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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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pour la mémoire de Malcolm, quand j'aurai vidé le bureau, je ferai murer l'accès du cabinet de curiosités par O'Graney, qui construisit autrefois la salle souterraine sans en connaître la destination. Ainsi, personne ne pourra plus y pénétrer.
     
    – Ce sera le tombeau d'une folie de Malcolm, de nous seuls connue, admit Otti en prenant la main de son mari.
     
    – Peut-être que, dans un siècle ou deux, des archéologues, disciples de ce savant allemand, Heinrich Schliemann, qui fouille en Grèce les ruines de Troie, trouveront à Soledad matière à s'interroger sur la vie dans les West Indies au temps de la reine Victoria, augura Charles, badin.
     
    1 Tous les événements du passé, familiaux, politiques ou économiques, auxquels il sera fait référence ou allusion dans le présent volume ont été racontés dans le Pont de Buena Vista et Retour à Soledad , du même auteur, chez le même éditeur. Tous les mots français, anglais, voire déformés par les Indiens ou les Noirs, ayant une acception particulière, qui ont été précédemment définis dans les deux premiers tomes, figurent en fin de volume dans le glossaire (voir page 769). Chaque volume de la série peut néanmoins être lu séparément.
     
    2 Grover Stephen Cleveland, 1837-1908, membre du parti démocrate, élu maire de Buffalo en 1881, gouverneur de l'État de New York en 1882 puis, en 1885 et 1893, vingt-deuxième et vingt-quatrième président des États-Unis.
     
    3 Le phare n'entra en service que trois ans plus tard, en 1876.
     
    4 Le câble n'entra en service qu'en 1891.
     
    5 Dans ce volume, comme dans les précédents de cette série romanesque, les personnages emploient le mot nègre pour Noir, conformément à l'usage de l'époque.
     

2.
     
    Charles Desteyrac était informé des événements de France par la correspondance de sa mère, plus régulière depuis que la veuve du général de Saint-Forin vivait, presque en recluse, chez les sœurs visitandines, en raison de son grand âge et de la difficulté qu'elle avait à se déplacer. C'est par elle qu'il apprit, en février, la mort de Napoléon III, le 9 janvier, à Chislehurst, résidence anglaise de l'empereur déchu, dans le Kent.
     
    « L'empereur est mort ! En lui s'éteint une pensée pleine des destinées et de la grandeur de la France, un cœur dévoué à tous sans distinction, mais surtout aux faibles et aux pauvres », avait-elle écrit, citant un extrait de la nécrologie rédigée par Granier de Cassagnac dans le journal L'Ordre , organe des Bonapartistes.
     
    Car Mme de Saint-Forin restait fidèle à la mémoire de Louis Napoléon, même si le demi-frère de Charles, Octave de Saint-Forin, maintenant colonel, aide de camp du gouverneur de Paris, servait la république chancelante d'Adolphe Thiers.
     
    « La seule chose qui me chagrine, c'est qu'Octave semble se satisfaire du célibat. D'ailleurs, il n'accepte dans son état-major que de jeunes officiers célibataires et généralement beaux. » Cette précision avait fait sourire les Desteyrac.
     
    La mère de Charles n'avait jamais eu de sympathie pour Ounca Lou, la première épouse de son fils. Elle la tenait pour une demi-sauvage. En revanche, elle avait tout de suite adopté Ottilia. Le fait que celle-ci fût « une lady, fille de lord », la comblait d'aise et, dans ses lettres, la veuve du général ne manquait jamais d'ajouter un ou deux paragraphes aimables destinés à sa bru. Elle espérait, écrivait-elle, « pouvoir, avant de mourir, la rencontrer », ainsi que l'enfant de son fils, « bien qu'un des prénoms de ce garçon fût peu chrétien ».
     
    Le jour où, dans une nouvelle lettre, elle souhaita l'envoi d'une photographie du couple, Otti dut convaincre Charles de satisfaire à cette demande. Lors d'un voyage à Nassau, ils posèrent devant l'objectif du meilleur photographe de l'archipel et Ottilia adressa à sa belle-mère une épreuve où elle apparaissait souriante, au bras d'un mari renfrogné.
     
    Ottilia reçut, par retour du courrier, c'est-à-dire trois semaines plus tard, une courte mais chaleureuse lettre de Mme de Saint-Forin. Après des remerciements pour l'envoi de la photographie, la mère de Charles concluait : « Mon fils aîné, que je n'ai pas vu depuis plus de vingt ans, ressemble, ayant pris de l'âge, trait pour trait, à son défunt père, si j'en juge par son portrait où je retrouve le peu d'aménité des Desteyrac. Il a eu la chance de

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