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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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était non civilisé. Ce jour-là, Miss Mdingane m ’ a dit que mon nouveau prénom serait Nelson. Pourquoi m ’ a-t-elle attribué celui-là en particulier, je n ’ en ai aucune idée. Cela avait peut-être quelque chose à voir avec le grand capitaine Lord Nelson, mais ce n ’ est qu ’ une supposition.
    3
    Une nuit, alors que j ’ avais neuf ans, je me suis rendu compte d ’ une grande agitation dans la maison. Mon père, qui rendait visite tour à tour à ses épouses et qui, en général, passait chez nous une semaine par mois, venait d ’ arriver. Mais ce n ’ était pas sa date habituelle et on ne l ’ attendait que quelques jours plus tard. Je le trouvai dans la hutte de ma mère, allongé par terre sur le dos, au milieu de ce qui semblait être une quinte de toux sans fin. Même avec mes yeux d ’ enfant, je me suis rendu compte que ses jours étaient comptés. Il avait une sorte de maladie pulmonaire, mais elle n ’ avait pas été diagnostiquée parce que mon père n ’ était jamais allé voir un médecin. Il resta dans la hutte pendant plusieurs jours sans bouger ni parler et, une nuit, son état empira. Ma mère et la plus jeune épouse de mon père, Nodayimani, qui était venue s ’ installer chez nous, le soignaient   ; tard dans la nuit, il appela Nodayimani. « Apporte-moi mon tabac   », lui dit- il. Ma mère et Nodayimani se concertèrent et décidèrent qu ’ il n ’ était pas prudent de lui donner son tabac dans cet état. Mais il continua à le réclamer et finalement Nodayimani lui bourra sa pipe, l ’ alluma et la lui donna. Mon père fuma et se calma. Il fuma pendant une heure environ, puis, alors que sa pipe était encore allumée, il mourut.
    Je me souviens non d ’ avoir éprouvé un grand chagrin mais de m ’ être senti abandonné. Si ma mère était le centre de mon existence, je me définissais à travers mon père. Sa mort changea toute ma vie d ’ une façon que je ne pouvais soupçonner à l ’ époque. Après une courte période de deuil ma mère m ’ apprit que je quitterais bientôt Qunu. Je ne lui demandai pas pourquoi ni où j ’ irais.
    J ’ ai emballé les quelques affaires que je possédais et, un matin de bonne heure, nous sommes partis vers l ’ ouest, vers ma nouvelle résidence. J ’ avais moins de chagrin pour mon père que pour le monde que je quittais. Qunu était tout ce que je connaissais et je l ’ aimais sans réserve, comme un enfant aime le premier lieu où il a vécu. Avant de disparaître derrière les collines, je me suis retourné et j ’ ai regardé mon village pour ce que je croyais être la dernière fois. J ’ ai vu les huttes simples et les gens occupés à leurs corvées   ; le ruisseau dans lequel j ’ avais sauté et joué avec les autres garçons   ; les champs de maïs et les pâturages bien verts où les vaches et les moutons broutaient paresseusement. J ’ ai imaginé mes amis en train de chasser les oiseaux, de boire du lait au pis d ’ une vache, ou de s ’ amuser dans le réservoir au bout du ruisseau. Mais surtout, mes yeux sont restés fixés sur les trois huttes où j ’ avais connu l ’ amour et la protection de ma mère. Ces trois huttes, je les associais à tout mon bonheur, à la vie elle-même et j ’ ai regretté amèrement de ne pas les avoir embrassées avant de partir. Je ne pouvais imaginer que l ’ avenir vers lequel je marchais pourrait en tous points se comparer au passé que je quittais.
    Nous avons marché en silence jusqu ’ à ce que le soleil descende lentement à l ’ horizon. Mais le silence du cœur entre une mère et son enfant n ’ est jamais celui de la solitude. Ma mère et moi, nous ne parlions jamais beaucoup mais nous n ’ en avions pas besoin. Je n ’ ai jamais douté de son amour ni de son soutien. Ce fut un voyage épuisant, sur des chemins boueux et pierreux, en remontant et en descendant les collines, en traversant de nombreux villages, mais nous ne nous arrêtions pas. En fin d ’ après-midi, au fond d ’ une petite vallée entourée d ’ arbres, nous sommes arrivés dans un village au centre duquel se dressait une maison belle et spacieuse, qui était tellement plus grande que tout ce que j ’ avais connu que je ne pus qu ’ être émerveillé. L ’ ensemble des bâtiments comprenait deux iingxande  – maisons carrées  – et sept huttes imposantes, toutes blanchies à la chaux, ce qui les rendait éblouissantes même dans le soleil couchant. Il y

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