisation de masse. Bien que dévoué à l ’ ANC, son activité de médecin avait la priorité. Xuma présidait les commissions des délégations, des députations, des lettres et des télégrammes. Tout était fait à la façon anglaise, l ’ idée étant que, malgré les désaccords, nous étions tous des gentlemen. Il aimait les relations qu ’ il avait établies avec la classe dirigeante blanche et ne voulait pas les compromettre par une action politique.
    Lors de notre rencontre, nous lui avons expliqué que nous avions l ’ intention de créer une Ligue de la jeunesse, et d ’ organiser une campagne pour mobiliser un soutien de masse. Nous avions apporté un exemplaire du projet de constitution et de manifeste. Nous pensions, et nous l ’ avons dit au Dr. Xuma, que l ’ ANC était en danger de se marginaliser si l ’ organisation ne bougeait pas et n ’ adoptait pas d ’ autres méthodes. Le Dr. Xuma s ’ est senti menacé par notre délégation et s ’ est vivement opposé à la création d ’ une Ligue de la jeunesse. Il pensait que cette Ligue ne devait pas être un groupe organisé de façon rigide et qu ’ elle devait servir principalement de comité de recrutement pour l ’ ANC. De façon paternaliste, le Dr. Xuma a continué en nous expliquant que les Africains en tant que groupe étaient trop inorganisés et indisciplinés pour participer à une campagne de masse et que cela serait même imprudent et dangereux.
    Peu après la rencontre avec le Dr. Xuma, un comité provisoire de la Ligue de la jeunesse a été formé sous la direction de William Nkomo. Les membres du comité se sont rendus à la conférence annuelle de l ’ ANC à Bloemfontein, en décembre 1943, où ils ont proposé la formation d ’ une Ligue de la jeunesse afin d ’ aider au recrutement de jeunes membres pour l ’ organisation. La proposition a été acceptée.
    La formation de la Ligue de la jeunesse a eu lieu effectivement le dimanche de Pâques 1944, au Centre social bantou dans Eloff Street. Il y avait une centaine d ’ hommes dont certains venaient de Pretoria. C ’ était un groupe sélectionné, une élite, et un grand nombre d ’ entre eux étaient diplômés de Fort Hare   ; nous étions loin de former un mouvement de masse. Lembede a fait une conférence sur l ’ histoire des nations, un tour d ’ horizon depuis la Grèce ancienne jusqu ’ à l ’ Europe médiévale et l ’ époque de la colonisation. Il a insisté sur les exploits historiques de l ’ Afrique et des Africains et il a montré à quel point il était absurde pour les Blancs de se considérer comme un peuple élu et comme une race intrinsèquement supérieure.
    Jordan Ngubane, A.P. Mda et William Nkomo ont parlé chacun à leur tour en soulignant l ’ émergence du nationalisme africain. Lembede a été élu président, Oliver Tambo secrétaire et Walter Sisulu trésorier. A.P. Mda, Jordan Ngubane, Lionel Majombozi, Congress Mbata, David Bopape et moi-même avons été élus au comité exécutif. Par la suite, de jeunes hommes éminents nous ont rejoints, comme Godfrey Pitje, un étudiant, devenu plus tard professeur puis avocat, Arthur Letele, Wilson Conco, Diliza Mji et Nthatho Motlana, tous médecins, Dan Tloome, un syndicaliste, Joe Matthews, Robert Sobukwe et Duma Nokwe, tous étudiants. On a vite créé des branches dans toutes les provinces.
    Les fondements politiques de la Ligue ne différaient pas de la première constitution de l ’ ANC, datant de 1912. Mais nous réaffirmions et soulignions ses principes d ’ origine, dont un grand nombre étaient passés à la trappe. Le nationalisme africain était notre cri de guerre, et notre credo la création d ’ une nation composée de différentes tribus, le renversement de la suprématie blanche et l ’ établissement d ’ une forme vraiment démocratique de gouvernement. Nous avons publié un manifeste nationaliste qui disait   : « Nous croyons que la libération nationale des Africains sera réalisée par les Africains eux-mêmes… La Ligue de la jeunesse du Congrès doit être un laboratoire d ’ idées et une source de force pour l ’ esprit du nationalisme africain. »
    Le manifeste rejetait définitivement la notion de tutelle, l ’ idée selon laquelle le gouvernement blanc défendait les intérêts des Africains. Nous citions la législation paralysante et anti-africaine des

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