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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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une telle vitesse. Tous les clients félicitent mes parents de
ma ponctualité.
    Moi, je n’aime que tirer l’épée et
m’exercer à battre mes maîtres. Je suis vif et agile. À quatorze ans, je sais
que certains bretteurs ont déjà peur de moi.
    Cette force dont je suis alors si
fier, sera ma perte. Par bravade, je me suis mélangé aux adultes alors que je
n’étais qu’un enfant.
     
     
    Au loin, dans l’appartement, une
sonnette tinte. La vieille servante introduit le docteur Dornier. Il donne à
voix basse l’ordre de fermer la fenêtre et s’approche de ce Viking vaincu par
la fièvre.
    « Mon ami je vais faire
baisser cette vilaine température, causée par l’orage. » Soulevant le buste
de son patient, le praticien l’aide à avaler une potion colorée.
     
     
    Après s’être échauffés à la salle
d’armes, mes compagnons m’invitent souvent au cabaret. Un verre de vin et j’ai
la tête tournée. C’est alors que tous ceux que j’ai battus dans la journée
prennent leur revanche.
    « Alors François, tu nous paies
à boire ?
    — Laisse, tu sais bien qu’il ne
peut pas, ses parents le traitent comme un petit garçon. »
    Piqué au vif, je décide moi aussi de
payer une tournée, mais avec quel argent. Mon frère aîné, Guislain hausse les
épaules.
    « Tu es trop bête. Regarde
comment je fais et prends-en de la graine. » Et Guislain ouvre le
tiroir-caisse, saisit un billet et s’empare d’un paquet de pièces.
    « Tu vois, un à la fois, sinon
les parents se douteraient de quelque chose. Si on y va petit à petit, ils ne
remarquent rien. »
    Subjugué, je mets moi aussi la
« main à la caisse ». Ce soir-là, j’offre une tournée générale.
Enivré autant par l’alcool que par l’ambiance générale, je parle de mon
rêve : partir en Amérique. Pour moi, c’est l’aventure, l’espace, la
liberté. Tout le contraire du monde étriqué et confortable de la boutique de
mes parents, à l’ombre des remparts sombres de ma ville natale. Le destin d’un
homme comme moi est trop vaste pour une ville de province comme Arras. À 14
ans, je sais déjà que je n’y finirai pas ma vie.
     
    Cette année 1789, j’observe le monde
basculer sur son axe, la Révolution balayer les puissants, le roi tomber de son
trône, les députés prodiguer de nouveaux droits. Ici, rien ne bouge, rien ne
change. Je ne pense qu’à une seule chose : m’évader. L’Amérique. C’est ma
révolution personnelle. Je lis tout ce qui s’y rapporte, je revois encore les
livres bleus bon marché parlant des vastes espaces du Nouveau Monde s’empiler
dans ma chambre. Le Mississippi, l’immense forêt, les Mohicans. Je m’imagine
déjà dirigeant une riche plantation où travaillent d’innombrables Noirs.
Fortune faite, je reviendrai à Arras afficher ma réussite à mes parents et leur
rembourser ce que je leur emprunte chaque mois.
     
    Ce jour-là, je livre mes pains et
mes gâteaux lorsque les gendarmes m’arrêtent sans explication et m’enferment au
cachot, dans la prison des Baudets. Une sorte de maison de redressement pour
mauvais sujets. Le lendemain, ma mère tout éplorée, vient me voir au parloir.
Guislain a été surpris par mon père devant la caisse, un billet à la main. Pour
se dédouaner, il lui a révélé mes propres larcins. Mon père l’a envoyé à Lille
travailler chez un confrère et a choisi pour moi les gendarmes !
    C’est donc à une colère paternelle
que je dois cette punition. Le lendemain, je promets de m’amender. Quatre jours
après, je suis libre et de retour dans ma chambre, puis à la taverne avec mes
copains. Tous m’incitent à la vengeance.
    « Regardez le Vautrin qui se
laisse enfermer et rentre ensuite comme un bébé à la maison ! À ta place
on sait bien ce qu’on ferait. »
     
    Ils parlent sans savoir. Finies les
petites prises dans la caisse, devenue inabordable car tout est sous clef à
présent. Je me décide pour un grand coup. Un vrai cambriolage qui me
permettrait de partir enfin.
    Poyant, le plus mauvais garçon de la
bande, fils de gendarme, me propose le stratagème qu’il a imaginé.
    « Je vais trouver ta mère au
milieu de l’après-midi, quand ton père est affairé au fournil. Je lui dis que
tu te bats à l’autre bout de la ville et que tu vas tout casser. Qu’elle vienne
vite. Elle t’aime trop. Ça ne peut pas rater. Pendant ce temps… »
    Le jour dit, Poyant gravit les
étages de notre

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