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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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sont au-delà du Pô ; mais que la mort de Pison fit avorter leurs projets.
     
X. Son édilité. Ses munificences
    (1) Édile, César ne se borna pas à orner le comitium, le forum, et les basiliques ; il orna aussi le Capitole, et y fit élever, pour le temps d’une exposition, des portiques provisoires où il étala aux yeux du peuple une partie des nombreuses collections d’œuvres d’art qu’il avait rassemblées. (2) Il donna des chasses et des jeux, tantôt avec son collègue et tantôt en son propre nom ; ce qui fit que la popularité ne s’attacha qu’à lui pour des dépenses faites en commun. Aussi son collègue, Marcus Bibulus, disait-il, en se comparant à Pollux, « que comme on avait coutume d’appeler du seul nom de Castor le temple érigé dans le forum aux deux frères, on appelait magnificence de César les prodigalités de César et de Bibulus. » (3) César joignit à ces prodigalités un combat de gladiateurs ; mais il y en eut quelques couples de moins qu’il ne le voulait ; car il en avait fait venir de toutes parts une si grande multitude, que ses ennemis en furent effrayés et qu’on prit la précaution de fixer le nombre maximum de gladiateurs qu’il était permis de posséder à Rome.
     
XI. Il demande un commandement extraordinaire et se venge du refus des grands.
    (1) S’étant concilié la faveur du peuple, il essaya, par le crédit de quelques tribuns, de se faire donner le gouvernement de l’Égypte, en vertu d’un plébiscite. Cette demande inopinée d’un gouvernement extraordinaire était fondée sur ce que les habitants d’Alexandrie avaient chassé leur roi, ami et allié du peuple romain, conduite généralement blâmée à Rome. (2) L’opposition des optimates fit échouer les prétentions de César, qui, pour affaiblir à son tour leur autorité par tous les moyens possibles, releva les trophées de Gaius Marius sur Jugurtha, sur les Cimbres et sur les Teutons, monuments autrefois renversés par Sylla ; et quand on informa contre les sicaires, il fit ranger parmi ces meurtriers, malgré les exceptions de la loi Cornélie, ceux qui, pendant la proscription, avaient reçu de l’argent du trésor public pour prix des têtes des citoyens romains.
     
XII. Il fait accuser Rabirius et le condamne
    Il suscita aussi un accusateur, pour haute trahison, contre Gaius Rabirius, qui, quelques années auparavant, avait plus que personne aidé le sénat à comprimer les séditieuses entreprises du tribun Lucius Saturninus. Désigné par le sort pour être un des juges de l’accusé, il le condamna avec tant de passion, que, devant le peuple, rien ne fut aussi utile à l’appelant que la partialité de son juge.
     
XIII. Il est nommé souverain pontife. Ses profusions et ses dettes
    Déçu de l’espérance d’un commandement, César brigua le souverain pontificat, et répandit l’argent avec une telle profusion, qu’effrayé lui-même de l’énormité de ses dettes, il dit à sa mère, en l’embrassant avant de se rendre aux comices, qu’il ne rentrerait pas chez lui, sinon comme pontife. (2) Il l’emporta sur deux compétiteurs bien redoutables, bien supérieurs à lui par l’âge et par la dignité ; et il eut même sur eux cet avantage, de réunir plus de suffrages dans leurs propres tribus, qu’ils n’en eurent ensemble dans toutes les autres.
     
XIV. Sa préture. Son opinion dans le jugement des complices de Catilina
    (1) César était préteur désigné quand on découvrit la conjuration de Catilina. La mort des coupables avait été résolue dans le sénat, d’une voix unanime : lui seul opina pour qu’ils fussent détenus séparément dans des villes municipales, et que leurs biens fussent vendus. (2) Bien plus ; ceux qui avaient proposé une peine plus sévère, il les effraya tellement par la menace réitérée des haines populaires qui, un jour, se déchaîneraient contre eux, que Décimus Silanus, consul désigné, ne craignit pas d’adoucir, par une interprétation, son avis, dont il ne pouvait changer sans honte, et qu’on avait compris, dit-il alors, dans un sens plus rigoureux qu’il ne l’avait voulu. (3) César allait l’emporter : déjà même un grand nombre de sénateurs étaient passés de son côté, entre autres Cicéron, le frère du consul ; c’en était fait, si le discours de M. Caton n’eût raffermi le sénat intimidé. (4) César, loin de renoncer à son opposition, y mit une telle persistance, qu’une

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