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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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chaque mère, suivant parmi nous, l'usage de nourrir elle-même ses enfans, usage si conforme au vœu de la nature ! nous en conservons davantage. Aussi, dans nos contrées, les progrès de la population sont bien plus rapides qu'en Europe.
Enfin, je suis très-content de vous voir marié, et je vous en félicite cordialement. Vous êtes dans le sentier où l'on devient un citoyen utile ; et vous avez échappé à un état contre nature, à un éternel célibat ! C'est pourtant là le sort d'un grand nombre d'hommes qui ne s'y étoient pas condamnés ; mais qui, ayant trop long-temps différé de changer de condition, trouvent enfin qu'il est trop tard pour y songer, et passent leur vie entière dans une situation où un homme semble toujours valoir beaucoup moins. Un volume dépareillé n'a pas la même valeur que lorsqu'il fait partie d'une collection complète. Quel cas fait-on de la moitié isolée d'une paire de ciseaux ? Elle ne coupe jamais bien, et ne peut servir que de mauvais racloir.
Je vous prie de présenter à votre jeune épouse, et mes complimens et mes vœux pour son bonheur.
    Je suis vieux et pesant : sans cela, je serois allé les lui présenter moi-même.
Je ne ferai que peu d'usage du privilège qu'ont les vieillards, de donner des avis à leurs jeunes amis. Traitez toujours votre femme avec respect. Cela vous attirera du respect à vous-même, non-seulement de sa part, mais de la part de tous ceux qui seront témoins de votre conduite. Ne vous servez jamais avec elle, d'expression dédaigneuse, même en plaisantant ; car les plaisanteries de ce genre finissent souvent par des disputes sérieuses.
Étudiez soigneusement ce qui a rapport à votre profession, et vous deviendrez savant. Soyez laborieux et économe, et vous deviendrez riche. Soyez frugal et tempérant, et vous conserverez votre santé. Pratiquez toujours la vertu, et vous serez heureux. Une telle conduite, du moins, promet plus que toute autre de pareilles conséquences.
Je prie Dieu qu'il vous bénisse, vous et votre jeune épouse ; et je suis pour toujours votre sincère ami.
B. Franklin.

SUR LA MORT DE SON FRÈRE, JOHN FRANKLIN.
    À Miss Hubbard.
Je le sens comme vous ; nous avons perdu un parent cher et estimable. Mais telle est la volonté de Dieu et de la nature ; il faut que l'ame abandonne sa dépouille mortelle, pour entrer dans une véritable vie. Elle n'est ici-bas que dans un état imparfait, et pour se préparer à vivre. L'homme n'est complètement né qu'au moment où il meurt. Pourquoi nous affligerions-nous donc de voir un nouveau né parmi les immortels, un nouveau membre ajouté à leur heureuse société ?
C'est un acte de la bienfaisance divine que de nous laisser un corps mortel, tandis qu'il peut nous procurer des jouissances douces, et nous servir à acquérir des connoissances et à faire du bien aux êtres comme nous ; mais quand ce corps, cessant d'être propre à remplir ces objets, ne peut que nous faire sentir la douleur, et non le plaisir, nous embarrasse, au lieu de nous être de quelque secours, et ne répond plus à aucune des intentions pour lesquelles il nous étoit donné, c'est également un effet de la bonté céleste, que de nous en délivrer.
Le moyen dont elle s'est servi est la mort. Quelquefois nous nous donnons prudemment nous-même une mort partielle. Nous nous fesons couper un membre douloureusement blessé et hors d'état de guérir. Celui à qui on arrache une dent, s'en sépare volontiers, parce que la douleur s'en va avec elle. Celui qui se sépare de tout son corps, quitte en même-temps toutes les douleurs et les maladies auxquelles il étoit exposé et qui pouvoient le faire souffrir.
Nous avons été invités, notre ami et nous, à une partie de plaisir, qui doit durer à jamais. Sa voiture a été prête avant la nôtre, et il est parti le premier.
    Nous ne pouvions pas convenablement nous en aller tous à-la-fois. Et pourquoi, vous et moi, nous affligerions-nous de son départ, puisque nous devons bientôt le suivre, et que nous savons où nous le trouverons ?
Adieu.
B. Franklin

LETTRE AU DOCTEUR MATHER, DE BOSTON.
    À Passy, le 12 mai 1784.
Révérend Docteur,
J'ai reçu votre lettre amicale, et votre excellent avis aux habitans des États-Unis. J'ai lu cet avis avec plaisir, et j'espère qu'il aura le succès qu'il mérite. Quoique de pareils écrits soient regardés avec indifférence par beaucoup de gens, il suffit qu'ils fassent une forte impression sur la

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