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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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sont toujours utiles.—Si vous voulez avoir un serviteur fidèle et que vous aimiez, servez-vous vous-même.—Une petite négligence peut occasionner un grand mal, dit le bonhomme Richard. Faute d'un clou, le fer d'un cheval se perd ; faute d'un fer, on perd le cheval ; et faute d'un cheval, le cavalier est lui-même perdu, parce que son ennemi l'atteint et le tue. Tout cela ne vient que d'avoir négligé un clou de fer à cheval.
»Mes amis, en voilà assez sur le travail et sur l'attention que chacun doit donner à ses affaires : mais à cela, il faut ajouter la tempérance, si nous voulons être plus sûrs du succès de notre travail.
    »Un homme qui ne sait pas épargner à mesure qu'il gagne, mourra sans laisser un sou, après avoir eu toute sa vie le nez collé sur son ouvrage. Une cuisine grasse rend un testament maigre, dit le bonhomme Richard. Depuis que pour faire les honneurs d'une table à thé, les femmes ont négligé de filer et de tricoter, et que pour boire du punch, les hommes ont quitté la hache et le marteau, bien des fortunes se dissipent en même-temps qu'on les gagne.—Si vous voulez être riche, songez à ménager ce que vous acquérez. L'Amérique n'a pas enrichi les Espagnols, parce que leurs dépenses sont plus considérables que leurs revenus.
»Renoncez donc à vos folies dispendieuses et vous aurez bien moins à vous plaindre de la dureté des temps, du poids des impôts, et de la difficulté d'entretenir vos maisons ; car les femmes, le vin, le jeu et la mauvaise foi, font qu'on trouve sa fortune petite et ses besoins très-grands. Il en coûte aussi cher pour maintenir un vice que pour élever deux enfans. Vous vous imaginez, peut-être, qu'un peu de thé, un peu de punch, de temps en temps, une table un peu mieux servie, des habits plus beaux, et quelque petite partie de plaisir, ne peuvent être de grande conséquence. Mais souvenez-vous que beaucoup de petites choses font une masse considérable. Prenez garde aux menues dépenses. Une petite voie d'eau, fait périr un grand navire, dit le bonhomme Richard. Le goût des friandises conduit à la mendicité. Les fous donnent des repas, et les sages les mangent.
»Vous êtes ici tous rassemblés pour une vente de meubles élégans et de bagatelles fort chères. Vous appelez cela des biens ; mais, si vous n'y prenez garde, il en résultera du mal pour quelqu'un de vous.
    Vous comptez que tout cela sera vendu bon marché. Peut-être le sera-t-il, en effet, pour beaucoup moins qu'il ne coûte. Mais si vous n'en avez pas besoin, cela sera toujours trop cher pour vous. Rappelez-vous les maximes du bonhomme Richard : si vous achetez ce qui vous est inutile, vous ne tarderez pas à vendre ce qui vous est nécessaire. Avant de profiter d'un bon marché, réfléchissez un moment. Richard pense, sans doute, que le bon marché n'est qu'illusoire, et qu'en vous gênant dans vos affaires, il vous fait plus de mal que de bien.
»Voici encore deux dictons du Bonhomme.—Beaucoup de gens ont été ruinés pour avoir fait de bons marchés. C'est une folie d'employer son argent à acheter un repentir.—Cependant, cette folie se fait tous les jours dans les ventes, faute de se souvenir de l'almanach du bonhomme Richard.—Pour le plaisir de porter de beaux habits, dit-il, beaucoup de gens vont le ventre vide, et laissent leur famille manquer de pain.—Les étoffes de soie, le satin, le velours, l'écarlate, éteignent le feu de la cuisine. Loin d'être nécessaires, ces étoffes peuvent être à peine regardées comme des choses commodes ; mais parce qu'elles paroissent jolies, combien de gens sont tentés de les avoir !
»Par ces extravagances, et d'autres pareilles, les gens du bon ton sont gênés, se ruinent et sont ensuite forcés d'emprunter de ceux qu'ils avoient méprisés, mais qui, par leur travail et leur sobriété ont su se maintenir dans leur état.—C'est ce qui prouve, comme l'observe le bonhomme Richard, qu'un laboureur sur ses pieds est plus grand qu'un gentilhomme à genoux.
»Peut-être que ceux qui sont ruinés avoient hérité d'une fortune honnête, mais sans savoir par quels moyens elle avoit été acquise, et ils pensoient que puisqu'il étoit jour, il ne feroit jamais nuit.
    Mais, dit le bonhomme Richard, à force de prendre à la huche, sans y rien mettre, on en trouve bientôt le fond, et quand le puits est sec, on connoît tout le prix de l'eau. Mais c'est ce qu'on auroit su d'abord si l'on avoit consulté le

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