Une histoire du Canada
approvisionnements d’eau contaminée.
en 1847, à Kingston seulement, mille quatre cents immigrants irlandais malchanceux qui ont échappé à la famine qui sévit dans leur pays sont victimes du typhus2. Les commerçants de fourrure et, par la suite, les bateaux à vapeur qui remontent les grandes rivières des plaines contribuent à la propagation à l’intérieur du continent des maladies d’origine européenne qui continuent de décimer la population autochtone ; le même phénomène se produit à mesure que les contacts avec la côte Ouest se multiplient.
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en fonction des normes ultérieures, les municipalités et les villes sont petites – en 1850, Halifax compte approximativement vingt mille habitants, Montréal, environ cinquante mille et toronto, vingt-cinq mille.
Leur taille n’est pas seulement limitée en raison du manque de population.
il existe de réelles restrictions à l’expansion des localités jusqu’à ce qu’on creuse des égouts pour les rejets, qu’un approvisionnement en eau fiable remplace les puits individuels et que le charbon remplace le bois comme source principale de chauffage. À toronto, les premiers égouts sont creusés dans les années 1830 et le gaz (fabriqué avec du charbon importé) servant à l’éclairage apparaît en 1840. en 1842, l’auteur britannique Charles dickens, qui est en tournée, complimente la ville pour « son énergie, ses affaires et sa mise en valeur ». On y trouve, dit-il à ses lecteurs, des rues pavées, des lampes à gaz et d’« excellents » magasins3. apparemment, dickens n’est pas empoisonné par l’eau, ni abattu par la maladie durant sa visite au Canada ; sur ce plan, il a de la chance. toronto, comme d’autres centres de population coloniale – saint-Jean, au nouveau-Brunswick est la première ville à agir
– cherche encore le moyen d’assurer un approvisionnement en eau sain et protégé grâce à des conduites de distribution privées4.
L’acheminement vers les villes des marchandises destinées à leurs
« excellents » magasins est également problématique en raison des difficultés en matière de transport. Les nécessités de tous les jours doivent être importées dans les villes par chariot sur des chemins qui sont tantôt boueux, tantôt poussiéreux, ou déchargées sur les rives sales de la baie de Fundy, du saint-Laurent ou des Grands Lacs. dans les anciennes zones de peuplement, il est de plus en plus difficile de se procurer du bois comme combustible et le transport vers la ville engorge les chemins coloniaux dégradés. évidemment, les jardins maraîchers et les autres fermes pourraient subvenir aux besoins locaux mais pour les cultivateurs, se rendre au marché représente toute une aventure.
dans les années 1830 et 1840, les gouvernements expérimentent l’aménagement des chemins. ils construisent des chemins de rondins ou envisagent les chaussées de macadam (du nom de l’ingénieur écossais Mcadam). ils engagent des entreprises pour la construction de routes à péage et de canaux bordés de débarcadères, de quais et de jetées. dans les provinces de l’atlantique, on n’a pas à se rendre jusque là ; en effet, le terrain de la nouvelle-écosse jonché de rochers et de tourbières représente un problème en lui-même pour ce qui est de relier une zone de peuplement à l’ autre. au-delà de la nouvelle-écosse, les forêts s’étendent sur des milles et des milles, ponctuées sporadiquement de peuplements qui se font de plus en plus rares avant de rejoindre la ligne de partage des eaux entre les vallées des fleuves saint-Jean et saint-Laurent.
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dans les provinces de l’atlantique, la croissance agricole atteint rapidement ses limites, même dans le Bas-Canada, où la dernière grande parcelle de terre arable, les Cantons de l’est, se sature. Le bois constitue la culture commerciale de cette région, comme presque partout ailleurs dans les provinces d’amérique du nord. il y a le bois de chauffage et le bois de construction. au nouveau-Brunswick et dans le Haut-Canada, les récoltes de bois d’œuvre et de bois de sciage approvisionnent l’urbanisation de la Grande-Bretagne, où la révolution industrielle est en plein essor et dont les besoins en matière d’approvisionnement outre-mer semblent illimités.
de ce fait, on assiste à une réorganisation de la population de la Grande-Bretagne : les agriculteurs
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