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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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votre innocence et vous avez gagné, elle a été reconnue. N’importe
qui s’en serait tenu là mais pas vous ! Cela ne vous a pas suffi, vous
êtes devenu le chef de la Sûreté. Du bagne à la police, quel romancier pourrait
imaginer une telle existence ! »
     
    Et pourtant, c’est toute l’histoire
de ma vie.

I
À nous deux, Paris !
    Doublant les petits groupes qui
cheminent sur la grand-route, un soldat malgré une blessure qui lui raidit la
jambe, avance d’un pas allègre, pressé d’arriver vers la ville dont la masse
sombre et puissante des remparts barre la plaine d’Arras. Il hume avec
satisfaction l’air frais de cette journée de printemps, comme s’il retrouvait
les images et les sons familiers de son enfance.
    « Encore un
permissionnaire », marmonne un paysan à sa femme. Celle-ci surveillant
d’un œil aigu l’empilage instable de cages pleines de poules qu’ils ont
installées sur leur âne, pour les vendre au marché, opine : « Sûr, il
marche vite et paraît content. »
    La haute silhouette s’enfonce dans
la foule. Tous reconnaissent le militaire et lui cèdent la place. La République
grâce à l’engagement de ces volontaires peut se battre sur toutes ses
frontières à la fois, contre les envahisseurs et face aux chouans révoltés. Sa
devise est : « Vaincre ou mourir ». À l’arrière, le gouvernement
utilise la Terreur pour éliminer tous les ennemis et nomme des proconsuls tels
Carrier à Nantes, Fouché à Lyon, Tallien à Bordeaux et Lebon à Arras.
    À la porte fortifiée de Ronville,
l’homme montre ses papiers aux factionnaires de garde et s’engouffre, toujours
souriant, dans les ruelles étroites et tortueuses de la ville, intactes depuis
le Moyen Age. Continuant à déambuler, il dévisage un passant avec attention et
l’aborde avec une vigoureuse claque sur l’épaule.
    « Louis, quelle joie de te
revoir. Alors, tu ne me remets pas ? François Vidocq. Le Vautrin !
    — Ah, salut Citoyen !
    — Citoyen. En voilà des
manières, s’esclaffe-t-il. Dis-moi un peu pourquoi tous les visages que je
croise depuis que je suis rentré, sont aussi sinistres. On dirait que les gens
enterrent leurs pères et mères et que la ville en porte le deuil. »
    Vidocq n’a pas fini de rire que son
interlocuteur, après un regard inquiet autour de lui, s’empresse de déguerpir.
Haussant les épaules, Vidocq s’engage dans un passage exigu qui donne sur la
place du marché aux poissons. Là, il s’immobilise. Au-dessus de la foule, deux
madriers rouges se dressent sur une plate-forme : la guillotine. Sur une
estrade, dominant l’échafaud, un personnage coiffé d’un chapeau garni de plumes
tricolores.
    Assis sur une sorte de trône, il
arbore à sa ceinture une rangée de pistolets et un grand sabre de cavalerie
dont la garde est un large bonnet phrygien. Joseph Lebon, le représentant en
mission du Comité de salut public, dirige la ville. À côté de lui, un orchestre
joue une musique martiale. Tandis qu’il bat la mesure avec son pied, le
bourreau termine de ligoter le condamné. D’un geste de la main, Lebon
interrompt l’orchestre et fait signe à un greffier. Celui-ci s’avance, un
bulletin de l’armée du Rhin à la main. D’une voix rauque et forte, il lit les
principales actions des troupes. À chaque marche des régiments, l’orchestre
ponctue ses déclarations d’une fanfare éclatante. Une fois la lecture terminée,
le proconsul Lebon fait un nouveau geste et l’on n’entend plus dans le silence
qui s’étend sur la place que le « clac » du couperet. Le bourreau
ramasse alors la tête sanguinolente et la montre à la foule enthousiaste. Les
cris de « Vive la République ! » éclatent et l’orchestre attaque
un air entraînant.
    Vidocq, toute joie envolée, pousse
la porte de sa maison natale. Sa mère l’embrasse, riant et pleurant à la fois.
    « Je viens de voir la
guillotine sur la place, c’est une honte !
    — Tais-toi malheureux. »
Elle se précipite pour refermer la fenêtre. « Combien de temps es-tu avec
nous ?
    — J’ai un congé de six semaines
pour me remettre d’une blessure au genou. Qu’est-ce qui se passe. Tout le monde
semble terrorisé. La ville est-elle devenue folle ?
    — Tu viens de la place, alors
tu as vu. La semaine dernière, on a décapité notre voisin, monsieur du
Vieux-Pont.
    — Mais, ce n’était pas un
aristocrate.
    — Il avait un perroquet.
Quelqu’un a cru

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