Vies des douze Césars
troupe de chevaliers romains, qui gardait armée la salle du sénat, menaça de lui donner la mort : des glaives nus furent même dirigés contre lui, en sorte que ses voisins se reculèrent ; quelques-uns seulement, le tenant dans leurs bras et le couvrant de leurs toges, réussirent, non sans peine, à le sauver. (5) Alors, saisi d’effroi, il céda ; et, de tout le reste de l’année, il ne parut plus au sénat.
XV. Il veut enlever à Q. Catulus le droit de faire la dédicace du Capitole
Le premier jour de sa préture, il cita devant le peuple Q. Catulus, aux fins d’enquête sur la reconstruction du Capitole ; et il proposa d’en confier le soin à un autre. Mais voyant que les optimates, au lieu d’aller rendre leurs devoirs aux nouveaux consuls, accouraient en foule à l’assemblée pour lui opposer une résistance opiniâtre, et jugeant la lutte inégale, il abandonna cette poursuite.
XVI. Il est suspendu de ses fonctions, et rétabli
(1) Il n’en montra que plus d’obstination à soutenir et à défendre, malgré l’opposition de ses collègues, le tribun du peuple Caecilius Metellus, auteur de lois particulièrement subversives. Un décret du sénat finit par les suspendre tous deux de leurs fonctions publiques. (2) César eut néanmoins l’audace de rester en possession de sa charge, et de rendre encore la justice. Mais quand il apprit qu’on se préparait à employer contre lui la violence et les armes, il congédia ses licteurs, se dépouilla de la prétexte, et se retira secrètement chez lui, résolu, eu égard aux circonstances, de se tenir tranquille. (3) Deux jours après, la foule s’assembla d’elle-même et spontanément devant sa maison, et lui offrit son appui pour le rétablir dans sa dignité : le tumulte était au comble ; César l’apaisa. (4) Étonnés de cette modération, les sénateurs, que la nouvelle de l’attroupement avait réunis à la hâte, envoyèrent, pour lui rendre grâces, les plus illustres d’entre eux ; et il fut rappelé dans le sénat, où lui furent prodigués les plus pompeux éloges. Enfin, on le réintégra dans sa charge, en rapportant le premier décret.
XVII. Il est nommé comme complice de Catilina
(1) D’autres embarras ne tardèrent pas à l’assaillir : il fut nommé parmi les complices de Catilina, devant le questeur Novius Niger, par le délateur Lucius Vettius, et dans le sénat, par Quintus Curius, à qui l’on avait décerné des récompenses publiques pour avoir révélé le premier les projets des conjurés. (2) Curius prétendait tenir de Catilina ce qu’il avançait. Vettius s’engageait à produire un billet écrit par César à Catilina. (3) César ne crut pas devoir souffrir ces attaques ; il implora le témoignage de Cicéron, pour prouver qu’il lui avait, de son plein gré, transmis certains détails sur la conjuration ; et il fit priver Curius des récompenses qu’on lui avait promises. Quant à Vettius, dont on saisit les biens, dont on pilla les meubles, dont on maltraita la personne, et qui enfin fut près d’être mis en pièces en pleine assemblée, au pied de la tribune, César le fit jeter en prison. Il y fit conduire aussi le questeur Novius, pour avoir souffert qu’on accusât à son tribunal un magistrat supérieur à lui en autorité.
XVIII. Il part pour l’Espagne
(1) À l’issue de sa préture, le sort lui départit l’Espagne ultérieure. Mais, retenu par ses créanciers, il ne s’en délivra qu’après avoir donné des cautions ; et sans attendre que, selon l’usage et les lois, le sénat eût réglé tout ce qui concernait les provinces, il partit, soit pour échapper à une action judiciaire qu’on voulait lui intenter à l’expiration de sa charge, soit pour porter plus promptement secours aux alliés, qui imploraient la protection de Rome. Quand il eut pacifié sa province, il revint, avec la même précipitation et sans attendre son successeur, pour demander à la fois le triomphe et le consulat. (2) Mais le jour des comices étant déjà indiqué, l’on ne pouvait tenir compte de sa candidature que s’il entrait dans la ville en simple particulier ; et lorsqu’il intrigua pour être affranchi de la loi, il rencontra une forte opposition. Il fut donc forcé de renoncer au triomphe, pour n’être pas exclu du consulat.
XIX. Il est nommé consul. Premier triumvirat
(1) De ses deux compétiteurs au consulat, Lucius Lucceius et Marcus Bibulus, il
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