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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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en
direction de l’étable.
    Cette réflexion était un jeu de mots sur le terme fiame, car, à Venise, outre qu’il désigne les flammes, le mot peut également
qualifier les filles rousses et les maîtresses secrètes. J’en déduisis que mon
oncle nous taquinait sur ce qu’il prenait pour un début d’idylle.
    Dès qu’il fut hors de portée d’oreille, Sitarè
souffla :
    — Demain. Devant la porte de la cuisine, là où je
t’ai fait entrer la première fois. À la même heure.
    Et à son tour, elle s’éclipsa sur ces mots, quelque
part vers l’arrière de la maison.
    Je m’avançai dans le couloir de devant, vers l’endroit
d’où j’avais entendu parler mon père et la veuve Esther. Lorsque j’entrai, il
était en train de dire, d’une voix à la fois sérieuse et contenue :
    — Je sais bien que c’est de bon cœur que vous
nous l’avez proposé. J’aurais juste préféré que vous en référiez d’abord à moi,
et à moi seul.
    — Jamais je ne m’en serais doutée, répondit-elle
à son tour d’une voix assourdie. Mais si, comme vous me l’affirmez, il a
noblement décidé de s’acheter une conduite, vous pensez bien que je ne voudrais
en aucun cas être la cause d’une rechute...
    — Non, non, assura mon père. Personne ne songera
à vous en blâmer, même si cette noble intention devait engendrer de funestes
résultats. Nous en discuterons ensemble ouvertement, je lui demanderai si cela
risque de constituer pour lui une tentation vraiment irrésistible, et nous
prendrons notre décision en fonction de cela.
    C’est alors qu’ils s’aperçurent de ma présence et
abandonnèrent brutalement le sujet apparemment privé dont ils débattaient
précédemment. Mon père déclara :
    — Finalement, ce n’est pas plus mal que nous
ayons eu à nous arrêter quelques jours. Il y a plusieurs articles dont nous
aurions besoin et qui, en cette période de jeûne sacré, ne sont pas encore
disponibles au bazar local. Lorsqu’il sera achevé, dès demain, on pourra à
nouveau se les procurer. D’ici là, notre chameau blessé sera rétabli, et nous
pourrons envisager de partir dès le lendemain. Nous ne saurons jamais vous
remercier à la mesure de votre hospitalité durant notre séjour chez vous.
    — Ce qui me rappelle, dit-elle, que j’ai presque
achevé votre repas du soir. Je vous le servirai dès qu’il sera prêt.
    Mon père et moi gagnâmes le grenier à foin où nous
trouvâmes oncle Matteo scrutant les pages de notre Kitab. Il en releva
les yeux et annonça :
    — Notre prochaine destination, Mechhed, ne sera
pas une partie de plaisir à atteindre. Un désert tout du long, à franchir dans
sa plus grande largeur. Nous allons être asséchés et ratatinés comme des
morues !
    Il laissa tomber le sujet pour se gratter
vigoureusement l’intérieur du coude gauche.
    — Une saloperie de bestiole m’a piqué par là, ça
me démange.
    — La veuve m’a dit que cette ville était infestée
de scorpions, fis-je remarquer. Tu as peut-être été mordu ?
    Mon oncle me lança un regard dédaigneux.
    — Si jamais tu es un jour piqué par le dard de
l’un d’eux, asenazzo, tu sauras qu’un scorpion ne mord pas. Non,
il s’agissait d’une minuscule mouche, parfaitement triangulaire. Si petite,
d’ailleurs, que j’ai du mal à croire qu’elle puisse me provoquer pareille
démangeaison.
    La veuve Esther arpenta plusieurs fois la cour pour
nous apporter les plats du repas, que nous mangeâmes penchés ensemble sur le Kitab. Narine dînait à part, avec les chameaux, mais faisait presque autant de
bruit qu’eux. Je tâchai de ne pas me laisser distraire par sa peu discrète
mastication pour me concentrer sur les cartes.
    — Tu as raison, Matteo, déclara mon père. Nous
allons devoir traverser la plus grande partie du désert. Dieu nous garde et
nous mène à bon port. La route ne sera pas difficile à suivre pour autant.
Mechhed se trouve à peine au nord-est d’ici. En cette saison, il nous suffira
de partir chaque matin au soleil levant.
    — Et vous pouvez compter sur moi, ajoutai-je,
pour vérifier régulièrement notre avance au kamàl.
    — Je constate avec surprise, releva alors mon
père, qu’Al-Idrîsî n’indique aucun puits, pas la moindre oasis ni un seul
caravansérail dans ce désert. Pourtant, il doit bien y en avoir. C’est une
route de commerce, après tout. Mechhed, comme Bagdad, est une étape clé sur la
route de la soie.
    — La

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