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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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qui privent sans le moindre doute la colonie d’une main-d’œuvre rare et qui, bien pire encore, donnent un mauvais exemple pour la jeunesse agitée ; en revanche, peut-être l’absence des coureurs des bois fait-elle de la nouvelle-France un lieu plus paisible et ordonné, mieux adapté aux sujets d’un monarque autoritaire.
    L’autoritarisme du dix-septième siècle peut être – et est en réalité –
    cruel et capricieux, et en tire une bonne partie de sa force. d’autre part, l’autorité est loin, l’atlantique est vaste, et, même en nouvelle-France, les déplacements sont pénibles et ennuyeux. Comme l’apprendront des générations de Canadiens, le pouvoir judiciaire du roi s’arrête à l’orée des bois, au-delà de laquelle s’ouvre un univers très différent. Mais, en fait, à qui appartient le pouvoir en nouvelle-France ? il y a un gouverneur, c’est exact, mais il est nommé par la Compagnie des Cent associés, qui exerce une vague compétence sur la colonie. Cette dernière est davantage qu’une société de pelleteries ; il y a les commerçants en fourrures eux-mêmes et quelques agriculteurs. il y a aussi l’église.
    La nouvelle-France est destinée à devenir un monument au catholicisme exclusif. Cette notion revêt un certain sens vu les guerres de religion qui divisent la France au seizième siècle et l’allemagne au dix-septième siècle. Pourquoi s’encombrer de différences religieuses alors que des restrictions simples permettront de préserver l’homogénéité spirituelle de la colonie ?
    Mais garder la nouvelle-France strictement catholique ne peut empêcher les conflits religieux ; cela ne fait que la redéfinir. On observe des rivalités entre les ordres missionnaires catholiques : les récollets, les sulpiciens et les Jésuites. il y a les membres du clergé « séculiers », c’est-à-
    dire les prêtres ordinaires vivant en dehors de leur ordre. il y a les religieuses, qui s’arrangent pour mener une existence autonome dans une société sinon 2•Terreàcoloniser
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    dominée par les hommes. et il y a la question de savoir comment il faut gouverner l’église et quelle incidence cela aura sur le gouvernement.
    Contrairement à ce que laisse entendre la légende protestante, le catholicisme français n’est nullement asservi au Pape à rome. La monarchie française garde un œil jaloux sur l’église de France et s’est assurée d’avoir l’autorité sur elle. Les cardinaux, les évêques, les prêtres, les moines et les religieuses sont tous des sujets de la monarchie et se plient plus ou moins à la volonté du roi. rome, pas plus que certains membres du clergé français, ne trouve cette situation agréable.
    Petit-fils de protestant, Louis Xiv insiste particulièrement pour garder la main haute sur le clergé français et cela, bien qu’il soit à bien des égards un catholique extrêmement dévot et désireux de protéger et d’élargir le rayonnement de l’église en France et à l’étranger. son expulsion de nombreux protestants français (pas tous cependant) fournit aux colonies anglaises et à l’angleterre elle-même des travailleurs zélés, tandis que l’appui qu’il accorde aux prétendants catholiques au trône d’angleterre contribuera à entraîner son pays dans des guerres qui auront une incidence directe sur l’avenir de la nouvelle-France.
    Le représentant le plus direct du catholicisme en nouvelle-France est François de Laval. il représente la section du catholicisme davantage portée à garder ses distances par rapport au roi, ou a s’en éloigner, et à maintenir un maximum d’indépendance pour l’église par rapport au pouvoir séculier. Laval n’est pas nommé à Québec en 1658 à titre d’évêque ordinaire, qui devrait être choisi par le roi et se trouver sous son autorité, mais bien à titre de vicaire général, nommé par le Pape, avec le rang et le statut d’évêque5.
    À titre de symbole de son pouvoir et de son statut, Laval insiste sur le fait que, lors des cérémonies religieuses, il précède le gouverneur, au grand dam de ce dernier. Les deux éminences se mettent à se quereller et à manigancer ; il y a donc deux pôles dans la politique coloniale : un pôle religieux et l’autre séculier, le premier détournant son regard du monarque à Paris pour le porter sur un univers situé au-delà des alpes, en italie ; c’est de cette conception transalpine que vient le terme « ultramontain »,

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