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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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de la liberté qui les ennoblit. Le commerce deviendra la source de la richesse publique et non pas seulement de l’opulence monstrueuse de quelques maisons.
    « Nous voulons, déclara Robespierre, substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands.
    — Joli pays ! dit Danton entre haut et bas. On s’y embêterait à en crever.
    — Ainsi, poursuivait Maximilien, un peuple aimable, frivole et misérable deviendra magnanime, puissant, heureux. Or, quelle nature de gouvernement peut réaliser ces prodiges ? Le seul gouvernement démocratique, dont le principe fondamental se trouve dans la vertu. La vertu n’est autre chose que l’amour de la patrie et de ses lois. Mais comme l’essence de la démocratie est l’égalité, il s’ensuit que l’amour de la patrie embrasse également l’amour de l’égalité. Donc, la première règle de la conduite politique d’un gouvernement républicain doit être le maintien de l’égalité et le développement de la vertu. Tout ce qui tend à élever les âmes, à diriger les passions du cœur humain vers l’intérêt public, doit être adopté ou établi. Tout ce qui tend à les concentrer dans l’abjection du moi personnel, à réveiller l’engouement pour les petites choses et le mépris des grandes, doit être rejeté ou réprimé. » Et Robespierre conclut fortement : « Dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire. »
    Le centre se joignit aux Robespierristes pour applaudir ce discours, en voter l’impression et l’envoi aux départements, aux sociétés populaires, aux armées. Les Dantonistes parurent le traiter par le mépris. Les Hébertistes contre-attaquèrent, aux Jacobins, en demandant qu’une délégation de la Société allât inviter la Convention à se purger des traîtres et à chasser les crapauds du Marais qui avaient essayé de gravir la Montagne. La motion était présentée par un certain Brichet, employé aux bureaux de la Guerre, un ami de Vincent. Robespierre se leva, et, tranchant, laissa tomber : « Le Marais s’unit aujourd’hui à la Montagne pour prendre des décisions salutaires et vigoureuses. Monsieur Brichet et ses semblables, si ardents à lutter contre des traîtres qu’ils ne désignent pas, sont eux-mêmes les premiers traîtres, en qualité d’agents des puissances étrangères. Je demande leur expulsion. » Il n’y allait plus par quatre chemins, la guerre contre les Hébertistes était déclarée. L’assistance frémit d’excitation. Comme Sentex protestait et dénonçait « un despotisme d’opinion par lequel la Société se laissait dominer », Maximilien, pareil à un chat en colère, répondit en réclamant l’expulsion de Sentex lui aussi, et l’obtint aussitôt avec celle de Brichet. Deux Hébertistes par terre ! Les amis du Père Duchesne devaient commencer de se sentir singulièrement mal à l’aise dans leur peau. Ils tentèrent de regagner du terrain en présentant au club la candidature de Vincent pour qui Momoro déploya tous ses efforts. Le dantoniste Dufourny la fit écarter.
    Claude n’avait pas assisté à ces débats, dont il recevait néanmoins maint écho. Le 27 pluviôse, Augustin Robespierre vint le prévenir que Maximilien était au lit, fort mal en point. Souberbielle lui interdisait tout travail et prescrivait impérativement une longue période de repos. Saint-Just avait été avisé de rentrer d’urgence à Paris. Par un fâcheux hasard, Couthon se trouvait également au lit. Il fallait que Claude prît la relève au club. Il y retourna donc, après être passé voir Maximilien.
    Mais les Hébertistes avaient renoncé à combattre dans l’enceinte des Jacobins. Ils s’étaient repliés sur leur forteresse, aux Cordeliers, où ils s’agitaient violemment. Cette violence verbale atteignit son paroxysme au cours d’une séance qui se tint dans le temple de la Raison, car le

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