Vers l'orient
court :
— Non... Pas tellement...
Et elle repartit immédiatement vers un lointain éden,
où je la suivis, donnant le meilleur de moi-même pour l’emmener plus loin et
plus haut encore. Je finis par la rejoindre à plusieurs reprises au sein de
cette exultation échevelée et ne tardai pas à faire jaillir de nouveau ma
semence dans le mihrab étranger, sans me préoccuper désormais de savoir
à qui il pouvait appartenir mais en conservant une conscience suffisante de mes
actes pour entretenir le vague espoir que la princesse cadette disgracieuse,
Lumière du Soleil, jouissait autant de mon corps que moi du sien.
Cette zina tripartite se prolongea longtemps.
Il faut dire que la princesse Phalène et moi-même, tous deux au printemps de notre
jeunesse, étions capables de continuer à nous attiser mutuellement et
d’engendrer d’incessantes nouvelles floraisons. La princesse Shams, pour autant
que je puisse en juger, récoltait pour sa part avec une intense jubilation
chacun de mes nouveaux bouquets. Pourtant, vint le moment où même l’infatigable
Phalène sembla rassasiée, et ses frissons allèrent decrescendo, tandis
qu’épuisé mon zab retrouvait peu à peu, lui aussi, sa position de repos.
Mon membre était alors complètement à vif et échauffé, les muscles de ma langue
douloureux, et mon corps comme vidé de toute énergie. Phalène et moi nous
accordâmes un instant de récupération, tandis que, toujours allongée en travers
de mon torse, elle laissait sa chevelure caresser doucement mon visage. Les trois
cerises décoratives, abondamment secouées par notre furie, étaient tombées
depuis longtemps. Pendant que nous gisions ainsi, je sentis sur mon ventre la
trace humide d’un baiser et, peu après, un bruissement furtif trahissait la
sortie discrète de Shams de la pièce où nous nous trouvions.
Je me levai et me rhabillai, tandis que la princesse
Phalène se glissait dans une tunique si légère qu’elle ne couvrait que
symboliquement sa nudité. Elle me guida à travers les couloirs du quartier des
femmes jusqu’aux jardins du palais. Du haut d’un minaret voisin, le premier
muezzin du jour se mit à entonner l’appel à la prière de l’aube. Sans être le
moins du monde inquiété par les gardes, je retrouvai mon chemin vers l’endroit
du palais où se trouvait ma chambre. Mon serviteur Karim m’y attendait,
consciencieusement réveillé. Il m’aida à me déshabiller pour passer au lit, non
sans émettre quelques exclamations mêlées de crainte et de respect devant
l’extrême fatigue lisible sur mes traits.
— Il semble que la lance du jeune Mirza Marco ait
trouvé sa cible..., se permit-il, mais il ne se hasarda pas à poser de
questions plus audacieuses.
Il renifla juste d’un petit air pincé, apparemment
froissé que je n’eusse plus besoin de ses manipulations, et alla se coucher à
son tour.
Mon père et mon oncle restèrent absents de Bagdad au
moins trois semaines. Durant tout ce temps, je passai presque chaque jour
escorté par la shahzrad Magas, son inévitable grand-mère sur les talons, à
découvrir toutes les curiosités qu’elle voulait bien me montrer, et, toutes les
nuits ou presque, à m’adonner à de voluptueuses zina en compagnie des
sœurs royales, Phalène et Lumière du Soleil.
Parmi nos visites diurnes, il y eut, par exemple,
celle de la maison des hallucinés, établissement qui combinait les fonctions
d’hôpital et de prison. Nous nous y rendîmes un vendredi, jour de repos durant
lequel le lieu est plus particulièrement visité par les citoyens venus y passer
un moment de loisir, ainsi que par des étrangers de passage, car il s’agit de l’une
des principales distractions de Bagdad. Les gens s’y rendent en famille ou en
groupe, sous la conduite de guides. À l’entrée, chacun se voit remettre une
blouse afin d’en recouvrir ses vêtements. Ensuite, on flâne parmi les couloirs
du bâtiment, où les guides vous décrivent les différentes sortes de folie des
pensionnaires. Tous ces malades, hommes ou femmes, déclenchaient par leurs
burlesques bouffonneries force rires et commentaires. Certaines de leurs
clowneries étaient franchement comiques, d’autres plus pathétiques, voire
carrément obscènes. Parfois, leurs exactions se signalaient simplement par la
plus abjecte saleté. Certains des internés, n’appréciant pas notre présence,
cherchaient par exemple à nous lancer tout ce qui leur tombait sous la main.
Mais
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