Une histoire du Canada
dériver vers une autre secte.
Quel que soit le critère utilisé, la tentative d’établir une église d’état
– l’église anglicane – échoue. dans les années 1830, les administrateurs coloniaux se résignent au fait que leurs sujets auront libre choix en matière de religion. La compulsion et le favoritisme étant écartés de l’équation religieuse, il y a place pour la coopération interconfessionnelle ou, de façon plus concrète, pour la neutralité entre les religions. La perspective d’une harmonie ou du moins de l’absence d’un conflit âpre permet d’envisager une évolution en ce qui a trait aux questions se rapportant à l’église, telle que l’enseignement.
d’un point de vue conceptuel, l’enseignement régulier, obligatoire et subventionné par les deniers publics a du succès mais il est difficile à mettre en application. toutes les colonies sont régies par certains types de lois scolaires. il en existe un modèle en irlande, en vertu duquel un réseau d’« écoles nationales » est établi et dont le programme d’études exclut strictement tout ce qui pourrait offenser les sectes chrétiennes d’irlande, catholiques ou protestantes. en irlande, les catholiques sont majoritaires mais en amérique du nord britannique, ils le sont seulement dans le Bas-Canada. ailleurs, la rigidité catholique affronte l’assertivité protestante.
Les politiciens doivent mettre en commun tout leur génie afin de camoufler le fait et il en résulte toute une série de compromis. dans la province du Canada, la législation, sous l’égide d’un politicien catholique, produit deux systèmes parallèles soutenus par l’état pour le Canada-Ouest. il existe un système public, réellement protestant, et un système catholique, connu sous le nom d’écoles « distinctes ». en nouvelle-écosse et au nouveau-Brunswick, les arrangements sont quelque peu différents mais le résultat est le même : quelques écoles sont catholiques et d’autres, protestantes.
8•decoloniesàprovinces
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L’UTiLiTé DU GOUVERnEmEnT
Les écoles sont évidemment destinées à inculquer la religion, ce qui sert l’intérêt de différentes églises, mais également à encourager les bonnes valeurs civiques, du patriotisme au comportement ordonné. dans les colonies, on aspire depuis toujours au bon ordre – les premiers colons accordent une grande importance à la loi et aux tribunaux pour ce qui est de régir l’indiscipline et de protéger la vie, la santé et les biens. au premier plan, une petite structure judiciaire s’occupe des cas les plus graves, souvent de la mauvaise façon, comme on a pu le constater (voir p. 124-125), mais l’ordre public est assuré en grande partie par des juges de paix locaux, des personnes éminentes qui n’ont pas peur de réglementer leurs voisins. Les magistrats locaux gèrent également les affaires des cantons, des districts et des pays – comme les chemins et les ponts.
La croissance démographique entraîne la coupe des forêts, l’étendue des cultures et l’augmentation de l’impôt de base. On ouvre des bureaux de poste non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les villages éloignés. Les canaux se multiplient le long du saint-Laurent et en 1829, un premier canal joint le lac érié et le lac Ontario, le canal Welland.
Les canaux sont parfois des projets gouvernementaux, construits par les pouvoirs publics et leur appartenant entièrement, et parfois des entreprises privées, fortement subventionnées. Les canaux sont rapidement dépassés par les chemins de fer, la merveille de l’époque qui, en fin de compte, sont également payés par le public compte tenu du fait qu’il n’y a pas suffisamment de voyageurs ni de marchandises lors des trajets de longue distance pour les financer. Heureusement, grâce au gouvernement responsable, les représentants des citoyens au sein des assemblées législatives, c’est-à-dire les politiciens, approuvent volontiers les impôts servant à financer les canaux et les chemins de fer et, selon toute logique, une classe politique florissante, plus ou moins différente, apparaît dans plusieurs colonies. La population en général n’a qu’elle-même à blâmer pour ce résultat ; naturellement, les politiciens lui servent de boucs émissaires.
Ce système convient aux partis successifs, qui sont manifestement doctrinaires et qui découlent des batailles idéologiques des années 1830.
il y
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