Une histoire du Canada
croissance perpétuelle du Grand tronc. de profits, il n’y a point mais plutôt la dépression et la guerre alors même que l’on s’apprête à achever les lignes. aussi bien le Grand Trunk Pacific que le Canadian Northern font faillite, laissant les investisseurs sans le moindre retour et le Canada avec un réseau d’acier qui ne pourra jamais espérer rembourser l’argent, sans parler des espoirs, de ceux qui y ont investi. (Le Grand tronc et le Canadian Northern fusionnent en un seul réseau gouvernemental, le Canadien national.) Bien des années plus tard, les quotidiens canadiens publieront encore à l’occasion une lettre d’un investisseur britannique floué réclamant justice.
il n’y a qu’une façon de s’en sortir : la nationalisation. Laurier quitte ses fonctions longtemps avant que le gouvernement canadien en vienne à cette issue. il peut se consoler en pensant que ce n’est pas sa politique ferroviaire qui a provoqué son départ. L’écheveau est trop dense pour que les électeurs parviennent à le démêler.
L’ESSOR écOnOmiqUE
Comme le montre cette épopée ferroviaire, dans les années 1900, le Canada est encore un avant-poste de la capitale britannique. il devient également en lui-même une source de capitaux et d’investissements. avant 1867, les colonies ont créé leurs propres banques, avec une fortune diverse.
Pour l’essentiel, la politique coloniale repose sur les faveurs octroyées par une banque en particulier ou l’inverse et l’on tient en haute estime cHEminS DE FER TRAnScOnTinEnTAUx, 1915
réseau du Grand tronc
Canadian northern
Canadien Pacifique
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UnE HIsTOIRE dU Canada
la position de la banque du gouvernement. À l’encontre des états-Unis, le Canada dispose d’un système bancaire avec des succursales, ce qui encourage la concentration et l’édification de banques plus puissantes, pas assez cependant pour éviter à certaines banques et à leurs déposants de connaître la ruine.
il n’existe pas de banque centrale, bien que, selon l’ Acte de l’Amérique du Nord britannique , les affaires bancaires relèvent sans le moindre conteste de la responsabilité du gouvernement du dominion. Les gouvernements, de ceux de Macdonald à ceux de Laurier en passant par les autres, s’en remettent aux conseils et aux fonds des banques canadiennes pour soutenir la vigueur du dollar et l’élan de l’économie. ainsi, lors d’un épisode de panique financière survenu en 1907, c’est la Banque de Montréal qui dit à Laurier ce qu’il doit faire et sur qui Ottawa se fie pour que le pays s’en tire sans ventes massives de sa monnaie. (sa devise n’appartient toutefois qu’en partie au gouvernement du dominion : les banques émettent aussi leurs propres billets.)
très tôt, les investisseurs canadiens, suivis par les banques, se mettent à se tourner vers l’étranger, vers les antilles et l’amérique latine surtout. il existe déjà un lien entre les provinces maritimes et les colonies britanniques et espagnoles des antilles (l’espagne conserve Cuba et le Porto rico jusqu’en 1898), qui repose non seulement sur le commerce de poisson mais aussi sur le sucre. La prospérité que Cuba retire de ce produit en fait un lieu d’investissement particulièrement attirant et, même après que la politique, la rébellion et la guerre aient enlevé du lustre aux placements cubains, il y a encore des profits à y faire. Les banques canadiennes créent des sociétés de services publics, des compagnies ferroviaires et des exploitations minières, en plus d’étendre le système bancaire. La Banque royale du Canada et la Banque de nouvelle-écosse, toutes deux de Halifax, deviennent des institutions prépondérantes dans les districts financiers de La Havane et d’autres villes9. dans certains pays, comme au Mexique, les investissements canadiens représentent une part importante et parfois prédominante des investissements « britanniques ». si, d’ordinaire, les gouvernements nationaux gardent l’œil sur les intérêts de leurs citoyens à l’étranger, ce n’est pas le cas du Canada :
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