Une histoire du Canada
colonie. Ça, on peut en être sûr, mais les historiens modernes n’arrivent pas encore à s’entendre sur les raisons de cette transformation de la colonie et les effets de cette évolution. À l’aube du dix-neuvième siècle, vers 1800, le Bas-Canada était un grand producteur de blé avec un excédent substantiel qu’il pouvait exporter. dans les année 1820, ce n’est plus vrai et les agriculteurs délaissent le blé en faveur de la polyculture23.
La pression démographique est forte également, ce qui provoque la division des fermes et l’expansion de l’exploitation agricole vers des terres périphériques. La terre s’étant appauvrie en raison de la surproduction, certaines fermes anciennes deviennent également marginales. il se peut aussi que le type de blé cultivé pose problème : ce n’est que plus tard au cours du siècle que des variétés de blé plus résistantes, mieux adaptées au climat canadien se développent. il n’existe pas non plus de preuve concluante à l’effet que les méthodes d’agriculture au Bas-Canada diffèrent énormément de celles de la concurrence au Haut-Canada ou en nouvelle-angleterre ni qu’elles sont pires. autrement dit, il n’existe pas de preuve concluante que les agriculteurs canadiens-français sont pires en affaires que les anglophones et l’on ne s’attend pas à en trouver un jour.
On peut dire que la production de blé stagne plutôt qu’elle ne disparaît, mais cela semble entraîner une baisse du niveau de vie sinon d’importantes difficultés économiques dans certaines parties de la province.
selon certains historiens, la radicalisation de la politique bas-canadienne dans les années 1830 est attribuable à une crise économique, mais la faille de cette analyse est que la radicalisation ne s’étend pas à toutes les régions agricoles appauvries et certainement pas à tous les agriculteurs appauvris.
en effet, tous ne prennent pas les armes quand la politique fait place à la violence en 1837-1838.
On ne peut en tout cas pas parler de stagnation dans le cas des villes du Bas-Canada, en particulier dans celui de Montréal. À mesure que l’économie bas-canadienne connaît la prospérité pendant les guerres de napoléon et que le Haut-Canada voit croître sa richesse et sa population, Montréal s’impose comme centre commercial et financier et point de distribution du bassin du saint-Laurent ; les membres de son élite commerciale n’éprouvent aucune difficulté à effectuer la transition de marchands de pelleteries à commerçants, banquiers et fabricants. Québec 7•TransformaTionseTrelaTions,1815–1840
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est trop isolée et son arrière-pays agricole est limité dans l’espace, tandis que Montréal est situé à l’endroit exact ou à proximité du confluent de trois grands cours d’eau, le saint-Laurent, la rivière des Outaouais et le richelieu. La ville se transforme en un entrepôt qui dessert la province du haut. Canaux et bateaux à vapeur lui facilitent la tâche, de sorte qu’à la fin des années 1820, les communications par terre et par eau en amont et en aval du fleuve et des deux rivières sont régulières24.
encouragés par cette prospérité, des consortiums de commerçants montréalais fondent la Banque de Montréal en 1817 et l’Université McGill en 1821. La ville s’étend vers le nord-ouest ; ses nouvelles artères sont plus larges ; et les visiteurs sont impressionnés par ses édifices de pierre. de passage dans la ville en 1819, edward silliman, géologue à l’Université de Yale au Connecticut, écrit qu’il « s’est trouvé très chanceux de pénétrer, pour la première fois, dans une ville américaine bâtie en pierre ». Les demeures des nouveaux commerçants, s’exclame-t-il, sont « joliment taillées et très belles, et elles seraient des ornements dans la Cité de Londres ». (dans les rues proches du port, on retrouve encore intacts certains panoramas du début du dix-neuvième siècle.) À l’époque où silliman livre ses impressions, il est trop tôt pour décrire l’impressionnante église notre-dame, construite entre 1824 et 1829, qui est à ce moment le plus grand édifice d’amérique du nord britannique, si l’on excepte les forteresses. La ville des marchands devient la plus grande en amérique du nord britannique, statut qui lui vaut d’être dotée d’un maire et d’un conseil municipal en 183225.
C’est une ville agitée, divisée par les langues, les
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