Une histoire du Canada
ce sont des diplomates britanniques et non canadiens qui surveillent les investissements canadiens outre-mer10.
Les Britanniques investissent dans les chemins de fer, les services publics, les mines, les assurances, les sociétés d’hypothèques, les services bancaires11, les biens fonciers et même les bâtiments ; entre 1900 et 1913, avec les fonds américains, les investissements s’élèvent à 2,4 milliards $.
en 1913, les investissements britanniques représentent 75 pour cent des capitaux étrangers au Canada, une baisse par rapport aux 85 pour cent de 10•explosioneTmarasme,1896–1914
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1900. Quant aux capitaux états-uniens, ils représentent 21 pour cent, une hausse par rapport à 14 pour cent.
La différence entre les dépenses britanniques et américaines ne réside pas seulement dans leur montant. Les investissements britanniques sont principalement dirigés vers des prêts – sous forme d’obligations – aux gouvernements ou à de grandes entreprises comme la Grand Trunk Pacific ou la Canadian Northern . Ce sont des fonds britanniques qui servent à financer le nouveau réseau d’égouts de vancouver. et des fonds britanniques encore qui permettent de poser les voies qui amènent le Grand tronc par delà les rocheuses jusqu’à Prince rupert, dont la compagnie espère faire la solution de rechange au port de vancouver. Beaucoup de Canadiens investissent leur argent dans la Bank of British North America ou la Barclay’s Bank, qui appartiennent toutes deux à des Britanniques.
Ce que les Britanniques ne font essentiellement pas, c’est créer des succursales d’usines de fabrication, des filiales de sociétés étrangères permettant de franchir l’obstacle des tarifs douaniers de façon à produire des biens destinés au marché canadien. Leurs produits sont plus coûteux que les produits d’origine et on relève souvent un manque de variété en raison du manque de rentabilité pour les investisseurs étrangers de la fabrication de toutes les gammes de produits pour le petit marché canadien.
On ne peut cependant douter qu’en plus de produire leurs marchandises au Canada, ils créent des emplois.
Les succursales sont généralement américaines et leur création remonte, dans certains cas, au milieu du dix-neuvième siècle. il arrive que des américains viennent s’installer au Canada pour être proches de leurs investissements et qu’ils soient naturalisés avec leurs usines. C’est ainsi qu’une grande partie du commerce du bois d’œuvre passe de mains
« américaines » dans des mains « canadiennes », bien que les intérêts demeurent généralement les mêmes. Plus tard, on pourra dire la même chose d’une autre société, l’alcan ou Aluminium Company of Canada . On pense généralement que la Générale électrique du Canada est une filiale de la société américaine General Electric mais elle appartient en réalité à des intérêts canadiens jusque dans les années 1920. au fil du temps, dans certains secteurs industriels, des investisseurs américains rachètent les parts de Canadiens qui étaient au départ leurs associés. C’est le cas des nouveaux fabricants d’automobiles comme Ford et General Motors, qui ont leurs usines dans le sud de l’Ontario, à proximité des compagnies mères situées à detroit, de l’autre côté de la frontière.
Le gouvernement canadien réalise aussi des emprunts pour financer ses aventures ferroviaires, mais ses recettes ordinaires proviennent des taxes et impôts, dont les tarifs douaniers constituent la part la plus importante. Par 238
UnE HIsTOIRE dU Canada
l’entremise de son ministre des Finances, W.s. Fielding, le gouvernement Laurier fait preuve d’un grand esprit d’innovation en matière de tarifs.
tout d’abord, pressé de tendre la main à l’empire britannique, Laurier établit un tarif plus bas (« préférentiel ») sur les marchandises britanniques.
sur le coup, les Britanniques ne rendent pas la pareille mais le Canada maintiendra sa position pendant presque un siècle ; on peut dire que cette faveur survivra à l’empire lui-même. il y a donc trois niveaux de tarifs douaniers canadiens : les tarifs préférentiels britanniques, qui sont les plus bas : ceux de la « nation la plus favorisée », pour les pays avec lesquels le Canada a signé des traités commerciaux et, donc, fait des concessions sur les droits ; et finalement les tarifs « généraux », qui sont les plus
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