Une histoire du Canada
renoncent à leurs droits envers la colonie en échange d’une compensation non précisée et sans le moindre doute insuffisante. Un gouverneur est nommé. Un Conseil souverain consultatif est formé. L’évêque est, à tout le moins de façon temporaire, apaisé. Louis envoie un régiment de troupes régulières dans la colonie sous les ordres d’un commandant noble et d’expérience. et cela, promet Louis, n’est qu’un début.
C’est le début de la fin. Les premières colonies d’amérique du nord – françaises, anglaises et hollandaises – sont les fruits de la détermination publique et de l’entreprise privée. dans leur faiblesse, les états européens s’en sont remis à des particuliers et à des sociétés pour revendiquer, explorer et coloniser des territoires situés au-delà des océans.
attirés par la perspective d’une immense richesse, d’abord les trésors de l’Orient puis les profits de la traite des fourrures, des entrepreneurs ont pris des risques et ils ont failli perdre leur mise dans ces tentatives.
Mais la nouvelle-France a la chance que son fondateur, Champlain, était bien davantage qu’un visionnaire. son choix avisé de Québec comme base et capitale de la nouvelle-France a donné à la colonie une forteresse défendable, un climat rude mais sain et l’isolement par rapport aux colonies anglaises du sud. tous ces éléments porteront leurs fruits pour la nouvelle-France pendant le siècle suivant.
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Expansion et consolidation
La pêche à la morue à terre-neuve au dix-huitième siècle, avec des vigneaux sur le rivage.
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EnTre1663eT1713, l’équilibre des pouvoirs en amérique du nord bascule. au cours des années 1660, les colonies européennes situées le long de la côte est s’accrochent au rivage, dépendantes qu’elles sont des nations indiennes voisines pour leur sécurité et leur prospérité. il n’est plus question de simple survie, mais leur expansion future est fragile et incertaine.
Les événements survenus dans les années 1660 ont modifié la forme et l’avenir des établissements européens en amérique du nord, les transformant, de colonies pauvres mais dépendantes qu’ils étaient, coincés entre la crainte de la prochaine attaque indienne et l’attente de l’arrivée du prochain ravitaillement par vaisseau, en émanations provinciales des grandes puissances d’europe occidentale, la France et l’angleterre. Comme les événements survenus en europe occidentale à la fin du dix-septième siècle seront déterminants pour la suite des choses en amérique du nord, nous nous intéresserons à des circonstances qui échappent totalement au contrôle des établissements en amérique mais qui se révéleront essentiels pour le développement de cette dernière.
LA cOnTRiBUTiOn DE L’EUROpE
à L’éDiFicATiOn DE L’AméRiqUE
Le sort des colonies dépend des périodes de guerre et de paix.
Lorsqu’arrivent les années 1660, l’europe se trouve presque en permanence en état de crise depuis 150 ans, des guerres suscitées par la religion et l’ambition ayant dévasté le centre du continent. en France, un monarque a été assassiné – Henri iv en 1610 – et en angleterre, un roi, Charles ier, a été décapité en 1649, moment où l’on a établi une république. Les troubles de l’ordre ont préoccupé la France et les îles Britanniques pendant toutes les années 1640 et 1650.
dans ces circonstances, les gouvernements ont eu d’autres choses à faire que de se préoccuper de leurs colonies. Pourtant, à mesure que les guerres faisaient rage, les gouvernements ont compris qu’il était possible de mieux s’organiser pour mener une guerre plus efficace. Plus tard, la cessation presque simultanée des troubles de l’ordre public en France et en angleterre après 1660 offre aux gouvernements l’occasion de se renforcer en vue d’autres guerres éventuelles. simultanément aussi, les gouvernements commencent à imaginer une façon d’utiliser leurs colonies.
C’est la stabilité nationale qui s’impose en premier. ne sachant plus à quel saint se vouer dans les années 1659 et 1660, le gouvernement républicain anglais négocie le retour de la monarchie sous les traits du fils 39
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UnE HIsTOIRE dU Canada
du roi exécuté, Charles ier. Charles ii quitte sa terre d’exil, la France, et la cour de son cousin, Louis Xiv, pour rentrer à Londres en mai 1660. il déclare ne plus vouloir repartir
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