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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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s’enlever la poussière des yeux : impossible de bouger avant d’y voir clair. Et, pendant ce bref instant, tous les sens essaient d’analyser ce qui vient de se passer.
    Les premiers cris sont poussés par les passants. Ils sont en état de choc, mais heureux de réaliser qu’ils ont encore du souffle pour hurler. Ensuite, on croit entendre d’autres cris provenir de l’amas de décombres, mais il est difficile de s’en assurer au milieu du vacarme. Heureusement, la panique finit par se calmer, et quelqu’un se charge d’organiser les secours. C’est toujours le cas.
    Question d’habitude. À Rome, il n’est pas rare qu’un immeuble s’écroule.
    La nouvelle se propage rapidement dans le voisinage. Le bruit s’en charge. En un rien de temps, des hommes se précipitent avec des pelles et des étais. D’autres suivent avec des charrettes, des grappins, des brouettes, empruntés au premier chantier de construction venu. Ils fabriquent des brancards et des palans à la hâte. Si les gens présents sur le lieu de la catastrophe savent que l’immeuble est habité, ils n’attendent pas les pelles ; ils commencent à creuser avec les mains nues. Cela ne sert pas à grand-chose, mais comment rester planté là sans rien faire ?
    Tout ce dont j’avais à me préoccuper, c’étaient deux gâteaux dans un chapeau rempli de poussière. Je posai le tout sur le seuil d’une porte voisine et, d’un geste symbolique, j’étendis mon manteau par-dessus. C’était pour m’obliger à réagir.
    Reste où tu es… Ne bouge surtout pas. Reste où tu es, et attends-moi !
     
    J’eus l’impression que je mettais des heures à atteindre l’endroit où s’élevait notre appartement. J’avais conscience que d’autres avançaient avec moi. Quand une telle catastrophe se produit, même les étrangers font tout ce qu’ils peuvent.
    J’avais envie de hurler. J’avais envie de rugir. Je n’avais pas la force de prononcer son nom. Quelqu’un poussa un cri, rien qu’un cri, pour signaler que nous étions à pied d’œuvre. Nous restions plantés devant les gravats qui finissaient de se stabiliser. C’est la procédure à suivre : crier ou taper sur un objet quelconque, puis écouter. Ensuite, il faut se mettre à sonder les éboulis avec prudence. Avec beaucoup de chance, on creuse en direction de quelqu’un. Mais, de toute façon, il faut déblayer, arracher des poutres entières comme s’il s’agissait de bûches pour le feu, soulever des portes encore fixées au chambranle, retourner des montagnes de débris anonymes qui n’ont plus aucune ressemblance avec ce qu’ils étaient censés représenter à l’origine. Tout baigne dans des nuages de poussière. Des formes anonymes se déplacent. Soudain, vos bottes s’enfoncent dans le tas de plâtras sur lequel vous vous teniez, soulevant encore davantage de poussière, et votre cœur s’arrête de battre. Un énorme clou, aussi brillant que le jour où on l’a enfoncé, vous érafle le genou. Vos mains, qui ne cessent de s’écorcher sur les briques et le mortier, sont en lambeaux. Votre sueur parvient à peine à se frayer un chemin à travers l’épaisse couche de plâtre qui vous recouvre de la tête aux pieds et raidit vos vêtements. Vous ne pourrez plus jamais remettre vos bottes : elles sont complètement fichues. À travers leurs déchirures, vos orteils et vos chevilles saignent. Vous arrivez difficilement à respirer.
    Je travaillais sans adresser la parole à personne. Les étrangers qui m’entouraient avaient dû comprendre que j’étais du coin. Quand les premières pelles firent leur apparition, j’en attrapai une immédiatement. J’estimais avoir priorité sur tous les autres. À un certain moment, de nouveaux signes d’effondrement nous obligèrent tous à sauter en arrière. Je pris alors l’initiative de coordonner la pose des étais. J’avais été dans l’armée, et on m’avait appris à prendre le commandement des civils, qui courent toujours en rond comme des poulets affolés. Même quand se produit une catastrophe, il faut essayer de garder les pieds sur terre. Et, en supposant que je l’aie perdue, c’est ce qu’Helena attendrait de moi. Oui, elle souhaiterait que je fasse tout mon possible pour essayer de sauver quelqu’un d’autre. Et si elle était là, du moins étais-je près d’elle. J’étais prêt à rester toute la nuit ici s’il le fallait. Je ne partirais pas avant de savoir où elle se

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