Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
Vom Netzwerk:
coalition, ou tout serait à recommencer l’année prochaine. Je déteste la Terreur, mais j’estime qu’un système d’indulgence serait désastreux tant qu’il reste une conjuration dans l’Ouest, que Batz trouve des centaines de complices dans Paris. Réforme ta conduite, modère Bourdon et Camille, cesse d’attaquer sournoisement les Comités, alors je te mènerai à Robespierre, vous pourrez vous entendre. Pour le moment, une discussion entre vous tournerait fort mal. »
    Comme Danton insistait, Claude lui répondit carrément : « Écoute, Georges, tes malices sont cousues de trop gros fil. Ton discours, hier, était facile à comprendre, il signifiait ceci : Mes petits amis, vous avez fait la guerre, vous avez bien mérité de la nation. Dans l’intérêt de cette même nation, il est temps pour vous de céder la place à des hommes plus malins, c’est-à-dire Danton et sa bande. Et ce matin tu viens prétendre que tu veux te retirer à la campagne ! Allons, cesse ces finasseries ! je te le conseille avec tout ce qui me reste d’amitié pour toi. Tu es en danger, tu nous mets nous-mêmes en danger. Les patriotes rectilignes des Comités s’exaspèrent contre nous. Si Robespierre retirait la main qui te protège, toi et Camille, vous ne vivriez pas quarante-huit heures de plus.
    — Bah ! ces cochons-là ne m’effrayent point. Je suis plus fort qu’eux, j’ai plus d’un tour dans mon sac.
    — Tu en as trop. »
    Danton alla néanmoins chez Robespierre. Claude apprit qu’il s’y était fait conduire par Laignelot. Comme prévu, l’entretien avait très mal tourné. Les deux interlocuteurs en étaient arrivés à se voussoyer. Enfin, Danton déplorant la persistance du système de terreur où l’on confondait innocents et coupables, Robespierre lui avait aigrement répondu : « Eh ! qui vous dit que l’on ait fait périr un innocent ! » Sur quoi Danton, se tournant vers Laignelot : « Que penses-tu de ça, pas un innocent n’a péri ! » Il s’était retiré brusquement, oubliant qu’après les massacres de Septembre il avait lui-même affirmé à Brissot : « Pas un seul innocent n’a péri. »
    Pourtant, au Comité, Maximilien tenait tête à Billaud-Varenne qui réclamait celle de Danton. Aux Jacobins, il soutenait encore les Dantonistes en s’opposant à la libération de Vincent et de Ronsin, demandée par Léonard Bourdon – le Léopard, l’ennemi particulier de Louvet –, et il encourageait Legendre, en pleine bagarre avec Hébert. Retour de mission en Seine-et-Oise, l’ancien boucher avait subi victorieusement l’épreuve de l’épuration. Alors il s’était retourné contre le Père Duchesne qui l’avait traité de contre-révolutionnaire. « Il m’accuse de malveillance et de bêtise. La bêtise, ça m’est égal ; la malveillance, qu’il la prouve. » Hébert s’en montrant incapable, Legendre constata : « Il n’a pas craint de me diffamer à la tribune, c’est la manœuvre actuelle des ennemis de la république contre les patriotes. Hébert n’est qu’un vil intrigant. »
    Tout au long du débat, Legendre avait été applaudi. Il le fut plus encore lorsque, Momoro proposant que les deux adversaires échangeassent le baiser de paix, le gros boucher refusa. « Demande-t-on à Brutus d’embrasser César ? » s’écria-t-il, indigné. Legendre, Brutus : cela ne manquait pas de saveur. Personne ne rit, on l’acclama. Les Hébertistes pouvaient mesurer leur perte d’influence, ici, en un mois. Ils se rattrapaient dans leur fort : aux Cordeliers.
    Ceux-ci, le lendemain même, présentèrent à la Convention une requête pour la mise en liberté de Ronsin et de Vincent. Elle fut renvoyée au Comité de Sûreté générale pour rapport.
    Entre-temps, Danton était retourné chez Robespierre et la conversation entre eux redevenait plus cordiale. Mais ce pauvre Georges ne cessait d’accumuler sottise sur sottise. Il faisait là aussi le Cyclope, dans ce milieu tout confit en dévotion maximilienne. Il tenait des propos gaillards aux dames Duplay. Tournant Éléonore en héroïne antique, il l’avait surnommée Cornélie Copeau, et il en riait avec ses amis comme s’il ne s’imaginait pas que tout cela reviendrait aux oreilles des intéressés. Il disait de Maximilien certaines choses justes : « Robespierre porte en lui toutes les certitudes. J’aimerais mieux qu’il ne fût qu’un scélérat comme tant d’autres, il ferait

Weitere Kostenlose Bücher