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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’accompagner.
    — Elle lui tiendra compagnie. D’après ce que je sais d’elles, les femmes sont très solidaires.
    — Oh oui, Votre Excellence, surtout dans ce genre de circonstances.
    — Bernat va rédiger une lettre vous permettant, à vous et à vos compagnons, de vous rendre jusqu’à Perpignan et d’en revenir. Il vous sera aussi accordé la liberté d’échapper aux règles sur la tenue vestimentaire et autres, et ce pendant trois semaines, au cas où vous seriez retenus. Voilà qui devrait vous protéger des imbéciles zélés. N’y voyez pas autorisation à demeurer trop longtemps loin de nous. Pour votre propre sécurité, Isaac, portez des habits discrets. On dit que la route n’est pas sûre. Je n’aimerais pas perdre mon médecin pour un mariage.
    — Soyez certain, Votre Excellence, que nous ferons preuve de la plus grande prudence. Je vous remercie de votre bonté.
    Au lieu de faire venir des rafraîchissements, de réclamer son échiquier, ou encore de dire adieu à Isaac, Berenguer recula légèrement son siège et observa le médecin aveugle.
    — Ainsi donc, vos affaires vous emmènent à Perpignan, dit-il. J’ai entendu des rumeurs à propos de cette ville, Isaac. J’ai reçu ce jour même une lettre du noble Vidal de Blanes, où il me demande si j’ai appris quelque chose d’intéressant. Il parle, insiste-t-il, en tant qu’abbé de Sant Feliu, pas en tant que procurateur de Sa Majesté pour la durée de la guerre en Sardaigne.
    — La distinction importe-t-elle ?
    — Oui, car l’une de ces rumeurs concerne Huguet, le procurateur royal à Perpignan.
    — Une situation délicate…
    — Effectivement. D’autres noms, ceux de nobles et de riches citoyens, ont été mentionnés, mon ami. Parmi eux, celui du seigneur de Puigbalador, Bernard Bonshom.
    — Les hommes de haut rang attirent les commérages, fit remarquer Isaac. Surtout dans une ville qui a récemment changé de maître.
    — Je ne parlerais pas de changement récent. Cela fait au moins dix ans. Je me rappelle, ajouta Berenguer avec nostalgie, le jour où Jaume de Majorque ordonna à son châtelain de présenter les clefs du palais à Felip de Castres. Celui-ci représentait Sa Majesté à l’époque. Plus tard, Sa Majesté le roi chevaucha dans les rues de la ville, où il eut de plaisantes conversations avec la populace : il savait à quel point cela l’affligeait de perdre son vieux roi et d’entrer dans le royaume d’Aragon.
    — C’était il y a onze ans, précisa Isaac.
    — Dix ou onze, fit Berenguer avec impatience. Pendant les mois suivants, Don Pedro consacra beaucoup de temps et d’efforts à s’attirer la sympathie des habitants de la ville en les invitant aux fêtes et aux cérémonies qui se tenaient au palais. On s’accorde à reconnaître que ses efforts furent couronnés de succès.
    — C’est possible. Espérons que ces rumeurs ne sont rien de plus que des racontars.
    — Mon ami, si l’abbé de Sant Feliu annonce des problèmes, c’est que problèmes il y aura. Il les flaire comme un chien une charogne. Ce talent lui sera des plus utiles dans sa prochaine charge, maître Isaac. Vidal de Blanes sera bientôt archevêque.
    — De la ville de Perpignan ?
    Berenguer se mit à rire.
    — Pas précisément. Je pense que les questions soulevées à propos de Perpignan ont pour origine Sa Majesté. Quand Sa Majesté entend des rumeurs, elle préfère connaître en premier lieu l’opinion des observateurs. Puis il écoute la voix des personnes impliquées.
    — C’est raisonnable, puisque l’une desdites personnes va très certainement lui mentir. Mais de quelles sortes de problèmes s’agit-il ? Avez-vous le droit de me le révéler ?
    — Ce ne sont que des rumeurs… hésita Berenguer. Mais pourquoi les ignoreriez-vous ? Elles parviendront à vos oreilles dès votre arrivée en ville. On dit qu’il se fabrique de la fausse monnaie en ville ou aux environs de celle-ci et que le procurateur laisse faire les choses en se taisant, à moins qu’il n’en profite ou encore qu’il n’y soit activement impliqué. De plus, le seigneur de Puigbalador devient plus scandaleux de jour en jour, au point, raconte-t-on, que nombre de ses fidèles serviteurs ont abandonné son service.
    — Voilà qui devrait être facile à vérifier, dit Isaac. Bien entendu, on peut tout entendre par comportement scandaleux : cela va de la débauche la plus éhontée à une coupe de vin de

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