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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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dans la salle de l’Égalité. Il devait y avoir moyen de descendre en s’accrochant aux reliefs de la façade. Descendre, courir, trouver les meurtriers, venger son frère !…
    Un quart d’heure plus tôt, Barras et Dubon avaient atteint la Grève illuminée par les lampions sur les corniches de la Maison commune et par les treize fenêtres du premier étage. La place était vide. L’Hôtel de ville, s’enlevant sur le fond d’ombre, avec ses colonnes plaquées, ses niches, ses sculptures, semblait sans défenseurs, hormis certains groupes de sectionnaires réunis sous chacune des arches, à un bout et à l’autre de l’édifice. Sur le perron de quelques marches, devant la porte centrale, on voyait une cohue de gens qui se bousculaient sous le porche, les uns, sans doute, voulant sortir, les autres refluant devant les soldats de la Convention. Les troupes de Bourdon tenaient toutes les issues et Dulac s’impatientait.
    « Où est Bourdon ? demanda Barras à Legendre.
    — Derrière, répondit l’ex-boucher. Il est parti pour occuper la rue du Martroi. Il y a déjà un instant.
    — Alors, donnons l’assaut », dit Barras.
    Sur son ordre, les têtes des colonnes avancèrent, sortant des rues. Les canonniers mirent leurs pièces en batterie. Dubon se porta devant le perron avec deux tambours et un piquet de grenadiers, fit faire un roulement et avertit les gens qui se pressaient sous le porche : « Citoyens, je représente ici la municipalité légale. Au nom de la loi, je vous somme de vous retirer vers les troupes…» Il n’eut pas le temps d’achever. Un homme, silhouette sombre, venait de sortir par une des fenêtres. Déchaussé, tenant ses souliers à la main, il se mit à courir sur le cordon de pierre, parmi les lampions qui lui envoyaient maintenant leur lumière au visage. « C’est Robespierre jeune ! » s’exclama Dulac. Augustin allait et venait d’un côté à l’autre en criant des choses que l’on n’entendait pas. Tout était fini, il ne vengerait même pas son frère. « Au nom de la loi ! » reprit Dubon. Augustin se précipita. Des clameurs s’élevèrent, il était tombé sur les citoyens encombrant le perron, dont il avait renversé plusieurs. Profitant du remous, Dulac s’élança, s’ouvrit un chemin à coup d’épaule. Dubon le suivit, suivi lui-même par les grenadiers. Rejetant de côté les gens qui encombraient les marches du grand escalier et le vestibule, ils parvinrent à la grande salle de la Liberté. Sous le plafond à l’italienne, les tribunes publiques, les gradins en hémicycle étaient déserts. Seuls restaient là une quinzaine d’obscurs municipaux médusés. Ils se laissèrent arrêter sans résistance. « Où est Robespierre ? leur demanda Dulac.
    — Mort. Il s’est brûlé la cervelle.
    — Où ça ?
    — Au Secrétariat. »
    Dubon y courut. Dans la salle de l’Égalité, vide, Robespierre était sur une chaise, effondré, le buste et la tête portant sur la table au milieu des papiers tachés du sang qui coulait de son visage, imbibait sa cravate. « Il vit encore », dit Dulac. Puis soudain, braquant son pistolet, et, de l’autre main relevant le tapis vert : « Sors de là, toi ! » Dumas, le président du Tribunal révolutionnaire, apparut, blême, tenant un flacon d’eau de mélisse. Dumas n’avait pas eu la force de s’enfuir, il se cachait sous la table. Il ne put dire où étaient passés les autres membres du Comité, il n’en savait rien, sinon que Saint-Just se trouvait à côté avec Le Bas mort. En effet, dans la petite salle communicante, Saint-Just veillait le corps de son ami.
    À l’étage au-dessus, des coups de feu éclataient. C’était Méda qui, une bougie à la main, un pistolet de l’autre, faisait avec ses deux gendarmes la chasse aux fugitifs dans les petits escaliers et les couloirs obscurs. Il venait de blesser au front Couthon qu’un compagnon peintre, Laroche, avait emporté sur son dos dans un cabinet noir. Les grenadiers, montant à présent en troupe, allèrent prêter main-forte aux gendarmes. Tout l’édifice se remplit d’un nouveau vacarme, de cris, de bruits de courses, du fracas de portes enfoncées.
    Au pavillon de Flore, on attendait les nouvelles. Ce fut Merlin de Thionville qui les apporta. La victoire était complète, dit-il. Sauf Coffinhal et Hanriot non encore retrouvés, on tenait tous les conspirateurs. Il annonça les suicides de Le Bas et des deux

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