Vie et Paroles du Maître Philippe
à
crédit, vint trouver Philippe qu’il connaissait déjà et lui dit que son fils,
pour qui il avait cependant demandé, malade de la diphtérie, venait de mourir.
– Eh bien ; lui fut-il répondu, je serai chez toi tout à
l’heure.
Arrivé à la maison de l’épicier, M. Philippe demanda à celui-ci
:
– Y a-t-il beaucoup de gens qui te doivent de l’argent ;
– Oui, tenez, de tous les clients inscrits sur ce gros cahier,
c’est à peine si j’ai reçu quelques acomptes.
– Exiges-tu le paiement de toutes ces dettes ?
– Non, et même je vais le mettre au feu.
Et il jeta le cahier dans la cheminée où flambait un bon feu.
Le Maître entra dans la chambre du mort où se trouvaient déjà
des personnes venues pour prier auprès de lui.
– As-tu déjà demandé au médecin de constater le décès ;
– Non, je suis allé d’abord chez vous.
Alors le Maître appela le jeune homme par son prénom, et le
rendit vivant à son père. Puis il recommanda aux assistants de ne rien raconter
de ce qu’ils avaient vu, « parce que, dit-il, il est défendu de faire des
miracles ».
Un jeune homme nommé Fier, qui avait un goître, avait fait
demander par M. Laurent sa guérison au Maître.
– A quoi bon, dans un an il doit partir de l’autre côté,
Après cette réponse catégorique, dit M. Laurent, j’osai insister
en lui disant : « Malgré tout je vous en supplie, ô Maître, daignez guérir
Fier de son goître ». Quelques jours plus tard, je vis Fier venir à moi et
me remercier d’avoir obtenu sa guérison. Je lui fis remarquer que le Maître
seul devait être remercié.
Un an plus tard, le Maître me dit : « Fier est bien
malade ; veuillez aller voir si sa mère a quelque besoin ».
Je me rendis auprès de Fier qui était au plus mal. Sa mère en
pleurs me dit : « Vous voyez ma triste situation ; non seulement mon
père que vous voyez malade est au lit depuis longtemps, mais mon fils est à ses
derniers moments. Cette nuit je vais sans doute me trouver toute seule et
j’appréhende de le voir mourir ».
Je fis tous mes efforts pour réconforter cette pauvre mère et,
au moment où je lui disais que le Maître m’envoyait à elle, le Maître entrait
et, s’approchant du lit de Fier, il dit après quelques secondes de silence :
« Fier, regarde ».
Et, élevant la main il lui désigna un endroit.
– Vois-tu ce que je te montre ?
– Oh ; que c’est beau ;
– C’est beau ; c’est là que tu vas aller. N’oublie pas,
lorsque tu seras là, ceux que tu laisses ici-bas.
Puis, après quelques secondes, le Maître dit au jeune homme :
« Fier, rends-moi ton âme ».
A ce moment, Fier, dont un sourire baignait les lèvres, poussa
un profond soupir et rendit son âme à celui qui la lui demandait.
Mme Boudarel, Mlle Félicie, ainsi que la mère de Fier étaient
présentes.
MEDICAMENTS
M. Philippe s’accordait peu de repos. Il passait une grande
partie du temps que lui laissaient ses malades à des recherches scientifiques
de toutes sortes tendant pour la plupart à la création de remèdes.
A cet effet il eut plusieurs laboratoires. L’un était installé
dans sa propriété de L’Arbresle, en dehors de la maison d’habitation ; un
autre situé place Colbert à Lyon. Mais celui où il travailla le plus et qu’il
garda jusqu’à la fin de sa vie se trouvait 6 rue du Bœuf, au rez-de-chaussée.
Une femme, Mlle Berthe Mathonet, le gardait et aidait M. Philippe dans ses
travaux. Elle était dévouée sans réserve à son maître.
Parmi les remèdes composés par M. Philippe, je peux citer :
« La Philippine », eau et pommade destinées à la conservation de la
chevelure. Dépôt légal effectué le 21 juillet 1879 sous le n° l197, domicilié
12 rue du Plat à Lyon. « Le Dentifrice Philippe », poudre et liquide.
Dépôt légal le 1er septembre 1879, n° 1209.
« L’Elixir Rubathier », dépuratif puissant préparé par
la pharmacie Viravelle, 37 rue de Bourbon à Lyon.
« L’Huile Vipérine », contre les cancers et les
tumeurs à leur début.
« La Farine Brésilienne », mentionnée sur le dernier
feuillet de sa thèse de doctorat en médecine (1884). Reconstituant extrait de
la fleur de froment et d’autres céréales dont les éléments actifs étaient dus à
la composition du sol de la région du Brésil Sainte-Croix, où ces céréales
étaient récoltées.
« L’Héliosine », sérum résultant de l’action
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