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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Mon sifflet. Elle s’arrêta net.
    Je m’étais déjà relevé. Elle m’avait entendu, mais elle n’avait pas encore pu repérer où je me trouvais. Elle me découvrit enfin. Ce n’était plus du tout nécessaire, mais je me mis à hurler : « Helena ! » Son nom parvenait enfin à franchir mes lèvres.
    — Ma chérie, ma chérie ! Je suis ici !
    Elle se jeta dans mes bras. Helena, toute chaude, vivante ! Le pain s’émietta entre nous deux. Je saisis son crâne entre mes paumes ouvertes. J’avais l’impression de tenir le plus précieux des trésors.
    — Helena, Helena, Helena…
    Je m’étais abîmé les mains en retournant les gravats pour la retrouver, et ses cheveux s’accrochaient à mes doigts rugueux. Et elle était là, dans mes bras, tirée à quatre épingles. Pendant un bref instant, elle avait cru m’avoir perdu, et elle sanglotait sans pouvoir s’arrêter.
    — Helena, Helena, quand l’immeuble s’est écroulé sous mes yeux, j’ai cru…
    — Je sais ce que tu as cru.
    — Je t’avais dit de ne pas bouger, de m’attendre.
    — Oh ! Didius Falco, dit Helena, en sanglotant de plus belle, tu sais bien que je ne fais jamais attention à ce que tu dis !

42
    Des inconnus nous tapaient dans le dos. Des femmes embrassaient Helena. J’avais voulu retourner sonder les décombres, mais la foule en avait décidé autrement. Nous fûmes entraînés dans une taverne où un flacon de vin apparut devant nous – pour ma plus grande satisfaction –, ainsi que des pâtés chauds, dont je me serais volontiers passé. Quelqu’un avait même pensé à m’apporter mon chapeau et mon manteau. Puis, avec la délicatesse dont savent faire preuve les étrangers sur la scène d’une catastrophe, ils nous laissèrent seuls.
    Helena et moi nous tenions assis, nos deux têtes serrées l’une contre l’autre. Nous parlions à peine. Il n’y avait rien à dire. Nous partagions l’un de ces moments d’intense émotion qui vous laissent deviner que plus rien ne sera jamais pareil.
    Une voix que je connaissais troubla soudain ma concentration, alors que presque rien d’autre n’aurait pu le faire. Je me retournai. Un homme aux yeux ensommeillés, vêtu d’une tunique rayée marron et vert, venait de se commander une boisson. Il se tenait discrètement dans l’ombre de l’auvent et regardait dehors bouche bée. C’était l’agent immobilier Cossus.
    Quand je vins me planter devant lui, on ne l’avait pas encore servi. En me voyant surgir couvert de poussière, il dut me prendre tout d’abord pour un esprit malin tout droit venu de chez Hadès. Il fut si surpris qu’il n’eut pas le temps de s’esquiver.
    — C’est justement toi que je voulais voir ! m’écriai-je, en lui plantant mon coude dans les côtes. (Je l’attirai à l’intérieur.) Si tu as envie de boire, Cossus, viens donc boire avec nous.
    Helena s’était installée sur le banc le plus proche, alors j’obligeai Cossus à prendre l’autre. Il y avait une table devant, mais je le soulevai, le glissai de côté, et le laissai retomber sur le siège. Prenant appui d’une main sur la table, je sautai par-dessus pour venir m’installer à cheval sur son banc. Un violent hoquet s’empara de lui.
    — Helena, je te présente Cossus, l’aimable garçon qui représente les intérêts de notre propriétaire. Reste assis, Cossus. (Il venait d’essayer de se relever, mais obéit immédiatement.) Tiens, bois un coup !
    Je l’attrapai par les cheveux, lui plaquai la tête contre moi et, saisissant le flacon, je lui versai tout ce qu’il contenait encore sur le visage.
    Helena ne fit pas un geste. Elle avait certainement compris que ce vin n’était pas buvable.
    — Maintenant que tu as bu, Cossus, continuai-je du même ton faussement amical, je vais te tuer !
    Helena tendit le bras vers moi à travers la table.
    — Je t’en prie, Marcus… (Cossus lui jeta un regard de côté exprimant toute la gratitude dont est capable un agent immobilier.) Si c’est bien l’homme qui était responsable de notre immeuble, poursuivit-elle sans jamais élever sa voix distinguée, j’aimerais pouvoir le tuer moi-même !
    Cossus laissa échapper un couinement. Le ton aristocratique et la diction précise d’Helena Justina étaient bien plus effrayants que mes vociférations. Je le relâchai. Il se redressa en se massant le cou. Puis il balaya la salle des yeux à la recherche d’un quelconque secours. Il ne vit que des

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