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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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même. Échec à Robespierre, contre qui Hébert, sans le nommer, triompha dans son Père Duchesne.
    Le lendemain soir, le Théâtre de la République – le Théâtre-Français – donnait la première représentation d’une tragédie de Jean-Baptiste Legouvé : Epicharis et Néron, avec Talma dans le rôle du despote romain. Les membres des Comités avaient reçu des invitations. Claude était trop occupé pour perdre son temps de la sorte. Prieur et lui, harcelés par Saint-Just qui était là-bas sur place, s’efforçaient de réunir et diriger vers l’armée du Nord les fournitures indispensables à une offensive dont Pichegru se montrait tout aussi incapable que Jourdan, faute de matériel. Mais Maximilien alla au théâtre, Danton aussi et bien d’autres députés, les membres de la Commune et son procureur général, Chaumette. Il était avec Danton et Merlin de Thionville, dit à Claude, en revenant de la représentation, Jean Dubon qui avait emmené Gabrielle, Claudine et Lise. Jean ajouta : « Il y a un moment où les sénateurs se dressent et crient : Mort au tyran ! Aussitôt tous les Dantonistes ont applaudi avec frénésie en se tournant vers la loge d’avant-scène occupée par Robespierre pâle et agité. Il avançait et retirait sa petite mine, comme un serpent qui darde et rentre la tête.
    — Et Chaumette, que faisait-il ?
    — Chaumette ne bougeait pas. Il avait l’air fort mal à l’aise de se trouver pris là-dedans. »
    L’épithète de « tyran » avait été déjà lancée à Robespierre par les Hébertistes lorsqu’il avait, aux Jacobins, mis fin aux discussions personnelles, pour imposer l’examen des crimes du gouvernement anglais. Que les Dantonistes lui appliquassent à leur tour ce qualificatif, c’était la preuve, pour lui, de la secrète collusion entre les partis extrêmes. Il ne parla point de cet incident à Claude, mais l’avertit, lui et Couthon, qu’il préparait un rapport dans lequel il viserait les deux sortes d’extrémistes. Il le fit inscrire à l’ordre du jour de la Convention, pour le 17 pluviôse, sous le titre de Rapport sur les principes de morale à appliquer dans l’administration de la république. Il était temps, estimait Maximilien, de fixer le terme de la Révolution, les buts poursuivis par le gouvernement révolutionnaire, et de définir clairement ses ennemis.
    Lorsque, ce 5 février 94, il parut à la tribune, il semblait exténué. Le jour triste qu’il recevait en face, venant de haut, accusait sa pâleur, son amaigrissement. Pourtant, sous la chevelure poudrée à blanc, sa figure – que certains disaient de chat-tigre – s’enlevait avec vigueur devant l’estrade présidentielle marbrée, supportant la table à pieds de griffons. Il dressait sa petite taille, sous le regard de Danton nonchalamment carré à son banc, sur la Montagne.
    Ce fut à lui que Robespierre s’attaqua d’abord en dénonçant la malfaisance des Indulgents dans lesquels les royalistes mettaient tous leurs espoirs. Puis il flétrit-avec non moins de sévérité les démagogues, ces « faux révolutionnaires donnant beaucoup aux formes extérieures du patriotisme, mais aimant mieux user cent bonnets rouges que d’accomplir une bonne action. L’une de ces factions nous pousse à la faiblesse, l’autre aux excès. L’une veut changer la liberté en bacchante, l’autre en prostituée ». Toutes les deux s’opposaient à la marche du gouvernement révolutionnaire qui tendait à établir un État honnête et pur, non point à laisser la France s’enfoncer dans l’anarchie. « Il est temps de marquer le but auquel nous voulons arriver. Ce but, c’est la jouissance paisible de la liberté et de l’égalité, le règne de la justice. Pour y parvenir, il faut instaurer un régime qui produira les résultats suivants : toutes les passions basses et cruelles seront inconnues, toutes les passions bienfaisantes et généreuses seront éveillées par les lois. La seule ambition sera le désir de mériter la gloire et de servir la patrie. Les distinctions ne naîtront que de l’égalité même. Le citoyen sera soumis au magistrat, le magistrat au peuple, et le peuple à la justice. La patrie assurera le bien-être de chaque individu, et chaque individu jouira avec orgueil des richesses et de la gloire de la patrie. Toutes les âmes s’agrandiront par la communication continuelle des sentiments républicains. Les arts seront les décorations

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