Une histoire du Canada
lors d’élections tenues en 1848, le Parti réformiste l’emporte sur ses adversaires conservateurs.
Le régime des partis canadien possède une caractéristique particulière qu’on ne trouve pas dans les autres provinces. dans le Bas-Canada, la politique a toujours eu une teinte raciale ou linguistique et la rébellion de 1837-1838, bien qu’elle n’ait pas été livrée seulement sur des bases linguistiques, a néanmoins fait plaisir à la majorité française de la province. aux lendemains de la rébellion, durham conseille officiellement de supprimer la langue française de la vie publique et encourage les francophones à adopter l’anglais, favorisant l’unité par le fait même. L’union du Bas et du Haut-Canada et la représentation égale des deux anciennes provinces au sein de l’assemblée législative constituent un premier pas dans cette direction.
Les réalités politiques des années 1840 dissipent les espoirs de durham en ce qui concerne l’uniformité linguistique mais justifient amplement ses idées au sujet de l’autonomie gouvernementale. Les réformistes du Haut-Canada, dirigés par robert Baldwin et Francis Hincks, et ceux du Bas-Canada, dirigés par Louis-Hippolyte La Fontaine, s’unissent pour s’opposer aux différents gouverneurs généraux et à leurs partisans à l’esprit conservateur. en 1848, à la suite d’une victoire électorale, Baldwin et LaFontaine sont nommés à la tête d’un gouvernement purement réformiste et ils doivent faire face à la crise qui suit l’adoption du libre-échange par la Grande-Bretagne. Le fait qu’ils aient réussi à le faire témoigne de la souplesse du gouvernement responsable et de la durabilité du régime des partis qui l’anime.
La transformation de l’empire n’est pas tout à fait complète. On a aboli les lois sur les céréales et les tarifs de protection mais les séquelles des 180
UnE HIsTOIRE dU Canada
lois sur la navigation, qui régissent « qui peut faire le commerce de quoi »
dans les colonies, se font sentir jusqu’en 18498. On les abandonne alors avec un certain empressement. d’aucuns croient qu’il s’agit d’une première étape vers l’élimination complète des provinces nord-américaines, et d’autres le craignent. Le sentiment voulant que ce qui est bon pour la Grande-Bretagne l’est également pour tous, en particulier les colonies, connaît un repli ; mais si la Grande-Bretagne ne gouverne plus les colonies directement, ne sont-elles tout simplement qu’un fardeau embêtant et coûteux ?
La Grande-Bretagne est toujours résolue à défendre ses provinces outre-mer mais pas à n’importe quel prix. en 1846, face à des revendications belligérantes des états-Unis, le gouvernement britannique consent à diviser l’Oregon le long du 49e parallèle ; l’autorité et le commerce britanniques se retirent dans l’île de vancouver. Cette brève crise concernant l’Oregon a pour effet de rappeler au gouvernement combien il lui coûterait cher de défendre ses possessions américaines et qu’il est heureux que le problème se soit réglé par la diplomatie plutôt que par les armes9. il est également heureux que les états-Unis ne soient guère intéressés par une guerre contre la Grande-Bretagne ; ils dirigent plutôt leurs énergies vers l’annexion du texas en 1845 et vers une guerre ultérieure contre le Mexique. indirectement, ces événements ont une grande importance pour le Canada étant donné que les états-Unis augmentent leur territoire, leur richesse et leur puissance
– pour la première fois, la population américaine est équivalente à celle de la Grande-Bretagne. Les dimensions et les capacités stratégiques relatives de l’amérique du nord britannique et des états-Unis sont déjà disproportionnées ; dorénavant, elles le demeureront.
À cette période comme à d’autres, décrire l’amérique du nord sur les plans « national » et « frontalier » prête à confusion dans une certaine mesure. La frontière signifie certaines choses mais sa fonction a des limites.
Les personnes traversent la frontière plus ou moins librement, tout comme les idées, la mode et les habitudes10. L’immigration en amérique du nord est un phénomène généralisé. Les immigrants traversent presque toujours l’atlantique en provenance de l’europe et en particulier des îles Britanniques.
Grâce aux lois sur la navigation et le commerce du bois d’œuvre, le trafic
Weitere Kostenlose Bücher