Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
trouvait.
    Ce n’était pas encore le moment de donner libre cours à mes sentiments. Je le ferais le plus tard possible. Et je n’étais pas sûr de pouvoir supporter ce que mon cerveau essayait de me communiquer.
     
    Quand ils trouvèrent le corps de la femme, il se fit un grand silence. Je n’ai jamais su qui avait prononcé mon nom. Un espace se libéra. Je m’y dirigeai en trébuchant, et me forçai à regarder. Ils attendaient tous, les yeux fixés sur moi. Des mains me tapotèrent le dos.
    Elle était grise. Robe grise, peau grise, cheveux gris tressés recouverts de plâtre et de fragments divers. Un cadavre poussiéreux. Tellement enduit de saletés diverses qu’il pouvait s’agir de n’importe qui.
    Pas de boucles d’oreilles. Et le dessin du lobe ne correspondait pas. D’ailleurs, il n’était pas percé. Je hochai négativement la tête.
    — Mon amie est grande.
    Même avant d’y regarder de plus près, j’étais certain que sous la poussière, les cheveux de la femme seraient gris. Et ils n’étaient pas épais, la tresse faisait tout juste la taille de mon petit doigt et n’était pas très longue. Quand Helena se coiffait de cette façon, elle obtenait une tresse touffue qui lui descendait jusqu’à la taille.
    Quelqu’un étala un foulard sur son visage.
    — Ça doit être la vieille du dernier étage, dit une voix.
    Celle qui m’avait si souvent maudit.
    Je me remis au travail.
    Mais cette découverte m’avait accablé. Je commençais à m’imaginer ce que j’allais découvrir.
    Au bout d’un moment, je fis une pause, le temps d’éponger la sueur qui délayait la poussière dont j’étais maculé. Quelqu’un qui avait plus de volonté que moi me prit la pelle des mains, et je m’écartai pour qu’il puisse attaquer le tas de décombres sur lequel je me tenais jusqu’alors. Pendant ces quelques instants d’oisiveté, mon œil accrocha un objet familier.
    C’était la poignée d’un panier d’osier. Je venais de reconnaître le raphia noir brillant dont ma mère l’avait entortillée pour maintenir les brins d’osier cassés. Je m’empressai de l’extraire des gravats. Je venais de retrouver un objet qui m’appartenait. J’avais l’habitude de le suspendre près de la porte de notre salle de séjour.
    Je m’éloignai un peu. Quelqu’un, qui venait de penser à la gorge desséchée des sauveteurs, faisait circuler des boissons. Je me retrouvai avec un gobelet à la main. Il n’y avait nulle part où s’asseoir. Je m’accroupis sur mes talons, pour avaler le bienfaisant liquide. Ensuite, je regardai dans le panier. Peu de choses. Mais c’était tout ce qu’il me restait. La fierté de notre ménage : dix cuillères de bronze qui m’avaient été offertes par Helena (Elle avait refusé que je continue à les cacher dans mon matelas, maintenant que nous les utilisions tous les jours.) ; un plat appartenant à ma mère, et que j’avais mis de côté pour le lui rendre ; mes plus belles bottes, pour les protéger du perroquet… et une râpe à fromage.
    Je me demandais bien ce que cette râpe à fromage faisait là. Et je ne pourrais plus jamais obtenir la réponse. Et ce n’est pas la seule question qui resterait sans réponse. C’est là un des aspects les plus terribles de la mort.
    Je replaçai le tout dans le panier et enfilai mon bras dans l’anse jusqu’à l’épaule. Puis, mon courage m’abandonna. Je ne voyais plus aucune raison de faire semblant. J’enfouis ma tête dans le creux de mon coude en essayant de faire le vide en moi.
    Quelqu’un me secoua par l’épaule. Quelqu’un qui devait me connaître, ou bien elle, ou les deux. Furieux, je relevai la tête. Il se contenta de pointer son doigt.
    Une femme venait de tourner au coin de la rue, comme je l’avais fait peu de temps auparavant. Elle portait un énorme pain rond dans ses bras. Elle avait dû sortir faire des courses pour le déjeuner, et elle rentrait à la maison.
    La maison n’était plus là. Elle s’arrêta. Elle semblait penser que, par étourderie, elle n’avait pas pris la bonne rue. Mais rapidement, la réalité de l’immeuble écroulé la frappa de plein fouet.
    Elle allait se mettre à courir. Je la reconnus avant qu’elle ne recommence à bouger, mais son intention était évidente. Elle devait se dire que j’étais retourné à l’appartement et que mon cadavre se trouvait sous les décombres. Je n’avais qu’un moyen de la détromper.
    Je sifflai.

Weitere Kostenlose Bücher