Une histoire du Canada
puissance nationale.
sur la plan de l’équilibre des forces en europe, la France jouit d’un avantage : elle compte la plus vaste population de tous les états d’europe occidentale et d’europe centrale, a des frontières logiques et en grande partie défendables et, grâce à la fermeté du gouvernement de Louis, elle connaît la paix à l’intérieur de ses frontières. La population soutient une grande armée, comptant des centaines de milliers d’hommes, la plus grande armée en europe occidentale depuis l’empire romain. vu l’abondance des ressources financières – et, avec le temps, celle des impôts prélevés –, le roi peut payer, nourrir et habiller ses troupes en uniforme, ce qui a des effets bénéfiques sur l’obéissance et la discipline.
Le territoire français s’étend rapidement, et l’influence française plus encore. il y a même une petite guerre avec le cousin Charles ii d’angleterre, de l’aveu général, une tentative sans conviction de soutenir l’allier temporaire de Louis, les Pays-Bas, en 1665-1667. Heureusement, Louis n’est pas en mesure d’attaquer les îles Britanniques : ses ambitions sont autres et ses armées de plus en plus puissantes et professionnelles marchent vers là où l’ambition et la gloire le lui dictent. en ce qui a trait aux colonies, la guerre est à moitié terminée avant que les pouvoirs coloniaux, anglais ou français, sachent même qu’elle a été déclenchée.
Cette guerre ne donne donc pas lieu à de graves hostilités entre la France et l’angleterre en amérique, mais elle transforme la géographie 42
UnE HIsTOIRE dU Canada
politique des régions côtières nord-américaines, au détriment de la nouvelle-France. Une expédition anglaise pénètre dans le port de new amsterdam, oblige la colonie hollandaise à se rendre et s’en approprie au nom de la couronne d’angleterre. rebaptisée new York, la ville et la colonie alentour deviennent province anglaise, reliant la nouvelle-angleterre au new Jersey (une autre acquisition). new York n’est pas la dernière expansion anglaise en amérique : sous Charles ii, de nouvelles colonies se créent en Pennsylvanie et en Caroline du nord et du sud – leurs noms leur viennent bien sûr de celui du roi.
Les Carolines et la virginie sont des régions éloignées, mais pas new York, et sa situation géographique est importante car le fleuve Hudson permet aux navires et aux approvisionnements de se rendre jusqu’à la frontière de la nouvelle-France. et le long de cette frontière vivent les iroquois, qui maintiennent en permanence un sentiment de peur au sein de la colonie.
LA DipLOmATiE inDiEnnE
Pour la nouvelle-France, Louis et son ministre Colbert ont recours à une stratégie à trois volets. Le premier consiste à l’intégrer dans l’état français. C’est ainsi qu’en 1663, la nouvelle-France devient une province royale, comme les autres provinces de la France européenne, et on y envoie un gouverneur royal comme représentant du roi. Mais en conformité avec la conception que Louis a de l’absolutisme, même l’autorité des fonctionnaires très importants est strictement limitée. C’est particulièrement le cas des gouverneurs provinciaux, choisis parmi la noblesse, des hommes d’honneur et de dignité, certes, mais auxquels on ne peut confier de pouvoir illimité.
C’est l’intendant, second fonctionnaire royal, qui détient le véritable pouvoir : il gère les finances, la politique économique et les affaires civiles en général, y compris la justice et les tribunaux. enfin, il y a le pouvoir spirituel, l’évêque, en rivalité avec le gouverneur et dont l’autorité porte sur des domaines comme la morale et l’éducation. Les fonctionnaires qui offensent l’évêque risquent l’excommunication de l’église, situation qui, sous le règne du pieux Louis Xiv, n’est guère susceptible de donner lieu à une promotion et peut facilement déboucher sur un sort bien pire encore. L’évêque représente aussi un lien avec le gouvernement : l’unité fondamentale de l’organisation en France étant la paroisse, le prêtre de la paroisse prend une certaine importance en tant que lien avec l’évêque et la capitale en servant de source d’information ou de canal de communication.
À son mieux, l’administration de la nouvelle-France peut se décrire comme étant en état de tension créatrice. À son pire, le double pouvoir en
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