Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
Artcliff.
     
    Eleanor intervint :
     
    – Il semble cependant que le beau poème d'Emma Lazarus, le Nouveau Colosse , ait stimulé les souscripteurs :
     
    C'est une torche, un phare, dont la flamme éclaire
    Des hautes cités jumelles le port jeté dans l'air 3 .
     
    – C'est surtout grâce à la campagne menée par le journaliste Joseph Pulitzer, dans le New York World , que les cent mille dollars qui manquaient pour l'achèvement du piédestal ont été réunis. Car la souscription publique n'avait rapporté, chez nous, que cent vingt-cinq mille dollars, précisa l'architecte 4 .
     
    – J'ai lu dans les journaux que la statue mesurera, des pieds au flambeau qu'elle brandit, quarante-deux mètres de haut et qu'en France tous les frais de construction – on dit deux cent cinquante mille dollars – ont été réunis grâce à une souscription dans laquelle le gouvernement français n'a eu aucune part, dit Pacal.
     
    – Je trouve que le symbole de la femme, portant le flambeau de la liberté, serrant sur son sein les tables de la loi et foulant aux pieds les chaînes de l'esclavage, constituera une promesse de bien-être et de sécurité pour les émigrants qui arriveront à Ellis Island. Une promesse que l'Amérique, qui n'a renoncé que depuis douze ans à l'esclavage, devra tenir, observa Thomas.
     

    L'architecte Alastair Gregory Artcliff étant fort handicapé par une difficulté à se mouvoir, due a une maladie des muscles, et les médecins laissant peu d'espoir d'amélioration, Thomas dut, une fois encore, renoncer aux vacances bahamiennes espérées depuis quatre ans.
     
    – Je vais devoir me mettre immédiatement au travail. Mon père malade est, de surcroît, miné par le souci que lui causent les chantiers, dont il a été contraint de s'éloigner, dit-il à Pacal, fort dépité.
     
    On se promit des lettres, voire des télégrammes, dès que la station en construction à Nassau serait en service et l' Arawak prit la mer pour les Bahamas.
     

    Une contrariété, vécue comme un drame par lord Simon, devait entacher les premières heures du retour des insulaires. La nouvelle leur fut annoncée, dès leur arrivée à Soledad, par le maître de l'île, venu accueillir le diplômé et ses parents, au port occidental.
     
    – Le Phoenix , mon bateau, en cale sèche depuis deux ans et qui venait d'être superbement restauré, a brûlé. Le brasero mal éteint d'un calfat qui avait, dans la journée, étalé le brai à l'intérieur de la carène, a mis le feu aux membrures, en pleine nuit. J'ai vu les flammes de mon balcon de Cornfield Manor. Oui, le Phoenix a fini en bûcher, mes amis. Colson s'est précipité, avec une foule d'îliens, pour tenter de juguler l'incendie, mais il n'a pu sauver que la figure de proue et, heureusement, la gouverne du Royal Charles , qui en 1660 ramena Charles II d'exil.
     
    – Et votre orgue à vapeur ? s'enquit Ottilia.
     
    – Une chance ! Il n'avait pas encore été remonté à bord, compléta le vieil homme d'un ton lamentable.
     
    Le Phoenix , le plus fin des trois-mâts jamais sorti des chantiers de la Mersey, avait été commandé en 1810 par Alister Cornfield, le père de Simon Leonard, mais n'avait été livré qu'après la mort du quatrième baronet Cornfield, tué en 1815, à la bataille de New Orleans. C'est pourquoi, plus qu'à tous les autres navires de sa flotte, lord Simon était attaché à ce voilier, dont les plans étaient l'œuvre de son père. Il avait pris possession du bateau, en même temps que du titre de cinquième baronet Cornfield, à l'âge de quatorze ans.
     
    Le même soir, au dîner de gala donné en l'honneur de Pacal, qui fêtait à la fois son diplôme et ses vingt ans, lord Simon, ayant retrouvé sa belle humeur, se dit prêt à révéler un projet auquel il réfléchissait depuis longtemps.
     
    Ayant obtenu le silence et fait emplir par Pibia les coupes de vin de Champagne, il s'éclaircit la voix, comme qui prépare une déclaration capitale.
     
    – Avant d'entrer dans la vie active, au côté de son père, je pense que Pacal, maintenant diplômé et majeur, doit faire son tour d'Europe, lança-t-il d'une voix forte.
     
    Une houle de murmures approbatifs, dominée par des exclamations enthousiastes, répondit à cette annonce.
     
    – Ayant connu la rusticité des Yankees, il doit découvrir une plus authentique et plus ancienne civilisation, parvint à ajouter le lord.
     
    –  Wonderful ! s'écria

Weitere Kostenlose Bücher