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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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remarier.
    — J’ai pris des renseignements.
Elle a trente mille livres de rente !
    — Son argent ne m’intéresse
pas.
    — Nous si. Trente mille livres égalent
dix mille chacun, moi, toi et Auffray. Dame lorsque tu seras marié, tu auras la
haute main sur les finances du ménage, part à trois camarades. »
    Devant l’air renfrogné de Vidocq, il
martèle : « L’administration militaire est mieux organisée. L’armée
roulante s’est fait remarquer. Notre système ne durera plus longtemps. Il est
temps de se retirer. Ta veuve est pour nous une poire pour la soif. Nous
n’avons pas l’intention de la laisser perdre. Tu lui parles cette nuit. Ne sois
pas ingrat avec les amis… »
    Le soir même, Vidocq avoue tout. Le
faux nom, les faux grades, les faux amis, sans oublier le fait qu’il est déjà
marié. Au fur et à mesure qu’il lui raconte sa vie, elle devient toute pâle.
Ses mains qu’elle avait d’abord abandonnées dans celles de Vidocq sont glacées.
Lorsque la confession s’achève, elle va s’enfermer dans sa chambre, sans dire
un mot.
    À l’aube, Vidocq s’éclipse. Il est
en civil et emporte une cassette contenant quinze mille francs or, un présent
réservé au fiancé.
    « Cela sera un cadeau de
rupture, j’aurais fait un très mauvais mari. » Pour fuir ses complices, il
prend la direction de Paris où il est sûr de se faire oublier.
     
    Le 2 mars 1795, alors qu’il somnole
dans la diligence, une odeur âcre et lourde se répand, réveillant tous les
voyageurs. Vidocq pince ses narines de dégoût sous les remugles nauséabonds qui
s’imposent avec insistance, comme s’ils approchaient d’un égout à ciel ouvert.
Les autres voyageurs se mettent à rire. L’un d’eux l’interroge :
    « Jamais venu à Paris,
citoyen ? On le voit bien à votre réaction. Ce que vous reniflez est
l’odeur de la capitale. La Seine à force de charrier les déchets de la ville,
sent bien mauvais. Vous verrez, la ville tout entière est une puanteur. »
    La diligence s’arrête aux barrières
d’octroi. On ne peut entrer dans la ville que par l’une des cinquante-cinq
barrières qui percent un mur d’enceinte de vingt-quatre kilomètres de long,
construit pour empêcher les parisiens de se soustraire à l’impôt. La forme
moderne des pavillons de cette douane intérieure, surprend tous les arrivants.
Il s’agit de constructions de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, commandées
par les fermiers généraux. Une fois ceux-ci exécutés car traités de profiteurs,
la douane interne fut abandonnée. Très vite, les nécessités de l’économie
obligent la République à la réouvrir. Pendant que des files d’attente se
forment, les passagers montrent leurs passeports qui sont vérifiés avec soin.
Vidocq regarde les employés d’octroi fouiller tous les chargements.
    L’un d’eux juché sur une charrette
de foin, sonde avec une longue tige, pour voir si rien n’est dissimulé sous la
paille, un autre sort le contenu d’une malle. Plus loin d’autres déballent des
paquets. Chaque marchandise doit payer une taxe. Nul ne rentre, ni ne sort de
Paris sans avoir versé son écot.
    Autour de ces passages, tout un
petit monde s’est installé. Des débits de boisson qui ne paient pas de taxes,
puisque hors Paris. Ces guinguettes, sous une charmille servent de quoi
abreuver la population qui attend son tour. On s’y interpelle bruyamment. Les
garçons servent du vin, payé à la commande. Pour la nourriture, il faut se
servir soi-même et choisir une portion de rôti ou de poulet à la broche. Chaque
barrière, en plus du public mélangé de ceux qui attendent d’entrer, a aussi ses
habitués des quartiers voisins. À celle de Monceau, on trouve les charbonniers
auvergnats, grands amateurs de « canons » de rouge. À celle du Maine,
se réunissent les prostituées et leurs protecteurs. À Bercy, les ouvriers du
port, à Sèvres les invalides…
     
    Une fois admis, leurs passeports
visés, les voyageurs rentrent dans cette ville industrieuse mais surpeuplée.
Les Parisiens vivent dans un décor qui n’a guère changé depuis Louis XIV mais
ils sont trois fois plus nombreux. Le centre de la ville ressemble à un lacis
de taudis surpeuplés, où la misère le dispute au pittoresque. Les maisons
hautes, exiguës, au plâtre écaillé, ne sont médiévales que par l’allure et
l’inconfort. Elles datent de moins d’un siècle et abritent tant bien que mal,

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